Cannes, jour 7 : comment un “bracelet-chewing-gum” m’a empêché d’entrer à l’afterparty de The Idol

Cannes, jour 7 : comment un “bracelet-chewing-gum” m’a empêché d’entrer à l’afterparty de The Idol

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Par Flavio Sillitti

Publié le

Cette histoire finit mal.

Dans le classement des trucs cool de la vie, être envoyé à Cannes pendant son stage est plutôt bien haut dans la liste. Pour une raison qui m’échappe encore, je suis l’heureux élu. Entre syndrome de l’imposteur, incrustes, rencontres et mon quotidien de pique-assiette, je vous raconte tous les jours ma vie et mes galères sur la côte cinéphile la plus hype de France : le Festival de Cannes.

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J’y suis : la grande première de The Idol

Si vous suivez mes mésaventures depuis le départ, vous n’êtes pas sans savoir que je retourne ciel et terre depuis mon arrivée pour obtenir mon précieux sésame pour la projection de la série The Idol – notamment en sondant mon application de rencontre Grindr toute la semaine, ce qui m’a valu de me retrouver dans la story Instagram de Troye Sivan, qui apparaît d’ailleurs dans le show. En vain, car je me réveille ce lundi matin sans aucune place. Décidé à en trouver une, j’enfile tout de même mon smoking, sait-on jamais.

Bingo : un mec de Grindr me partage en fin de matinée qu’il a potentiellement une place pour la séance au Grand Théâtre Lumière, montée des marches incluse. Je vous l’avais dit : toujours faire confiance aux inconnus de Grindr. Je suis ravi que mes stratégies portent enfin leurs fruits. La nuit tombe, la séance est dans une quarantaine de minutes, la montée des marches commence, je n’ai toujours pas de confirmation de mon prince digital, jusqu’à ce que la mauvaise nouvelle tombe. Finalement, il a décidé de garder sa place. Ne jamais faire confiance aux inconnus de Grindr.

Dernière solution : la file last minute, de l’autre côté du tapis (comptez une quinzaine de minutes pour contourner la foule et y arriver). Le temps d’y accéder, elle est pleine à craquer, et les chances qu’autant de places se libèrent sont nulles. Miracle : mon ange gardien de départ, celle qui m’a initialement filé ma précieuse accréditation Guest, m’annonce qu’elle a une place pour moi, à récupérer de l’autre côté du tapis rouge. Je cours, je traverse la foule, j’ai mon ticket. Je transpire, beaucoup, mais pas de temps à perdre : je me retrouve sur le tapis rouge au milieu des people, deux litres de sueur sur le front. Cannes, c’est un sport.

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La salle est bondée, mon ticket de dernière minute me place en corbeille, et contrairement à ce que son nom indique, la section m’offre un siège plutôt stratégique, au centre : j’ai une vue plongeante sur la rangée de sièges qui accueille le cast de The Idol ainsi que sur tout l’orchestre rempli du gratin. J’aperçois Travis Scott, Francesca Scorsese, Simi Khadra, Julia Fox et Léna Mahfouf.

La salle frétille, on regarde l’équipe de la série monter les marches sur l’écran de la salle, avant de lui réserver un accueil chaleureux à son entrée. Sam Levinson, Abel Tesfaye (The Weeknd), Lily-Rose Depp, Jennie Ruby Jane, Moses Sumney, Troye Sivan, Rachel Sennott : ils et elles sont là, à quelques mètres, la foule les acclame et s’impatiente de découvrir ce show tant attendu en première mondiale.

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Deux épisodes plus tard, c’est la fin de la projection. Pour la suite de la série, je devrai attendre début juin, comme tout le monde. De toute façon, avant ça, j’ai d’autres projets, du genre infiltrer l’afterparty de The Idol, qui s’annonce tout simplement folle.

