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Cannes, jour 6 : je vous explique tout le “drama” de la billetterie en ligne du Festival de Cannes

Palme d'or de la galère

Cannes, jour 6 : je vous explique tout le “drama” de la billetterie en ligne du Festival de Cannes

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© Twitter/Netflix

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Par Flavio Sillitti

Publié le

C’est carrément devenu un marronnier, le cauchemar des accrédité·e·s les moins bien loti·e·s : la billetterie en ligne du Festival de Cannes. Mais pourquoi c’est l’enfer ?

Dans le classement des trucs cool de la vie, être envoyé à Cannes pendant son stage est plutôt bien haut dans la liste. Pour une raison qui m’échappe encore, je suis l’heureux élu. Entre syndrome de l’imposteur, incrustes, rencontres et mon quotidien de pique-assiette, je vous raconte tous les jours ma vie et mes galères sur la côte cinéphile la plus hype de France : le Festival de Cannes.

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Vu que je me prends pour Léna Mahfouf avec ses vlogs d’août depuis maintenant près d’une semaine, je m’octroie un “joker”, soit un épisode hors-série qui ne raconte pas forcément ma journée mais plutôt un gros sujet brûlant du festival. Et celui-ci n’est pas en reste.

Être à Cannes : check ; voir des films à Cannes : pas check

Pour la faire courte, si être accrédité à Cannes est un combat, accéder aux projections est une guerre. Tous les matins, une plateforme en ligne nous permet (techniquement) d’obtenir un ticket pour les projections ayant lieu quatre jours plus tard. Sauf qu’il faut le mériter : la billetterie en ligne ouvre dès 7 heures du matin.

Mon quotidien de ces derniers jours a donc consisté à me réveiller à 6 h 30 pour être au taquet à ladite heure et finalement me retrouver avec quelques tickets pour les “petits” films sélectionnés, les plus grosses projections affichant complet quelques secondes après que l’horloge matinale n’affiche 7 heures et 0 minute. Mais pas chez tout le monde. En effet, mes collègues peuvent sans mal continuer de sélectionner les films qu’ils souhaitent voir, alors que tout chez moi affiche complet.

Mais pourquoi ?

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La hiérarchie colorée

Tout est une question de badge, ou du moins de couleur de badge. Si vous avez bravé la France, voire plus, pour rejoindre l’endroit le plus prisé de la cinéphilie internationale, il n’est pas vraiment décent de vous plaindre. Dans la vie, il y a pire. Cela dit, vous avez toutes les raisons de ne pas crier victoire : regardez d’abord la couleur de votre badge.

C’est celle-ci qui va vous classer plus ou moins confortablement dans la file d’attente virtuelle de cette billetterie infernale et un peu classiste. Un système unique en son genre, les autres grands festivals du film de Berlin ou de Venise ne misant pas sur des fonctionnements aussi ségrégationnistes.

Les équipes d’Euronews, qui ont intelligemment rebondi sur l’incapacité de leur journaliste à assister à la projection du nouvel Indiana Jones (et donc à faire son métier), ont dressé un guide complet de la hiérarchie colorée des badges d’accrédité·e·s. Pour vous résumer, dans l’ordre croissant de “pouvoir” (et en omettant les pass Photo, Crew ou Guest – le mien – dont la marge de manœuvre est anecdotique) :

  • Badge jaune : la galère ;
  • Badge bleu : la galère mais en bleu ;
  • Badge rose : les places sont sécurisées, à condition de se lever à l’heure ;
  • Badge rose à point jaune : la chillance, t’as pas les meilleures places mais, au moins, tu les as ;
  • Badge blanc : avec ce badge, tu vas où tu veux quand tu veux – seulement réservé à l’élite, genre les copains de Thierry Frémaux.

Comme le dit si bien l’article d’Euronews, le système, dont l’objectif serait de fluidifier la billetterie, permet surtout au Festival de Cannes de trier le public de ses salles les plus prestigieuses. Bref : comment s’assurer que la plèbe cinéphile se retrouve exilée à la Bocca (c’est loin) pendant que le beau monde est confortablement installé au Grand Théâtre Lumière – avec la moitié qui pionce. Ah, la grande fête du cinéma…

Le pire dans tout ça, c’est que la plupart des séances qui affichent complet chez certain·e·s accrédité·e·s finissent avec pas mal de places disponibles et qui auraient largement pu être rentabilisées par les “castes” inférieures si le système de billetterie le permettait.

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Les solutions alternatives

Heureusement, des solutions existent. On vous présente la pire, la risquée, la DIY et la meilleure.

La pire : les plateformes de revente de luxe (on déconseille vivement)

Aussi affolantes que totalement légales, des “conciergeries de luxe” permettent aux plus riches d’entre nous d’obtenir leurs précieux sésames. L’une de ces plateformes présente fièrement : “Des réservations prioritaires dans les restaurants les plus exclusifs à l’organisation de voyages exquis, en passant par les billets VIP pour des événements à guichets fermés, nous avons tout ce qu’il faut.” Comptez 7 000 euros pour une place en fosse. Pas cher, pas cher.

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La risquée : la file last minute (on conseille pour les plus fair-play)

Quelle expérience psychologique horrible que d’attendre sous la pluie ou en plein cagnard pendant des heures sans savoir si on vous laissera rentrer dans la salle une fois passée la foule des heureux·ses détenteur·rice·s d’un ticket. Pire scénario : qu’ils laissent passer des gens de la file last minute et qu’ils bloquent les entrées juste quand c’est à vous de passer. Si ça m’est arrivé ? Absolument.

La DIY : la pancarte devant l’entrée (on conseille pour les plus aventureux·ses)

À l’ancienne : un bout de papier ou de carton, un bon vieux “Invitations please” et hop, ça peut vraiment fonctionner, à condition de faire les yeux doux aux riches philanthropes généreux qui n’en ont pas grand-chose à faire d’aller se taper un énième Indiana Jones. Message à celles et ceux qui pratiquent l’art audacieux de la pancarte : les boss, c’est vous.

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La meilleure : les applications de rencontre (on conseille à fond)

Quoi de mieux qu’une application de rencontre pour traverser les frontières sociales impitoyables qui nous séparent les un·e·s des autres ? Grindr ou Tinder m’ont déjà permis accéder à quelques projections, voire peut-être de décrocher le graal suprême : la séance assurément controversée de The Idol – affaire à suivre. Certains diront “michtonnage”, je parlerais plutôt d’instinct de survie.

Le meilleur conseil à vous donner

Amen.

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