NEW WAVE 2018 : Lou Luttiau, la pétillante

NEW WAVE 2018 : Lou Luttiau, la pétillante

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(© Benjamin Marius Petit)

Lou Luttiau a décroché son tout premier rôle dans Mektoub my Love : canto uno d’Abdellatif Kechiche, sorti cette année et tout de suite considéré comme le nouveau chef-d’œuvre du réalisateur de La Vie d’Adèle. La comédienne a su se distinguer avec son air malicieux et sa banane contagieuse. 

Présélectionnée pour les César, la jeune Toulousaine est venue propager ses bonnes ondes dans nos studios avant de nous raconter comment elle a fait le grand écart entre la danse et le cinéma et pourquoi elle compte bien rester dans ce game qu’elle découvre et arrivera bien vite à maîtriser. 

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Konbini | Quel âge as-tu ?

Lou Luttiau J’ai 23 ans

Où et quand es-tu née ?

Je suis née à Toulouse, le 15 mars 1995.

Est-ce que tu as des origines ?

J’ai des origines françaises, mes parents viennent des Deux-Sèvres dans le Poitou-Charentes et je suis la seule de ma famille a être née dans le sud.

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PART 2 // Street Jazz talons @neyo @shainboumedine

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Tu danses beaucoup et depuis longtemps, ta famille t’a-t-elle transmis la fibre artistique ?

Mon père travaillait au ministère de la Culture, maintenant il est à la retraite. Ma mère travaille dans l’Éducation nationale. Quand ils étaient jeunes, ils avaient un groupe de musique, dans lequel ils chantaient et ils dansaient. Ma mère dansait beaucoup, elle fait toujours de la danse latine d’ailleurs. Elle m’a inscrite à la danse à l’âge de 5 ans et j’ai commencé à faire de la GRS (de la gym avec des cerceaux et des ballons) un an après. J’ai fait du contemporain jusqu’à mes 15 ans.

J’ai ensuite passé un bac littéraire (spécialité danse) puis vers mes 18 ans, je me suis mise aux danses urbaines et aux danses latines.

Tu as fait quoi après ton bac ?

J’ai fait des petits boulots pendant un an. Après j’ai fait une formation pour travailler dans la production et la diffusion de spectacles pendant 8 mois…. Depuis que j’ai 16 ans, je n’ai jamais su quoi faire de ma vie. J’ai toujours eu une pression pour trouver un métier, comme tout le monde.

Et tu es devenue actrice comment, par rapport à ce background ?

En fait, c’était complètement par hasard. En septembre 2016, je devais entrer dans une école de danse, la Juste Debout School, j’avais pris mon appartement, j’avais signé le bail, j’avais commencé à payer l’école mais à ce moment-là, j’ai été appelée pour passer un casting pour un long-métrage.

Tu avais déjà fait un casting, donc ?

Oui, pour de la figuration pour la série Candice Renoir qui se passe dans le sud. C’était la même directrice de casting que pour le film d’Abdellatif Kechiche. Je passais des castings comme ça, pour voir, me faire de l’argent. Je travaillais au Mac Do depuis 7 ou 8 mois, à ce moment-là. J’avais toujours dans l’idée d’aller dans mon école de danse mais au bout de quelques jours au début du tournage, j’ai dû choisir entre la danse et le cinéma.

Et tu as choisi le cinéma. Pourquoi ?

Parce que je me disais qu’un film, c’est une opportunité qui ne se représentera pas alors que l’école sera toujours là dans quelques années. Aussi, je pense que ce qui m’a décidée c’est que l’école, je devais la payer et le film, on me payait. J’ai eu un super bon feeling avec le reste de l’équipe aussi.

Et surtout tu peux lier les deux, en tant qu’actrice, c’est plus exploitable dans ce sens-là, que dans l’autre.

Exactement. Quand je suis dans le sud, je fais de la danse, quand je suis à Paris, je fais du cinéma, j’alterne [rires].

Et Abdellatif Kechiche, tu le connaissais ?

Non pas du tout. J’ai un niveau de culture en ciné… [rires] J’avais vu qu’il avait fait La Vie d’Adèle, c’est tout. Ça m’avait plu mais comme je n’étais pas dans le milieu, ce n’était pas des choses qui me parlaient énormément. Le jour où on m’a dit que c’était lui, j’ai compris, même si je n’avais jamais vu sa tête. Il a une aura très spéciale.

Ça s’est passé comment la première rencontre ?

Très bien. J’étais avec les autres qui étaient déjà tous sélectionnés, autour d’une table et il nous posait des questions : “Qu’est-ce que tu fais ?”, “Qu’est-ce que tu faisais avant ?”, etc.

