Une vraie Lolita
En 2001, Rachel McAdams obtient un rôle dans le pilote de Shotgun love dolls, une série de science-fiction complètement barrée et de très mauvaise qualité, il faut bien le dire. Puis, elle ne chômera pas puisqu’on la retrouve dans la comédie canadienne My Name is Tanino, obtiendra une nomination pour son rôle dans Perfect Pie et donnera la réplique à Anna Faris et Rob Schneider dans Une nana au poil.
Mais tous ces films ne sont pas vraiment passés à la postérité. Ce n’est qu’en 2004 que Rachel McAdams trouve le rôle qui va lancer sa carrière. Elle est choisie pour interpréter la queen bee Regina George dans le film devenu culte Lolita malgré moi. Réalisé par Mark Waters et écrit par Tina Fey, le long métrage est une adaptation libre du guide parental de Rosalind Wiseman, Queen Bees and Wannabes.
L’histoire se déroule dans un lycée où tous les adolescents appartiennent à un groupe bien défini. Les paumés, les geeks, les intellos ou encore les… Plastics. Sous ce nom ultra-superficiel se cachent les trois filles les plus populaires de l’école dont Regina George, la leadeuse. Cynique, moqueuse, toujours portée sur l’apparence et surtout très bitchy, Rachel McAdams incarne son personnage à la perfection.
Pourtant, ce n’est pas elle qui devait entrer dans la peau de Regina mais Lindsay Lohan qui a fini par préférer le rôle de la gentille fille qui revient d’Afrique et qui essaye de s’intégrer dans cette nouvelle école (elle ne voulait pas ternir son image vous comprenez). McAdams a donc hérité du personnage que l’on adore détester puisque selon le producteur : “seules les filles gentilles peuvent jouer des méchantes“. Nous voilà donc rassurés.
Pour entrer plus facilement dans son rôle, l’actrice a écouté Courtney Love et s’est inspirée de la performance d’Alec Baldwin dans Glengarry, tout ça sous les conseils de Mark Waters. Autre petite anecdote, au moment du tournage, Rachel McAdams avait 25 ans, huit ans de moins seulement qu’Amy Poehler qui joue sa mère. Cherchez l’erreur.
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Rachel, l’inoubliable
En septembre 2004, on retrouve Rachel McAdams dans un tout autre registre, celui de la romance. Dans N’oublie jamais (alias The Notebook en V.O), adaptation du roman du même nom par Nicholas Sparks, elle est en couple avec Ryan Gosling. Son personnage – Allie – est atteint de la maladie d’Alzheimer. Pour l’aider à se souvenir, son mari Noah lui raconte tous les jours leur histoire d’amour, de leur rencontre à leur(s) séparation(s) en passant par les retrouvailles et les engueulades.
Et sans faire de jeu de mots douteux, on n’est pas prêts d’oublier la performance de Rachel McAdams. Que vous aimiez les romances romantico-tragiques à l’eau de rose ou non (c’est mon cas), vous ne pourrez pas nier le talent de l’actrice. La preuve, elle a battu neuf autres prétendantes pour le rôle d’Allie – si vous voulez la voir auditionner, c’est par ici. Elle a donc convaincu tout le monde (même si selon le réalisateur Nick Cassavetes, Ryan Gosling ne s’entendait pas avec elle et aurait cherché à la faire remplacer…) avec son jeu intense et juste.
N’oublie jamais marque le début d’une série de comédies romantiques (pas toujours de bonne qualité) qui s’ajouteront petit à petit à la filmographie de Rachel McAdams – Serial Noceurs, The Lucky Ones, Hors du temps, Je te promets… Ce genre de rôles lui vaudra très vite le surnom de “nouvelle Julia Roberts”. Mais comme on le sait, Hollywood aime mettre des étiquettes sur ses actrices. McAdams va s’en détacher et prouver qu’elle peut tout jouer.
Une badass dans l’âme
Avant cela, l’actrice fait une pause dans sa carrière. Elle se retire pour mieux se concentrer sur elle-même. Elle refusera des rôles dans Le Diable s’habille en Prada, Casino Royale, Mission Impossible III… Cela ne la desservira pas pour autant et l’aidera peut-être même à trouver par la suite des rôles à sa hauteur. En 2009, elle prend le chemin d’une grosse production. Exit la romance, place à l’action avec Sherlock Holmes.
