“Retourne en Afrique”, une balayette et un décès inexplicable : la cruauté des policiers, des syndicats de police et de l’extrême droite face à la mort de Nahel

“Retourne en Afrique”, une balayette et un décès inexplicable : la cruauté des policiers, des syndicats de police et de l’extrême droite face à la mort de Nahel

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Par Yasmine Mady

Publié le , modifié le

Nahel avait 17 ans et il a été tué par la police. Alors que les quartiers populaires se révoltent, les représentants de police se réjouissent.

C’est lors d’un contrôle routier à Nanterre que le drame s’est déroulé. Ce mercredi 28 juin 2023, Nahel, 17 ans, est mort à la suite d’un tir à bout portant d’un policier. La cause : “un refus d’obtempérer”.

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Si la version policière prétend la mise en danger des agents par l’adolescent conducteur, la vidéo quant à elle ne témoigne d’aucune mise en danger des policiers, selon les avocats de la famille.

On assiste alors à un énième décès d’une personne non blanche entre les mains de la police, et d’un mineur qui plus est. Après Zyed et Bouna, décédés à l’âge de 15 et 17 ans en 2005 suite à une course-poursuite avec la police, le décès de Nahel, 17 ans, sonne encore comme un coup de massue, surtout dans l’esprit et dans le cœur des habitants de quartiers populaires qui voient une fois de plus la liste des décès s’allonger. Une fois de plus, une mère ne verra pas rentrer son fils.

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Alors que les révoltes et les dénonciations se multiplient face aux dynamiques meurtrières et racistes qui régissent la police, le manque d’humanité du côté des représentants de la police et de l’extrême droite choque.

La cruauté des syndicats de police

“Je préfère une racaille morte qu’un policier mort” : ce sont les mots de Bruno Attal qui ont choqué Internet hier soir, alors qu’une famille était endeuillée.

Sans le connaître, Bruno Attal a décidé de stigmatiser Nahel avec un champ lexical propre à l’extrême droite. “Racaille” sera le seul adjectif que le secrétaire général adjoint du syndicat France Police donnera à un adolescent non armé, tué par l’un de ses pairs.

Le syndicat France Police n’a également pas manqué de honte avec un tweet immonde qu’il a par la suite supprimé. Lui a choisi d’applaudir “les collègues qui ont ouvert le feu sur un jeune criminel de 17 ans”. Il ajoutera que “les seuls responsables de la mort de ce voyou sont ses parents, incapables d’éduquer leur fils”. Ce même syndicat se dit être la “cinquième puissance syndicale du ministère de l’Intérieur et la première force d‘opposition de la Police nationale”. De quoi appuyer la dimension systémique des violences racistes dans la police.

Une balayette inhumaine

Une vidéo montre également un policier faire une balayette à l’un des passagers présents dans le véhicule de Nahel après son exécution. Alors qu’on peut imaginer l’état de choc de ce témoin et proche, nous ne pouvons que constater le manque d’humanité de ce geste.

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“Retourne en Afrique”

Alors que l’émotion est vive à Nanterre, on entend dans cette vidéo un policier balancer une phrase raciste à une femme qui fait part de sa révolte et de son émotion avec sa seule arme : ses mots. Alors qu’elle lui dit “vous avez abattu un enfant de 17 ans, froidement”, il lui rétorque de “retourner en Afrique”.

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Un classique : l’extrême droite et sa stratégie de diabolisation des victimes

Côté presse d’extrême droite, nous sommes déjà habitués à la stratégie de diabolisation de l’image des victimes de violences policières pour légitimer leur meurtre et mutilation. Les circonstances tragiques du décès de Nahel n’y échappent pas. Sur le plateau de CNews, la journaliste du journal d’extrême droite Valeurs actuelles Charlotte d’Ornellas s’est empressée de dire que Nahel avait “un casier judiciaire long comme le bras”. L’avocate de la famille de Nahel, Jennifer Cambla, affirme quant à elle que Nahel était “inconnu de la justice puisqu’il n’a jamais été condamné, il a un casier judiciaire vierge”.

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À ce sujet, la journaliste Sihame Assbague ajoute d’ailleurs très justement que le casier judiciaire d’une victime d’un crime n’est de toute façon “pas un sujet” car il n’y a pas de “bonne” ou de “mauvaise victime”.

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