L’histoire dangereuse de la crème blanchissante, une trend beauté mortelle

L’histoire dangereuse de la crème blanchissante, une trend beauté mortelle

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Screenshot de l’instagram @bleaching_beauties

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Par Coumbis Hope Lowie

Publié le

Depuis longtemps, la peau claire fait rêver. Mais pourquoi ? Surtout lorsqu’on sait que pour l’obtenir, on paye souvent le prix fort !

Les normes et les idéaux de beauté ne concernent pas que la forme du corps, celle des yeux, celle de la bouche, ou encore la hauteur du front. Il y a un idéal de beauté planétaire et millénaire qui promeut la peau claire. Elle serait la quintessence de la perfection. Pour ça, certains de ceux qui ne correspondent pas à ce canon risquent leur santé chaque jour.

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Mais comment on s’éclaircit la peau ? Principalement à l’aide de produits qui se présentent souvent sous forme de crème ou de savon. Ces produits, cosmétiques ou autres, ont pour but de réduire la quantité de mélanine ou les pigments de la peau. Comme les effets ne sont qu’éphémères, il faut tout le temps en remettre, sur l’ensemble du corps et du visage.

Ces crèmes blanchissantes ou éclaircissantes ont plein de noms : khéssal au Sénégal, tchoko en RDC, bihaku au Japon…

Mais elles ne sont pas sans risque ! Pour une peau un peu plus claire, beaucoup de femmes, et de plus en plus d’hommes, risquent des cancers de la peau, des brûlures, une peau en lambeaux, des taches permanentes, des boursouflures…

Malgré les risques encourus et connus, le marché des produits blanchissants ne cesse de grandir et engendre des milliards et des milliards de dollars. C’est sur le continent asiatique qu’il fait son plus gros chiffre d’affaires, suivi par le continent africain.

Contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, avoir une peau claire à tout prix n’est pas une lubie nouvelle. Dans l’Égypte antique, à Rome et en Grèce, hommes comme femmes utilisaient déjà du miel et de l’huile d’olive, ou du sucre et du vinaigre, pour s’éclaircir la peau.

Mais d’où vient cet amour de la peau claire ?

Depuis le début, c’est lié au colorisme et au fait que la peau claire est associée à la beauté et à la prospérité financière et amoureuse. Dans cet imaginaire collectif, une personne plus claire de peau aurait donc plus de chance de réussir sa vie et de faire un bon mariage.

Dans cette logique, la peau foncée répugne. Parce qu’un côté, on ne veut pas ressembler aux travailleurs pauvres — au teint trop hâlé — qui sont obligés de bosser en plein soleil. De l’autre, c’est l’une des conséquences du colonialisme, de l’esclavage et de la globalisation des cultures et des normes de beauté !

Ces pratiques et pensées discriminantes ont traversé les âges et ont du mal à tomber dans l’oubli, malgré la prolifération des mouvements communautaires qui promeuvent l’amour de soi, de sa carnation, de ses traits ou encore de ses cheveux.

Du coup, s’éclaircir la peau pourrait être un choix personnel un peu plus anodin s’il n’était pas autant lié au colorisme — et, de ce fait, au racisme — et si les produits utilisés ne contenaient pas autant de produits toxiques, mortels et souvent dans des dosages non autorisés, comme le mercure, la cortisone ou les stéroïdes. On ne parle même pas des produits vendus au marché noir qui promettent des résultats plus rapides et moins chers, qui sont parfois mélangés à de l’acide et à du détergent !