La star danoise Nadia Nadim a dû s’employer pour ne pas importer la polémique au sein de sa sélection, à l’Euro féminin de football. La joueuse née en Afghanistan, arrivée au Danemark à 12 ans après l’assassinat de son père par les talibans, est engluée depuis début avril dans une polémique sur ce partenariat rémunéré.
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Le choix passe d’autant plus mal que la Fédération danoise a pris la tête d’une fronde contre la tenue de cette Coupe du monde masculine au Qatar (21 novembre-18 décembre), en mettant la pression pour obtenir des organisateurs des garanties sur les droits humains et LGBTQ+ dans l’émirat.
La controverse, qui lui avait valu de perdre son statut d’ambassadrice pour une ONG danoise d’aide aux réfugiés, avait fini par mettre un point d’interrogation sur la présence en sélection de l’ancienne joueuse du Paris Saint-Germain.
“Nadia Nadim est une personne clivante qui est devenue très impopulaire en raison du choix qu’elle a fait d’être ambassadrice (du Mondial au Qatar)”, a reconnu le sélectionneur Lars Søndergaard lors de l’annonce de sa liste des 23, fin juin. “Elle a été choisie simplement pour des raisons sportives”, a-t-il insisté pour expliquer la présence de la joueuse de 34 ans, de retour d’une longue blessure qui l’a tenue éloignée des terrains pendant neuf mois.
“Je sais quelle est la situation, y compris pour les femmes”
L’autre star de la sélection danoise, Pernille Harder, grande avocate des droits LGBTQ+, avait également pris ses distances lors des sélections. “J’aurais pris d’autres décisions dans ma carrière à ce sujet. On fait ses propres choix et la seule chose que je peux dire c’est que j’aurais pris d’autres décisions”, a confié Harder, elle-même en couple avec l’internationale suédoise Magdalena Eriksson. Les droits des homosexuels au Qatar sont un des sujets d’inquiétude en vue du Mondial 2022.
Pour Nadia Nadim, la polémique est venue écorner la belle histoire de l’enfant afghane devenue star du ballon rond, mais également diplômée de médecine, après avoir grandi dans un quartier difficile d’Aarhus, la deuxième ville du Danemark. Dans une conférence de presse convoquée fin juin pour s’expliquer, la joueuse a mis en avant ses origines et son parcours pour justifier son choix qatari, une “évidence” selon elle.
“Je suis née dans la région, et je sais quelle est la situation, y compris pour les femmes”, s’était défendue la native d’Herat, la troisième ville d’Afghanistan. “Toute ma vie, je me suis servi du football comme un porte-voix. C’est ce que je faisais quand j’avais 19 ans et que je jouais dans le ghetto à Rosenhøj. C’est la même chose maintenant, c’est juste un plus grand porte-voix”, a-t-elle plaidé.
“Pas de gêne entre nous”
Des stars du football mondial, comme Zinédine Zidane, Xavi Hernandez ou Samuel Eto’o, ont également joué un rôle d’ambassadeurs du Mondial qatarien.
Craignant d’être huée lors de son retour devant le public danois, Nadim a finalement été applaudie par le stade lors d’un match historique remporté contre le Brésil le 24 juin (2-1). C’était la première fois que la sélection féminine, d’habitude cantonnée à une petite enceinte de Viborg dans l’ouest du pays, disputait une rencontre à Parken, le stade national et fief de l’équipe masculine.
À l’approche de l’Euro, l’équipe a tenté de faire baisser la pression. Nadia Nadim et Pernille Harder ont ainsi assuré qu’il n’y avait pas de problème entre elles. La première a notamment assuré qu’elle se battrait pour que sa coéquipière puisse embrasser publiquement sa compagne au Qatar. “Il n’y a pas de gêne entre nous”, a répondu Harder.
Finalistes du dernier Euro en 2017 contre les Pays-Bas, les Danoises rêvent de glaner un premier grand titre. Battue en amical par la Norvège (2-1) juste avant l’Euro, l’équipe rouge et blanc a été sèchement battue (4-0) lors de son premier match contre l’Allemagne, triple championne d’Europe.