Le chewing-gum maudit

S’il y a un conseil que je peux vous donner : ne jamais tenter de recoller un bracelet avec du chewing-gum. Les précieux sésames qui donnaient accès à la soirée étaient de simples bracelets rouges estampillés “The Idol”, presque impossibles à se procurer même pour les plus VIP de la Croisette. En notre possession : un seul bracelet, qui n’était pas à mon nom et qui revenait donc, à juste titre, à mon collègue à qui il était destiné et qui l’avait d’ailleurs déjà enfilé à son poignet.

Sauf que, surprise : on nous apprend à la dernière minute que deux bracelets nous attendent à l’entrée de la soirée, gentiment filés par une célèbre marque de mode parisienne partenaire de l’événement. Ça tombe bien, on est trois, et additionnés au bracelet récupéré plus tôt dans la journée, le compte est juste. Ni une ni deux, on monte dans un taxi pour se rendre à la fameuse afterparty – dores et déjà the place to be ce soir. L’endroit est dingue, HBO a mis le paquet et on a qu’une hâte : rentrer. C’est là que ça se complique.

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À l’entrée, on donne le nom de la personne de contact, l’hôtesse nous file les deux précieux bracelets et en glisse un au poignet de mon collègue… qui en avait déjà un à l’autre poignet. Pour éviter de se faire remarquer, on décide sagement de se reculer de la file pour que je récupère le bracelet à son autre poignet, qu’il avait enfilé plus tôt dans la soirée. Évidemment, le bracelet se casse au moment de l’enlever. Et ça, mesdames et messieurs, c’est ce qu’on appelle un point de bascule.

Je me retrouve avec un bracelet cassé, qui va certainement me coûter cher à l’entrée. J’essaie de le renfiler, avant qu’on ne décide (à tort) de bricoler un lien avec un… chewing-gum. Oui, bon, dans le feu de l’action, je vous promets que ça semblait être une bonne idée. Je mâche nerveusement un chewing-gum à la menthe, lie les deux bouts de mon bracelet avec et m’approche fièrement de l’entrée.

Sauf que, tout au long de notre stratagème un peu foireux, un garde nous avait repérés et communiquait déjà à ses collègues mon attitude plutôt louche. Mes deux compatriotes entrent sans problème grâce à leur bracelet immaculé tandis que moi, sans vraie surprise, je me fais cramer direct avec mon vulgaire morceau de chewing-gum qui me semble presque fluorescent à la lumière criarde des lampes torches des vigiles.

“Vous pouvez rentrer chez vous”, m’assène le vigile en arrachant mon bricolage, alors que l’hôtesse grimace et gémit de dégoût (la drama queen) à la vue de mon bracelet tout collant façon Frankenstein. De tous les scénarios catastrophes que j’avais cauchemardés, celui-là n’avait même pas eu l’audace de se dessiner. Quel seum. Je rentre bredouille, avec mes lambeaux de bracelet en guise de souvenir.

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Qu’est-ce que j’ai raté ?

Eh bien, tout. Genre The Weeknd qui s’ambiance au DJ booth avec Travis Scott, Lily-Rose Depp qui enflamme la piste de danse, Jennie de Blackpink et Troye Sivan au détour des toilettes, un cocktail fancy avec Léna Situations, le eye contact avec Manu Ríos, des disques gratuits de The Weeknd. Tout.

@konbini Lily-Rose Depp et The Weeknd s'enjaillent à l'after party de The Idol à Cannes 💃🕺 #filmtok #series #cannes2023 #festivaldecannes #afterparty #dance ♬ son original - Konbini

Heureusement, mes deux compatriotes ont réussi à rentrer sans moi et m’ont montré leurs vidéos de la soirée – j’ai encore plus le seum. Je vais me morfondre le reste de la journée pour reprendre du poil de la bête à partir de ce soir et vous embarquer, je l’espère, dans l’aventure nocturne que je mérite amplement. Bon, allez, j’arrête de me plaindre, au moins j’ai fini à la première et j’ai monté les marches de The Idol. Voir le verre à moitié plein, voir le verre à moitié plein – j’ai le seum.