AccueilPop culture

Alexandre Desplat : le règne d’un compositeur français à Hollywood

Alexandre Desplat : le règne d’un compositeur français à Hollywood

avatar

Par Thomas Andrei

Publié le

Jacques Audiard : Un Prophète (2009)

S’il a désormais beaucoup travaillé à Hollywood, Alexandre Desplat avait déjà écrit une cinquantaine de musiques de films avant de pénétrer le marché américain. L’une de ses pièces les plus fameuses reste le chef-d’œuvre de Jacques Audiard sorti en 2009, Un Prophète. Une histoire carcérale où un jeune détenu illettré se retrouve entre les feux de prisonniers musulmans et de la mafia corse. La musique de Desplat rend l’atmosphère encore plus étouffante, de sorte que les spectateurs aient encore davantage envie de s’échapper du film.

À voir aussi sur Konbini

Roman Polanski : The Ghost Writer (2010)

The Ghost Writer de Polanski finira probablement comme l’un des films les plus sous-estimés de cette décennie. Trop classique, et pris dans la tourmente des conséquences judiciaires autour du sulfureux réalisateur, Desplat y délivre pourtant une enveloppe sonique propice à l’ambiance glacée du film. Après l’avoir vu, vous reconnaîtrez son travail du premier coup.
Si la scène prend place à l’intérieur d’une demeure aussi élégante que sinistre, sise au beau milieu d’une île déserte, la distanciation et l’humour british d’Ewan McGregor offrent son parfait contrepoint. La musique de Desplat s’articule en conséquence : à la fois obscure, tendue mais aussi naïve. Comme un Disney qui rencontrerait Shutter Island.

Wes Anderson : Fantastic Mr. Fox (2009) et Moonrise Kingdom (2012)

Ils sont légion, les compositeurs de musiques de film à avoir collaboré avec le même réalisateur. Fellini et Nino Rota, Sergio Leone et Ennio Morricone, Kubrick avec Mozart et Beethoven. Le problème, c’est que trop de compositeurs s’arrachent les morceaux d’Alexandre Desplat. Comme il l’explique à Variety : “Certains cinéastes me sont très fidèles, ils me rappellent […] mais au bout du compte, il y en a trop : Frears, Audiard, Polanski, Clooney, Anderson…”
Les toiles soniques facétieuses de Desplat vont comme un gant avec l’univers de Wes Anderson. Pourtant, on espère secrètement que le réalisateur de Rushmore reviendra un jour à ses premiers amours : des chansons de rock et de folk comme celles des Kinks, de Nico ou d’Elliott Smith.

Tom Hooper : Le Discours d’un Roi (2010)

En 2010, l’Oscar pour la meilleure bande originale revenait à Michael Giacchino pour Là-Haut, sa troisième œuvre pour un film Pixar. Tout le monde aime les films Pixar, certes, mais pendant ce temps, l’Académie ratait le travail aérien de Desplat pour Le Discours d’un Roi.
Dans ce film, sa musique se détend peu à peu, se faisant de moins en moins nerveuse, à mesure que la langue et les amygdales du roi George se relaxent. Une fois de plus, on admire son style, quelque part entre naïveté et gravité, un peu comme son travail pour Imitation Game.