Rachel troque sa blondeur naturelle pour une chevelure noire intense et se transforme en Irene Adler, redoutable voleuse qui donne du fil à retordre au célèbre détective anglais incarné ici par Robert Downey Jr. Manipulation, séduction, combat et chute sur le Tower Bridge, l’actrice s’adapte et le fait encore une fois très bien. Si bien qu’elle reprendra son rôle dans la suite des aventures de Sherlock, toujours mises en scène par Guy Ritchie.
Rachel montre qu’elle est une vraie badass. C’est encore plus véridique quand on sait qu’elle a fait la plupart de ses cascades et qu’elle adore ça – si je ne vous ai pas encore dit que cette actrice est parfaite, c’est le moment pour vous de le savoir. Sa badasserie atteindra son paroxysme dans la saison 2 de True Detective. Car si dans Sherlock Holmes, l’humour et la romance ne sont jamais très loin, dans la série d’HBO, on ne rigole pas du tout. Mais patience, j’y reviendrai plus loin dans l’article.
Une passion et un voyage dans le temps
Il est maintenant l’heure d’évoquer Passion, ce film un peu mal-aimé de Brian de Palma. Rachel retrouve sa partenaire de Sherlock Holmes 2, Noomi Rapace, dans une histoire de manipulation sordide. La première est Christine, cadre dans une agence de pub tandis que la seconde est Isabelle et travaille sous ses ordres. Les deux femmes s’adonnent à un jeu dangereux sur fond de séduction, de sexe et d’humiliations.
C’est grâce à son rôle de Regina George dans Lolita malgré moi que Rachel a obtenu le rôle. C’est ce qu’affirme Brian de Palma dans une interview accordée à Indiewire, disant de l’actrice qu’elle sait “jouer une femme cruelle“. Et ça se confirme. Dans ce remake de Crime d’amour d’Alain Corneau, elle excelle dans la mauvaise foi et la tromperie.
“Je voulais que l’on m’admire. Maintenant je veux que l’on m’aime”, dis-tu à celle que tu vas manipuler éhontément. Ton souhait est exaucé Rachel-Christine. Malgré ton personnage détestable, on ne peut que succomber à ton charme et aimer ta froideur implacable qui fait paradoxalement monter la température.
Mais on aime aussi Rachel quand elle joue les filles amoureuses et pas machiavéliques. Un an après Passion, elle retrouve le chemin des comédies romantiques avec Il était temps, une romance dont le héros Tim, joué par Domhnall Gleeson, a le pouvoir de retourner en arrière quand il s’enferme dans un placard. Bien pratique quand on n’est pas très fort pour draguer. Il rencontre Mary, qu’il arrive à séduire après plusieurs tentatives et quelques voyages dans le temps.
Loin des romances médiocres dans lesquelles on a pu la retrouver, celle-ci est une agréable surprise. Drôle, pas mielleuse et très touchante, la comédie surprend et prouve que l’amour réussit à Rachel.
L’apogée True Detective
Après l’amour, place à la noirceur. La vraie cette fois. Parce que comme vous avez pu le constater, Rachel ne reste pas dans le même registre très longtemps. Sa performance ultime, elle l’a atteinte cette année dans True Detective. Antigone Bezzerides – le nom (maudit) de son personnage – est une flic totalement tourmentée qui n’est pas très à l’aise quand il s’agit de nouer des liens avec les gens qui l’entourent. Son histoire compliquée et torturée lui donne une profondeur et une froideur qui vont laisser petit à petit la place à des failles qui auront bien du mal à se refermer.
L’atmosphère est noire et le jeu de Rachel est plus que jamais puissant et irréprochable. Les superlatifs me manquent pour décrire à quel point elle crève l’écran. D’ailleurs, si vous ne devez retenir qu’une seule chose de cette saison assez laborieuse de la série de Nic Pizzolatto, c’est bien la performance de l’actrice (et de Colin Farrell, parce qu’on est fair-play).
Notons que Rachel McAdams s’est tellement investie dans son rôle qu’elle a vomi lors de la scène [SPOILER] de la fusillade à la fin de l’épisode 4 [FIN DU SPOILER].
Voilà pourquoi Rachel McAdams est une actrice sur laquelle il faut absolument compter. J’aurais pu continuer encore longtemps en citant Minuit à Paris de Woody Allen ou À la merveille de Terrence Malick, tellement sa filmographie est longue. Et cette année (ou l’année prochaine), vous pourrez la découvrir dans Spotlight aux côtés de Michael Keaton et Mark Ruffalo dans un rôle qui devrait vous convaincre.
Rachel, change pas, t’es parfaite comme ça.