La marque de posters en métal Displate est accusée de voler des œuvres d’artistes

La marque de posters en métal Displate est accusée de voler des œuvres d’artistes

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Par Pierre Bazin

Publié le

Une notion de propriété intellectuelle à côté de la plaque ?

Displate propose depuis 2013 de nombreuses plaques en métal aimantées et décoratives pour embellir votre intérieur. La force du produit ? Pas besoin de trouer votre mur, une customisation totale et une collection aujourd’hui estimée à plus 1,4 million de designs différents, selon le site officiel de Displate.

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Depuis quelques années, l’entreprise mène une grande campagne de communication par le biais d’une myriade d’influenceur·se·s. Displate sponsorise leurs vidéos YouTube et propose des “liens partenaires”, en échange d’une commission de 25 % des ventes quand un achat est effectué via ce dernier. La marque a ainsi envahi les pré-rolls publicitaires de vidéos YouTube et s’est fait un nom et une croissance exceptionnelle, se targuant d’être aujourd’hui leader sur le marché des posters métalliques décoratifs.

Il y a un mois, Karol Banaszkiewicz, PDG et cofondateur de Displate, déclarait avoir “vu l’entreprise multiplier par plus de cinq ses revenus au cours des deux dernières années”. Ce commentaire faisait suite à la récente annonce d’acquisition de la majorité des actions de son entreprise par le très gros investisseur privé Mid Europa Partners.

La colère des artistes

La problématique avait déjà été évoquée mais voilà qu’elle refait surface en force ces derniers jours sur Twitter. Derrière les nombreux posters métalliques Star Wars, Dragon Ball ou encore The Legend of Zelda, la face cachée du 1,4 million de designs n’est pas rayonnante. De nombreux·ses artistes se plaignent ainsi d’avoir été spolié·e·s de leurs œuvres par le site Displate.

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En effet, Displate se vante de réunir “plus de 40 000 artistes venant de 86 pays”, mais bafoue leurs droits. Comme en témoignent de nombreux·ses artistes, n’importe qui peut proposer des images et œuvres pour qu’elles deviennent des posters disponibles à la vente. De nombreux·ses illustrateur·rice·s ont eu ainsi la mauvaise surprise de découvrir que leurs œuvres étaient mises à la vente sans leur accord… et sans qu’ils n’en touchent la moindre commission donc.

Les témoignages parlent ensuite de la difficulté de signaler ces infractions à la propriété intellectuelle : les formulaires ne peuvent traiter qu’un par un les posters, sachant que cela concerne plusieurs dizaines d’œuvres volées pour certain·e·s. De plus, les vendeur·se·s frauduleux·ses ne seraient pas nécessairement sanctionné·e·s (banni·e·s du site) et l’argent touché n’est pas forcément remboursé.

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La question deviendrait encore plus complexe lorsqu’il s’agit de plagiat un peu plus “subtil” et non de copies conformes volées. Il serait très difficile à prouver sans recours (onéreux) légal et certaines illustrations ainsi plagiées seraient même utilisées dans les publicités pour le site lui-même. Enfin, les artistes qui se plaignent du traitement que Displate réserve à leur travail mettent également en cause leur rémunération à hauteur de 9 %, estimée dérisoire.

Les youtubeur·se·s s’expriment

Cette polémique autour de Displate continue d’enfler, notamment parce que, pour rappel, de nombreuses chaînes YouTube ou Twitch ont fait des partenariats sponsorisés avec la marque en question. Face à l’ampleur des témoignages, plusieurs youtubeur·se·s ont décidé de s’exprimer, comme “Un Créatif”, qui explique ne pas être au courant de cette problématique vis-à-vis des artistes au moment où il a accepté des sponsorisations ponctuelles sur sa chaîne.

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De son côté, Benjamin Brillaud, de “Nota Bene”, a annoncé avoir demandé des comptes à la marque et mettra un terme à ce partenariat en l’absence de réponse justifiée. De son côté, le youtubeur Monté de Linguisticae essaie de calmer le jeu en expliquant qu’il s’agirait plus de “recel” de la part de Displate et non de “vol” direct. Comme de nombreux·ses artistes, lui-même attend une explication de la marque. Contactée par nos soins, l’entreprise Displate n’a pour le moment pas répondu à nos questions.

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