Malgré les risques, les États-Unis reconnaissent une application comme moyen de contraception

Malgré les risques, les États-Unis reconnaissent une application comme moyen de contraception

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(c) Pxhere

L’application Natural Cycles est désormais considérée comme un moyen de contraception aux États-Unis, au même titre que la pilule ou le préservatif.

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Au carrefour de la technologie et d’une méthode totalement naturelle, l’application Natural Cycles a tout pour séduire un public de femmes de plus en plus réticent à prendre la pilule. Cette application fonctionne sur la “symptothermie“, une méthode qui consiste à se fier à sa température corporelle pour déterminer si on est ou non en période d’ovulation.

Depuis le mois d’août, elle est reconnue comme un moyen de contraception aux États-Unis. Natural Cycles devient ainsi la première application homologuée par la FDA (Food and Drug Administration), l’autorité compétente pour valider la commercialisation des médicaments sur le territoire américain, comme le rapporte le Washington Post.

Le gouvernement américain met donc à égalité cette méthode controversée avec le préservatif ou encore la pilule.

Comment ça fonctionne ?

Concrètement, l’utilisatrice doit prendre sa température chaque matin dès le réveil. C’est le principal indicateur. Ensuite, l’application met en commun cette information avec la taille, le poids ou encore la durée de ses cycles.

“À partir de l’ovulation, la température augmente un tout petit peu, c’est lié à la sécrétion de progestérone. À ce moment-là, on peut considérer que l’ovulation a eu lieu”, explique la gynécologue Danielle Hassoun.

Selon elle, cette application se contente de surfer sur le regain d’intérêt pour les méthodes naturelles : “C’est une vieille méthode sujette à beaucoup d’erreurs, qui a simplement été légèrement modernisée par des kits. Mais ça n’a en rien amélioré son efficacité.”

Dans le monde de Natural Cycles, il y a donc des jours verts, au cours desquels on peut avoir des rapports sexuels, et des jours rouges, au cours desquels il est préférable de s’abstenir. L’entreprise suédoise qui fabrique et vend l’application revendique un taux de réussite de 93 %. Pour Danielle Hassoun, il faut sérieusement se méfier de ces chiffres qui sont tronqués. Cela reste un business : l’application Natural Cycles est payante, environ 70 euros par an avec le thermomètre offert.

“Les risques de grossesse sont beaucoup plus importants”

Danielle Hassoun n’est pas la première professionnelle à remettre en cause la fiabilité de cette application. Dès le mois de janvier dernier, un hôpital suédois avait alerté les autorités. Les médecins avaient constaté que sur les 668 avortements qu’ils avaient pratiqués entre septembre et décembre dernier, 37 d’entre eux avaient été réalisés sur des utilisatrices de Natural Cycles.

En juillet dernier, le Guardian collectait les témoignages de plusieurs femmes qui se sont senties trahies après être tombées enceinte, alors qu’elles utilisaient l’application.

Si l’Union européenne ne la considère pas comme un moyen de contraception, elle a approuvé sa commercialisation en janvier 2017. Selon Danielle Hassoun, cela n’a rien de choquant : “Je ne condamne pas ces méthodes, et je comprends parfaitement que les femmes ne veulent plus prendre d’hormones, en revanche elles doivent comprendre que les risques de grossesse sont beaucoup plus importants qu’avec les méthodes médicales.”