Grand Entretien : de Brodinski à La Haine, l’actu vue par Para One

Publié le par Constance Bloch,

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Para One | On a un ami commun, Jacques Audiard, qui est très pote avec lui. J’admire vachement ce qu’il fait, il s’est exporté, ça commence à devenir une référence, et avec un Oscar en poche encore plus. Mais déjà avant, c’était un nom. Par exemple, quand on a été nommés aux César pour le film de Céline [Sciamma, ndlr], je me suis dit : “ah bah c’est parce qu’il n’y a pas Alexandre Desplat”. (rires)
Ça laisse de la place c’est sûr, car son nom est partout c’est incroyable. Après c’est une approche de la musique de film beaucoup plus classique, il a pas mal changé son registre pour The Grand Budapest Hotel, mais c’est de la grande musique.
Il y a une écriture française typique. Après, est-ce que Alexandre Desplat représente ça, je n’en suis pas sûr. Ca n’aurait pas été le nom que j’aurais cité pour définir la touche française dans la composition. Il faudra que je réécoute en y pensant.
Aimerais-tu composer pour des films américains ?
Oui, et si c’était possible, mais ça ne va pas l’être, ce serait pour Terrence Malick. Je n’ai pas aimé ses derniers films particulièrement mais je suis un immense fan de sa première période et même du début de la deuxième. Le fait que le mec ait autant de foi dans le cinéma, et il y a un truc plastique incroyable dans ses films.

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J’allais souvent au Mouv’ pour l’émission de Laura Leishmann, donc j’avais déjà l’impression que c’était rap et électro car on ne mixait que ça.
Le problème de la radio en France, je n’arrête pas de le dire, c’est la différence avec les Anglais, qui ont un vrai système basé sur la découverte. Ils vont écouter des énormes émissions où il n’y aura que des nouveautés, des trucs qu’ils ne connaissent pas, des choses qui ne sont pas forcément des tubes en puissance. T’as l’impression que le public a envie de nouveauté.
En France c’est très basé sur la reconnaissance de choses que tu connais déjà. La plupart des chansons à la radio que t’entends, c’est que des trucs que tu connais par cœur, qu’on te rabâche. Personnellement, ce n’est pas pour ça que j’écoute la radio. C’est plus pour me faire surprendre. C’est pour ça que j’allume d’avantage France Culture ou même France Musique, ou Fip, pour être sûr de ne pas me retaper un truc que je connais par cœur. Au final, je me retrouve sur Internet.
Je trouve qu’il y a une intimité incroyable dans la radio : tu peux la laisser tourner toute la journée chez toi et faire des trucs, et en même temps être libre… il y a tellement de choses à faire avec la radio. J’ai une sorte d’émission sur Rinse, qui est sur le net, et je m’éclate comme un gosse à faire ce truc. Tous les musiciens te diront que la radio c’est leur média préféré. Par contre ça ne reflète pas vraiment ce qu’on a envie d’écouter.
Qu’est-ce que tu penses de l’évolution d’une radio comme Skyrock ?
Je me souviens de l’époque 1996/97 : j’étais au lycée et on écoutait Skyrock parce qu’il y avait des talk-shows extrêmes, les radios libres. Et je me souviens avoir eu une prédiction qui s’est avérée juste : “ça tuera le rap français”. Et c’est ce qu’il s’est passé. C’est comme quand tu mets de l’éther dans un moteur de mobylette : elle fait du 140 pendant 100 mètres et elle explose.
Pourquoi ? Parce qu’il y a eu une sorte d’attention sur le rap français, notamment à cause des lois qui passaient sur les quotas de musique francaise. À l’époque, des animateurs qui haïssaient le rap mettaient à contre-cœur des morceaux de MC Solaar et ils les coupaient au bout d’un couplet car ça les gonflait. Ils sont ensuite devenus des spécialistes du rap.

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Je suis trop content car je suis hyper fan de J. J. Abrams en fait. Après, je ne suis pas fan aveugle, Super 8 je trouve ça un peu flemmard. Surtout que j’étais un grand fan de Lost évidemment. Ce que j’aime bien chez lui c’est le côté nerd assumé qui est prêt à faire un hommage tout à fait respectueux. Je le sens plutôt bien parti ce truc, s’il fallait le confier à quelqu’un c’était clairement à lui.

Ça ne me fait pas flipper car ça ne peut pas être pire que ce qui a déjà été fait. George Lucas lui-même a saboté sa propre franchise avec certains épisodes qui étaient foirés. De toute façon il ne faut pas se le cacher, il y a un côté kitsch dans Star Wars depuis le début, il faut arrêter de croire que c’est de l’art suprême, c’est hyper basique, ce qui est dit c’est genre le blanc et le noir, le gentil, le méchant… la psychanalyse du truc est quand même ultra-primitive et si on veut quelque chose de sérieux, c’est Battlestar Galactica.
La version récente de cette série, c’est pour moi le contenu télévisuel le plus important de ces dix dernières années, c’est un chef-d’œuvre absolu. C’est le truc qui scanne le plus de problèmes du monde contemporain et notamment des problématiques américaines sur la politique étrangère que j’ai vu depuis très longtemps.
Alors que quand je regarde Star Wars, clairement, c’est comme si j’allais au McDo. Mais c’est régressif. C’est l’enfant de cinq ans en moi, j’avais une peluche Ewok quand j’étais petit que mon père m’avait ramenée et j’étais très content. Et c’est ce que j’attends avec J. J. Abrams.

