Pour faire son deuil, Valérie Gondran a documenté les “objets de son père”

Pour faire son deuil, Valérie Gondran a documenté les “objets de son père”

Image :

© Valérie Gondran

photo de profil

Par Lise Lanot

Publié le

Vingt ans après la mort de son père, la photographe Valérie Gondran s’est intéressée aux objets qu’elle avait conservés de lui.

Parfois, des gants de travail usés ou des suspensions en plastique plus vieilles que nous se parent d’une charge émotionnelle exceptionnelle lorsqu’ils portent le souvenir d’un être disparu. Des objets lambdas deviennent la preuve qu’un proche décédé a bien un jour foulé la Terre, qu’on a bien partagé son quotidien, que cette personne aimait jardiner, décorer sa maison ou réaliser des films amateurs. Vingt ans après la mort de son père, survenue en 2002, Valérie Gondran est partie à la recherche de ces objets, ceux qui lui rappelaient son père et qu’elle avait gardés chez elle. Deux décennies ayant passé, elle s’est posé la question de pourquoi elle avait conservé ces objets-là en particulier.

À voir aussi sur Konbini

En photographiant chacun de ces objets comme des œuvres d’art, et avec l’aide de l’anthropologue Véronique Dassié, elle s’est interrogée sur ce que ces choix racontaient de sa filiation, de son père et d’elle-même. Grâce à “ce questionnement aussi personnel qu’universel”, le duo invite son lectorat à repenser son propre lien à ces “objets d’affection”, et à “chercher autour de [nous] ce qui [nous] relie à [nos] proches” : “ces manières d’être, ces gestes du quotidien mais aussi ces objets qui nous rappellent celles et ceux qui nous sont chèr·e·s et qui ont tant à nous raconter.”

Les deux bobines de films Super 8 qu’a fait mon père sur nous. (© Valérie Gondran)

Véronique Dassié relève la part d’aléatoire que semblent parfois porter les objets que l’on conserve. Pourtant, développe-t-elle, “si la conservation de nos objets d’affection n’est pas réfléchie, elle ne relève pas pour autant du seul hasard non plus”. Avec son titre descriptif et son inventaire photographique sur fond blanc qui pourrait paraître froid au premier abord, Les Objets de mon père est une réflexion sensible sur les petites choses du quotidien qui nous aident à supporter l’absence, quand les mots ou les larmes ne suffisent pas et que l’inanimé finit par se doter d’une âme éternelle.

Un couteau de cuisine. (© Valérie Gondran)

Son chronomètre. (© Valérie Gondran)

Les deux bobines de films super 8 qu’a fait mon père sur nous. (© Valérie Gondran)

Des gants de travail. (© Valérie Gondran)

Des crochets pour suspendre les décorations de Noël dans le sapin. (© Valérie Gondran)

Des gants de travail. (© Valérie Gondran)

Son chronomètre. (© Valérie Gondran)

Un couteau de cuisine. (© Valérie Gondran)

Couverture des Objets de mon père, de Valérie Gondran et Véronique Dassié, publié aux éditions d’une rive à l’autre.

Le livre Les Objets de mon père, de Valérie Gondran et Véronique Dassié, est disponible aux éditions d’une rive à l’autre.