Dans un entretien exclusif accordé au magazine américain, Solange, guidée par les questions de son aînée Beyoncé, est revenue sur son enfance passée au Texas, sur le rôle qu’a joué sa famille dans l’élaboration d’A Seat at the Table, et sur la nécessité absolue de contrôler son destin.
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Mardi 10 janvier, Solange Knowles révélait sur Instagram qu’elle incarnait la nouvelle couverture d’Interview. Le magazine américain, fondé en 1969 par Andy Warhol, dédie en effet son prochain numéro à la créatrice d’A Seat at the Table, sacré comme l’un des meilleurs albums de l’année 2016. “Après avoir interviewé mon père et ma mère pour A Seat at the Table, il m’a paru logique que ma sœur mène cet entretien pour Interview Magazine”, annonce ainsi la chanteuse sur Instagram.
Après un bref échange de banalités, comme le feraient n’importe quelles sœurs, la conversation nous plonge rapidement dans l’enfance des filles Knowles, passée à Houston, au Texas. “Tu as toujours été intéressée par ce qu’il y avait de plus pointu en termes de mode, de musique et d’art. Tu étais obsédée par Alanis Morissette et Minnie Riperton, par le fait de mixer les imprimés… et tu n’avais que 10 ans”, rappelle Beyoncé à sa cadette, avant de préciser : “Je me suis toujours dit que ma petite sœur serait super spéciale.”
En réponse, Solange souligne cet immense besoin de communication, qu’elle a toujours eu en elle, et qu’elle se devait de manifester (que ce soit à travers la musique, la mode ou la danse). Elle évoque aussi le rôle déterminant de sa famille, notamment de Beyoncé et de sa mère, qui ont toutes deux constitué une immense source d’inspiration pour elle. “Je pense que toi, maman et moi sommes des personnes très intuitives”, analyse Solange. “Notre mère a toujours suivi son instinct, et je crois que cette attitude a résonné très fort en moi, très tôt, et m’a encouragée à faire de même.”
“Cet album raconte l’histoire de toute notre famille”
Solange poursuit en expliquant que sa mère leur a toujours appris à “contrôler [leurs] voix, [leurs] corps, et [leur] travail”, une devise appliquée à la lettre par Beyoncé, à qui on a souvent reproché d’être un monstre de travail froid et acharné. “La société considère les femmes qui ont ce comportement comme des ‘control freaks’, comme des personnes obsédées, qui sont incapables de faire confiance à leur équipe, ou de valoriser le travail d’autrui. Ce qui est complètement faux”, défend l’interprète de “Cranes in the Sky”, qui ajoute, peu après :
“Je n’ai pas peur de le dire : j’ai une vision très claire et très précise de la façon dont je veux présenter ma voix, mon corps et mon point de vue à ce monde. Et qui est mieux placée que moi-même pour raconter cette histoire ?
L’idée première de l’album A Seat at the Table était de défaire certaines vérités. Certaines choses ont pesé pendant de longues années sur mes épaules. Et je me suis terrée dans ce trou, pour affronter certaines de ces choses dans le but de devenir une meilleure personne, une meilleure mère, une meilleure épouse, une meilleure amie et une meilleure sœur. C’est aussi pour cela qu’il était important que ce soit toi qui m’interviewe aujourd’hui. Car cet album raconte l’histoire de toute notre famille, de nos ancêtres.”
Une figure de femme forte
La conversation entre les deux artistes se concentre ensuite plus en détails sur A Seat at the Table, que Solange a elle-même écrit, arrangé, et coproduit. Une triple casquette qu’elle avoue avoir emprunté à la prolifique Missy Elliott : “Je me souviens d’elle, quand je vous regardais travailler ensemble ; et je me souviens avoir été passionnée par cette idée que je pourrais faire bien plus que d’écrire ou de chanter. Sur mes précédents projets, j’avais déjà contribué à la production ; mais jusqu’à cet album, j’avais peur de vraiment mettre les mains dedans.”
Une confession qui amène naturellement les sœurs à parler de la figure de femme forte et indépendante incarnée par Solange, figure que cette dernière semble encore avoir un peu de mal à assumer. “Il y a une chose contre laquelle je me bats constamment : c’est de ne pas me sentir arrogante quand j’explique que j’ai écrit chacune des paroles de cet album”, confie Solange, qui poursuit :
“Je me souviens de Björk expliquant que genre, peu importe le niveau de reconnaissance qu’elle avait acquis au cours de sa carrière, si un homme était crédité pour quelque chose qu’elle avait fait, il en tirerait tout le mérite. Et malheureusement, c’est toujours le cas aujourd’hui.”
L’intégralité de l’entretien est à lire en anglais sur le site d’Interview Magazine.