Préparez-vous pour la bagarre : immersion dans le monde de la boxe féminine

Préparez-vous pour la bagarre : immersion dans le monde de la boxe féminine

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© Eole et Lili

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

Les jumelles Eole et Lili lient art et sport pour interroger la place des femmes dans la boxe et, in fine, dans le monde.

Tous les indices portent à croire qu’on se trouve dans un club de boxe : le sol en damier rouge, le ring en métal, le mur de célébrations orné de photos, la corde à sauter, le timer. On se trouve pourtant dans un lieu d’exposition, imaginé par les sœurs jumelles Eole et Lili Wurm.

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Sportives – puisqu’elles pratiquent, entre autres, la capoeira et la danse depuis une grosse dizaine d’années – et artistes – depuis aussi longtemps qu’elles s’en souviennent –, les deux sœurs de 19 ans ont décidé de rassembler leurs deux passions.

© Eole et Lili

La pratique de la boxe de Lili et son ras-le-bol d’être “la seule fille de son cours” ont poussé le duo à imaginer un projet artistique autour de ce sport de combat et de la place qu’il laisse aux femmes. Les deux artistes ont eu l’idée de recréer une salle de boxe, “avec tout l’imaginaire qui va avec”, tout en travaillant autour de l’histoire de la boxe féminine, “avec son esthétique, sa mythologie”.

“On demandait aux gens des noms de boxeuses, et on se rendait compte que ça sortait très difficilement”, rappellent Eole et Lili qui notent également que l’histoire de la boxe est “quasi inexistante pour tout individu qui n’est pas un homme”. Afin de mettre en lumière les femmes et minorités de genre déjà présentes dans le sport et de rappeler à celles qui ne le sont pas encore qu’elles sont les bienvenues, le duo a monté une expo interactive où le sérieux côtoie le moins sérieux.

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On y trouve des “tatouages semi-permanents où il est écrit ‘Fight’ ou ‘Maman, laisse-moi aller à la boxe’, pas des trucs cucul Malabar” ; un jeu de Wii Boxe où les Mii sont à l’effigie de boxeuses célèbres ou encore un calendrier serti de “toutes les phrases sexistes reçues par Lili pendant ses cours”.

Pièce maîtresse de l’exposition, un ring, construit par les deux sœurs, verra des boxeuses s’affronter à trois reprises : “C’était hyper important pour nous de créer le ring à la main, comme si on construisait nous-mêmes notre safe place de boxe. On l’a construit avec des barres de chantier qu’on a achetées, comme si on construisait une boxe inclusive. Ça se loue, un ring de boxe mais nous, on veut réécrire l’histoire de la boxe avec les femmes et les minorités. Puis, c’était intéressant pour nous de le créer de façon plastique”, énoncent Eole et Lili d’une seule voix.

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Les artistes insistent sur l’importance de traiter du sexisme et du rapport au corps : “Il nous a semblé logique de nous pencher sur les femmes dans le sport et l’impact que cela avait sur leur manière de se mouvoir. Nous parlons de mouvement pour parler de liberté et de libération. Le mouvement soigne et parle”, écrivent-elles.

Notant que “la ‘boxe féminine’ ne se différencie pas dans la pratique, ni dans les capacités ou l’engagement” mais qu’elle “se différencie dans notre contexte social et patriarcal”, les artistes martèlent que “nos corps sont politiques. Le mouvement est politique”. En parallèle de ces constats, elles insistent également sur la nécessité de ne pas tout “trop intellectualiser” : “Notre travail a aussi une grosse part esthétique, c’est important de le rappeler. On veut mettre en place un univers qui peut parler à tout le monde.”

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Odelia, Jules, Léna et Yuma. (© Eole et Lili)

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L’exposition “Boxing Club” d’Eole et Lili a lieu vendredi 10 mars à partir de 14 heures au 4 rue des Chaufourniers, à Paris.