Sur les réseaux, le mouvement #BalanceTonPhotographe prend de l’ampleur

Sur les réseaux, le mouvement #BalanceTonPhotographe prend de l’ampleur

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© Brandon Erlinger Ford via Unsplash

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Par Lise Lanot

Publié le

Les témoignages affluent afin de dénoncer des agressions et des manœuvres longtemps passées sous silence.

Après les #MeToo du cinéma ou de la musique, c’est le domaine de la photographie qui voit la parole se libérer au sujet des agressions, du harcèlement et des modes opératoires suspects longtemps passés sous silence. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #BalanceTonPhotographe rassemble les témoignages de modèles et photographes. Si certains messages visent des individus en particulier, le plus souvent via des initiales, à l’aide de captures d’écran et dans le but d’alerter les internautes, d’autres dénoncent des pratiques très répandues – et souvent tues – chez les photographes auprès de leurs modèles, majoritairement des jeunes femmes.

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Sont notamment dénoncés “les photographes qui ne prennent que des femmes dénudées en photo”, ceux qui touchent les modèles sans leur consentement “en remettant un bijou” ou un vêtement, ceux qui insistent lourdement pour booker une séance avec un·e modèle ou imposer du nu malgré des refus initiaux ou ceux qui conservent des images sans le consentement des modèles.

Ces témoignages permettent de souligner l’aspect récurrent de manœuvres longtemps silenciées et évincées sous prétexte qu’elles pouvaient être taxées d’“anecdotiques”. C’est la libération de la parole qui permet de mettre en lumière des pratiques prédatrices et de rappeler que les sensations de malaise sont à prendre au sérieux et ne doivent jamais culpabiliser les victimes.

En septembre 2020, dans un long essai pour The Cut intitulé “My Body”, la mannequin Emily Ratajkowski accusait un photographe de viol et détaillait le système de domination qui soumet les modèles aux photographes. Dans l’espoir de ne pas se griller dans l’industrie et de gagner leur vie dans un métier instable, les modèles se retrouveraient sous la pression d’accepter toutes les demandes des personnes qui les photographient et de faire bonne figure, sans oser se révolter ou exprimer leur malaise. Avec ce hashtag, les internautes soulignent la nécessité de ces prises de parole, notant que “ça fait tellement longtemps que ça dure et que trop de gens se taisent”.