Depuis plusieurs mois, c’est une véritable bataille dans laquelle les professionnels en lien direct avec le goût et l’odorat se sont lancés pour la reconnaissance de l’anosmie. Ainsi, à l’occasion de la Journée mondiale de l’anosmie, les Œnologues de France lancent un nouvel appel aux pouvoirs publics “sur l’importance d’adapter l’offre de soins et la prise en charge des actes de diagnostic de l’anosmie”.
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Aujourd’hui, tous les professionnels en lien direct avec le goût et l’odorat, les métiers du vin et des spiritueux, de bouche (restaurateurs, pâtissiers, boulangers…) et de l’industrie du parfum et des cosmétiques sont directement touchés. Et c’est un problème. “La perte des sens olfactifs peut entraîner une incapacité à exercer son métier. Face à ce risque, il est impératif de prendre en charge les diagnostics pour mieux traiter et accompagner”, alertent-ils.
Depuis le début de la pandémie, les Œnologues de France se mobilisent afin d’accompagner au mieux l’ensemble des professionnels du vin sur la perte du goût et de l’odorat liée au virus. Une enquête menée par leurs soins sur plusieurs acteurs du milieu touchés par le Covid-19 leur a permis de présenter des résultats et “des solutions d’accompagnement, de prévention et de recherche pour en limiter les effets”. Ils publient aujourd’hui un plaidoyer en faveur de la reconnaissance de l’anosmie.
“L’anosmie est un désespoir silencieux”
“La pandémie de Covid-19 a fait de l’anosmie l’affaire de tous et a montré la mise en danger des professionnels en lien direct avec le goût et l’odorat : les métiers du vin et des spiritueux, de bouche (restaurateurs, pâtissiers, boulangers, …) et de l’industrie des parfums et des cosmétiques. Une perte des sens olfactifs entraîne une incapacité à exercer son métier. De façon plus générale, la perte d’odorat altère la qualité de vie au même titre que les autres sens (par exemple vision, audition) et peut provoquer la mise sous antidépresseurs et la perte d’emploi. Elle participe à l’isolement des personnes et à l’aggravation de la détérioration cognitive.”
“L’anosmie est un désespoir non mesurable. Un désespoir silencieux. Est-ce pour cela que rien n’est fait pour les anosmiques ? Il est temps de reconnaître que l’anosmie est un symptôme handicapant comme conséquence du SARS-CoV-2 mais également de beaucoup d’autres maladies, de la simple grippe aux maladies neurodégénératives. L’anosmie, qui est la perte de l’odorat, concerne 5 % de la population, cette proportion monte à 15 % si l’on intègre les personnes dont l’odorat dysfonctionne (dysosmie). Or, il est impossible en France d’avoir accès à des diagnostics sérieux. Non remboursés par l’assurance maladie, mal diffusés au sein des cabinets de médecins ORL, les outils d’olfactométrie sont pourtant les seuls moyens existant à ce jour pour diagnostiquer l’anosmie et mettre en place les mesures d’accompagnement médical adaptées.”
“L’anosmie est une atteinte grave qui remet en question la vocation et le talent de certains professionnels représentant des activités prestigieuses de la France (œnologie, gastronomie, parfumerie). L’anosmie est une atteinte profonde qui remet en question le goût de la vie pour tous ceux qui en sont victimes sur le long terme. Ne pas les diagnostiquer et ne pas les soigner est une lacune inacceptable. Le regard sur l’odorat change. Il y a une prise de conscience. La population y attache une plus grande importance qu’avant la pandémie avec une augmentation forte de la demande de tests et de reconnaissance du handicap.”