Tu peux me raconter ton premier casting ?

J’ai jamais passé de casting de danse, c’est hyper compliqué et il n’y a pas d’agent.

Pour le cinéma, j’ai fait une queue pendant deux heures pour qu’au final on me prenne en photo avec une pancarte où il y a écrit Lou Luttiau. [rires] Après, j’ai passé 4 essais pour le Kechiche. Un essai où je devais m’engueuler avec ma meilleure amie car je m’étais tapé son mec. Après, on était trois et je devais draguer un mec en boîte de nuit. Après on a été sur la plage avec les personnages qui sont dans le film.

Tu peux me parler du tournage, comment ça s’est passé ?

Moi, c’est mon premier tournage, donc je n’ai aucun élément de comparaison. C’était une expérience de malade, surtout quand on vient d’une petite ville, de Balaruc-les-Bains. Mais on tournait à Sète, donc je n’étais pas trop dépaysée. On a rencontré beaucoup de gens sur le tournage : des acteurs, des techniciens, la famille, etc. On a tous créé des liens entre nous qui sont toujours hyper forts.

C’était un tournage cosmopolite : le producteur et le chef op’ étaient italiens, les acteurs étaient français, Abdellatif Kechiche est franco-tunisien, l’assistant réal’ était tunisien… c’était très intéressant. J’ai commencé à apprendre le tunisien d’ailleurs.

Abdellatif, c’est quelqu’un de très exigeant mais qui te rend aussi exigeant envers toi-même.

Oui, c’est l’une des meilleures écoles pour commencer !

Complètement et puis il nous laisse un peu de liberté, pour les personnages et les dialogues.

Comment ça, tu fais beaucoup d’impro ?

On a une ligne directrice, on l’apprend mais après on peut jouer sur les mouvements, rajouter des mots tout en étant dirigé. Il travaille beaucoup au feeling aussi : il y a des jours où il peut ne pas avoir envie de tourner, parce qu’il ne le sent pas, parce que les gens sont énervés, qu’il ne le sent pas. Il attend toujours un bon esprit pour tourner.

(© Mektoub My Love)

Combien de temps a duré le tournage ?

On a commencé en septembre 2016 et on a fini en mars 2017 puis on a repris en septembre 2017 et on a fini en février 2018.

Wahou. C’est long ! [Rires]

Oui, c’est un peu long. [Rires] On m’avait dit que ça ne durerait qu’un mois. Ça a duré 2 ans. Mais c’est pour les deux parties. On a presque tout tourné en même temps. Il fait des scènes, il arrête, ça prend du temps.

Donc où en est la deuxième partie ?

En montage. Il y a 6 mois, on m’a dit qu’on irait à Berlin, là on me dit Cannes… Je ne sais pas.

Quel genre d’adolescente étais-tu  ?

Je suis née à Toulouse et pour toutes les vacances, j’allais en Poitou-Charentes dans les Deux-Sèvres avec mes parents pour voir ma cousine. Mon quotidien, c’était l’école et deux ou trois fois par semaine, j’allais à la danse.

Et tu comptes intégrer l’école de danse un jour ?

L’école que je voulais faire a fermé. Il y a eu un problème et le nom de l’école a changé donc celle que je voulais faire n’existe plus. J’ai bien fait de ne pas m’inscrire, j’aurais payé pour avoir un diplôme différent et un peu moins bien.

Et tes prochains projets ?

Je n’en ai pas vraiment, je suis toujours en contact avec Abdel’ et on a des projets, qui ne sont pas concrets car il y en a plein. On attend de voir ce qu’on peut faire après la sortie de Mektoub My Love : due.

Ce sera la fin de Mektoub My Love donc ?

Oui, à la base ce devait être une trilogie mais je crois qu’il va s’arrêter là. 

Tu as des projets ?

J’espère continuer la danse, le sport et le cinéma. Il n’y a pas de raison que ça s’arrête, de toute façon j’essaye et je me donne à fond. Je suis un peu là par hasard [rires]. Je m’entoure de personnes qui croient en moi.

J’ai aussi mes petites idoles que je suis un peu aussi. [rires]

Genre qui ?

C’est bête mais Kylian Mbappé, regarde : il a 19 ans, il est super jeune. Quand j’ai un coup de mou, je regarde ses vidéos et je me dis : “Il vient de Bondy, en banlieue parisienne, il est jeune et il en est là aujourd’hui donc comment je peux ne pas avoir confiance en moi pour un casting ?”