Il achète un tracker GPS pour enquêter sur la disparition d’une centaine de chaussures

Il achète un tracker GPS pour enquêter sur la disparition d’une centaine de chaussures

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Par Pierre Schneidermann

Publié le

Une sombre histoire qui a lieu en Suisse, impliquant garde-chasse et groupe de voisins armés.

André*, qui habite dans le canton de Zoug, en Suisse, a vécu une histoire peu commune et a tenu à nous la raconter. Et nous l’avons trouvée tellement chouette que nous lui consacrons un article.

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Tout commence lorsqu’il s’achète une paire de baskets de trail “particulièrement chères“, une paire de “ON”. Il ne les porte qu’une seule fois, avant que l’une des deux ne disparaisse. Le premier réflexe d’André est humain, trop humain : il pense que c’est une blague pas drôle de ses enfants. Plutôt que de les priver de Switch, il opte pour une stratégie éducative inverse en leur promettant, moyennant confession, une récompense de 5 CHF (environ 4,60 euros) qui, devant leur mutisme, grimpe à 40 CHF (environ 38 euros).

Les enfants ne parlent pas, et le mystère s’épaissit : la femme d’André découvre que cinq autres chaussures ont disparu. Le plus étrange, c’est que le voleur – si voleur il y a, à ce stade de l’enquête, rien n’est certain – ne dérobe pas des paires, mais une seule des deux chaussures à chaque fois. La psychose redouble d’intensité quand André se rend compte que les chaussures des voisins disparaissent aussi, une centaine au total…

Plutôt que de se rendre au commissariat et de porter plainte comme l’aurait fait le commun des mortels, André va voir le garde-chasse du canton de Zoug et lui expose son hypothèse : il se pourrait que l’auteur des larcins soit un renard… Le garde-chasse reconnaît que c’est tout à fait plausible, mais ne veut pas susciter de faux espoirs : suivre un renard à la trace, c’est impossible.

Les voisins s’organisent. L’humour les rassemble : ils créent un groupe Whatsapp qu’ils nomment “Fox News”. André commande ensuite un trackeur GPS grand public de la marque Invoxia et installe une caméra de surveillance au-dessus de son porche. Pour ne pas susciter de méfiance, le tracker est délicatement déposé sous la semelle intérieure de l’une des chaussures.

La basket qui servira d’appât.

En une nuit à peine, les intuitions de André se confirment avec des images vidéo : il s’agit bien d’un renard. Malheureusement, la chaussure est à peine déplacée, rapidement boudée par l’animal. Pour faciliter leurs échanges futurs, les voisins baptisent le renard “Foxli”.

Les deux semaines qui suivent sont décevantes : Foxli ne vole pas une seule chaussure, on ne peut donc pas le suivre à la trace. André a beau expérimenter en laissant traîner tout type de chaussure, rien ne marche. Jusqu’au jour où sa mère lui suggère une idée saugrenue mais géniale : il badigeonne l’une d’entre elles de beurre de cacahuètes. Évidemment, Foxli succombe.

Mais, comme chacun sait, la vie a toujours plus d’un tour dans son sac. Le signal GPS mène André dans une clinique. Là-bas, le réceptionniste lui assure qu’il n’y a pas de renard. Foxli l’aurait-il mené en bateau ?

Que la chasse commence !

André qui, à ce stade de l’histoire, mériterait bien le titre de héros national, ne lâche toujours pas le morceau et fait une seconde tentative. Cette fois-ci, les coordonnées fournies par le GPS sont plus précises. Et, ENFIN, on retrouve le terrier de Foxli, avec la chaussure badigeonnée de beurre de cacahuètes. A ce stade du récit, on pourrait se dire que tout est bien qui finit bien mais non, vraiment pas : il n’y a que cette chaussure dans le terrier de Foxli. Certaines des autres chaussures disparues seront retrouvées dans un arbre (mais pas la chaussure chère de trail, dommage).

La découverte de cette œuvre d’art brut a soulevé deux questions : les autres chaussures avaient-elles aussi été dérobées par Foxli ? Et si oui, quel être humain a eu l’idée farfelue de les attacher à un arbre ? A ce jour, ni les voisins, ni le garde-chausse, ni les autorités n’ont élucidé le mystère.

Pourquoi André a-t-il absolument tenu à partager cette histoire ? Nous lui avons demandé et sa réponse nous a ému·e·s : “J’ai voulu la raconter pour faire sourire les gens. Il y a tellement de mauvaises nouvelles dans ce monde que je trouve ça amusant qu’on raconte des histoires de voisinage.

*André est un pseudonyme.

L’histoire d’André vous a ému·e·s ? Il vous est déjà arrivé de traquer un être vivant avec un GPS ? Nous attendons de pied ferme vos témoignages à konbinitechno@konibni.com