Le 3 août, une fusillade à El Paso perpétrée par un jeune homme blanc a causé la mort de 22 personnes. Peu avant la tuerie, le tireur, Patrick Crusius, avait posté sur le forum 8chan un manifeste raciste évoquant une “invasion hispanique” au Texas. Il y faisait l’éloge du massacre en mars de 51 personnes dans deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, dont l’auteur avait également fait part de ses intentions sur 8chan.
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8chan semblait être devenu le lieu de rassemblement des suprémacistes blancs (on vous en parlait ici). C’est bien simple, le fondateur de 8chan, Fredrick Brennan, qui a rompu tous ses liens avec le site, avait même plaidé pour sa fermeture dans les colonnes du New York Times : “Dès que j’entends parler d’une tuerie de masse, je me dis : ‘D’accord, nous devons chercher s’il y a un lien avec 8chan.’ Fermez le site.”
L’actuel propriétaire de 8chan n’est, quant à lui, pas du tout de cet avis. Jim Watkins semble prêt à défendre son forum à tout prix. Dans cette optique, il a été appelé à témoigner devant le Congrès américain mercredi dernier, après que le Comité de sécurité intérieure américain lui a envoyé une convocation le mois dernier :
“C’est au moins le troisième acte suprémaciste blanc d’extrême violence relié à votre site Internet cette année. Les Américains méritent de savoir ce que vous, en tant que propriétaire et opérateur, faites pour adresser cette prolifération de contenus extrémistes.”
Dans sa réponse anticipée, Watkins dépeint 8chan comme “une plateforme de discussion unique” où les utilisateurs discutent de politique, de jeux vidéo ou encore de recettes de cuisine. Les discours racistes seraient le fait “d’une minorité” et 8chan “n’a aucune intention de supprimer un discours de haine protégé constitutionnellement”.
8chan est toujours hors-ligne depuis que plusieurs plateformes comme Cloudflare et Epik ont refusé de fournir leurs services au site après la dernière fusillade. Watkins annonce que le site restera pour l’instant “hors-ligne volontairement”.
Watkins a conscience de l’aspect polémique de son site. Il a d’ailleurs annoncé que son équipe travaillait avant même la tuerie d’El Paso sur une version “d’urgence” qui pourrait limiter l’accès au site dans des cas problématiques.
Cette information n’a pas pu être vérifiée, des modérateurs du site évoquant une réalité différente sur Twitter :
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Le témoignage de Watkins devant le Congrès a eu lieu à huis clos et aucune retranscription publique n’a encore été communiquée, mais sa déposition semble s’être bien passée quand on voit les remerciements que le comité lui a adressés.
Dans un entretien accordé à The Verge, l’avocat de Watkins, Benjamin Barr, s’est montré optimiste quant au retour du site :
“Rien n’est encore vraiment très sûr, mais dans environ une semaine ils espèrent être de retour. Ils sont déjà au point niveau sécurité, mais ils cherchent une solution d’hébergement stable où ils ne pourront plus se faire couper l’herbe sous le pied, ou tout du moins beaucoup plus difficilement.”