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La pellicule Kodak sera sauvée

Ah oui, ils vont la sauver ? Sur la pellicule c’est marrant,  c’est un truc un peu plus spécifique, mais au fond on s’est vachement vite habitué au numérique. Et  même à la projection numérique, je ne pensais pas que ca serait le cas. Je me souviens quand on a dit que l’inversible allait s’arrêter, moi j’allais dans le 17e place de Clichy, c’est là qu’on pouvait acheter de l’inversible. Donc ça va avec le Polaroid et le Super 8. Et tout ca était en train de disparaître du temps où moi j’étais étudiant en cinéma. Et j’étais traumatisé, je me disais “quel cauchemar”, cette qualité de représentation de la couleur va disparaître pour toujours pour des raisons économiques dégueulasses. Et force est de constater que je l’ai assez vite oubliée.
En faisant des essais pellicule et numérique, c’est pas aussi simple que “la pellicule c’est plus beau et c’est tout”. Parfois la pellicule ca fait un peu vieux, ça peut aussi plomber ton film et rendre le truc un peu moins moderne aussi. Finalement je me suis vachement fait à cette image numérique. Y’a plein de potentiel avec ça. Aujourd’hui les questions de budget c’est pas ce qu’on croit. Ça ne coûte pas forcement incroyablement plus cher, ce sont aussi des choix de façon de tourner, d’approche avec les acteurs, de représentation du monde, et à quel point tu cherches à être en accord avec l’époque. Quel type de modernité tu cherches.
Le seul problème du numérique aujourd’hui je pense, dans la pratique et sur le tournage, c’est que tu ne vois pas vraiment ton image. Tu vois une sorte d’ersatz de ton image la plupart du temps, les gens tournent une image un peu plate et après ils décident qu’ils l’étalonneront et lui donneront un style plus tard. Alors qu’en pelloche tu pouvais te dire : “Bon je ferme mon diaph’, ça va être trop sombre, mais c’est cool”. C’était des choix. Et quand on est en train  de créer quelque chose, plus tôt on fait le choix, mieux c’est.
Après du coup, c’est un peu un monde à options, genre on peut revenir en arrière tout le temps, et c’est pas ca l’art. L’art, c’est prendre des risques et trancher un peu dans le vif, dire “je me positionne là, et c’est comme ça”. Tu laissais parler ton instinct. Donc je ne sais pas comment reproduire ça avec du numérique, cette notion de choix. J’aimais bien l’idée que pendant le tournage, tu stresses de prendre une décision et on sera cloué avec pour toujours. Si c’est trop sombre c’est trop sombre. Mais donner le choix c’est bien.

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La deuxième saison de True Detective sera “différente”

J’ai regardé toute la première saison. Mais je ne suis pas comme des potes qui vont sur des forums avant même de voir l’épisode pour comprendre ce que va dire l’épisode. On a découvert vachement tard qu’il y avait plein de promesses de fiction dans True Detective qui n’étaient pas du tout résolues. J’ai pas trop compris les résolutions narratives, mais après c’est super stylé. Ça en met plein la vue dès le générique, le jeu des acteurs est hyper chaloupé… Il y a un truc un peu excessif là-dessus, je trouve.
Mais je n’ai pas boudé mon plaisir non plus. Il y a des scènes vraiment fortes et c’est incroyable de voir ça à ce niveau, à la télévision aujourd’hui. Le plan-séquence, j’ai trouvé ça incroyable, ça m’a fait penser bien évidemment aus Fils de l’homme d’Alfonso Cuarón, dont je pense que c’est une citation directe. Il y a vraiment de belles scènes. Je pense qu’il y a un peu de gâchis aussi, des choses sous-exploitées. Des moments où ils font un peu du mystère pour nous embrouiller, et ça suffit. Genre “ça passera parce que c’est stylé”.
Pour moi, il ne s’agit pas de comparer les séries au cinéma, c’est une question de temporalité et une façon différente de regarder et de consommer de la fiction. Je suis très fan de séries, j’en regarde beaucoup et j’adore ça. Breaking Bad j’ai maté en binge watching, en une seule fois. A un moment j’avais la grippe et je vivais presque dans Battlestar Galactica. Donc j’adore ça, mais je ne comparerai pas, quand je vois des films c’est autre chose. La télé a fait ses preuves depuis bien longtemps. HBO produit des téléfilms qui sont super et qui n’ont rien a envier à beaucoup de films qui sortent au cinéma.

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Je n’ai aucune paranoïa sur la technologie, je suis assez curieux de l’homme du futur. Je ne suis pas le bon client pour dire “C’est horrible, on est en train de devenir des hommes bioniques”. Un mec comme William Gibson qui a beaucoup réfléchit à ces choses-là, l’inventeur du cyberpunk, il y avait un documentaire sur lui en 2001 qui avait été présenté à Toronto, et une longue interview de lui où il expliquait qu’il trouvait bizarre que l’on ait autant peur de l’homme bionique car on l’est déjà. Il disait  : “Je suis dans ma cinquantaine, j’ai des dents en parfaite santé avec des plombages, j’ai des lunettes, des lentilles. On est déjà modifiés.”
Oui, mais là il s’agit aussi de soulever la question d’un Etat qui contrôle tout.
Mais c’est une peur un peu vieillotte, qui date de Brazil ou 1984, on nous ressort sans arrêt “on va se faire contrôler’. Je me sens totalement libre aujourd’hui et je pense que je le serai même dans dix ans quand on aura tous des puces. Disons qu’il y a un mélange de curiosité et d’angoisse. Bien sûr que c’est flippant une société qui contrôle tout le monde, mais je pense que c’est plus ambigu que ça. On va voir ce que ça va donner, je suis curieux. Si demain on voulait m’implanter une puce, il faudrait m’expliquer pourquoi, mais dans l’idée je ne vais pas dire : “Non non, je veux habiter dans une cabane en bois et je refuse d’avoir du wifi chez moi”.

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