Portraits de candidates : Aurore Lahondès, 19 ans, FN : “Ne pas laisser les campagnes à l’abandon”

Portraits de candidates : Aurore Lahondès, 19 ans, FN : “Ne pas laisser les campagnes à l’abandon”

Pas de poste, pas de boulangerie

La campagne profonde est devenue un monde de vieux que la nouvelle génération fuit dès qu’elle le peut pour se jeter dans le bouillonnement des grandes villes. Aurore Lahondès les a vus partir vers Angers un par un. Avant de les suivre : “On a le permis dès le jour de nos 18 ans et on part en ville après.” À Sermaise, pas de bus pour aller dans la ville d’à côté, pas de poste, pas de boulangerie”, un village comme tant d’autres laissés à l’abandon. Elle a donc “grandi là-dedans”, et c’est cette sensation d’abandon qui l’a poussée à se présenter aux législatives et à se battre pour les gens qu’on écoute plus et qu’on entend plus”. Entre rejet de la mondialisation et peur du déclassement, les campagnes ont voté massivement pour Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. 
Une conquête de la France rurale qu’Aurore Lahondès compte bien reproduire à l’échelle de sa circonscription. C’est pourquoi elle a adapté son discours : ici, pas question de parler d’immigration ou d’insécurité. Inépuisables fonds de commerce du FN au niveau national, ces thèmes sont absents du programme de la jeune candidate, qui préfère laisser ça aux gens que ça concerne vraiment plutôt que d’en parler alors que les gens d’ici n’y sont pas confrontés”. Elle préfère au contraire communiquer sur les écoles qu’on “ferme pour regrouper”, les mairies qui n’ouvrent plus qu’un matin toutes les deux semaines” et l’agriculture en crise.

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Sa première manif’ à sept ans

Ce goût de l’engagement, c’est avant tout à sa famille qu’elle le doit : avec des parents militants syndicaux et un père élu maire de sa commune en 2008, elle dit avoir vécu sa première manif’ “à sept ans”. Issus de la “droite classique”, ils ont tous ensemble glissé vers le FN. Pour Aurore Lahondès, c’est à l’occasion d’une petite session de géopolitique en cours d’histoire que le parti d’extrême droite lui est apparu comme la seule alternative viable. “On parlait de dévaluation de monnaie et notre prof nous a expliqué qu’on ne pouvait pas dévaluer notre monnaie en temps de crise, car il fallait l’accord de toute la zone euro pour pouvoir dévaluer.” De sa chaise de lycéenne, elle trouve ça profondément injuste” et décide de commencer à s’intéresser “à tout ça”
Commence alors le parcours classique des militants politiques de tous bords, passant des associations étudiantes aux instances locales des partis. Une fois à la fac d’Angers, elle y devient responsable de section de la Cocarde étudiante, un syndicat étudiant souverainiste ralliant des sympathisants FN et Les Républicains. Ambiance. En 2016, c’est le poste de secrétaire départementale du Front national de la jeunesse qu’elle décroche, le tremplin nécessaire pour tout jeune qui souhaite se lancer en politique. Aujourd’hui, elle défend les couleurs du Front national dans une circonscription qu’elle connaît comme sa poche.