Pour faire son deuil, une photographe confronte les souvenirs de son père défunt avec ses images

Pour faire son deuil, une photographe confronte les souvenirs de son père défunt avec ses images

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© Moshe Johananoff

photo de profil

Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Dans Mistaken Memories: A Love Letter to My Father, Dalia Johananoff Kenneth crée "un dialogue visuel" entre les souvenirs de son père et ses archives photographiques.

En 2014, Moshe, le père de Dalia Johananoff Kenneth, s’est éteint. En rangeant ses vieilles affaires, vidant sa maison et ses armoires, la photographe israélienne est tombée sur un “trésor oublié de dizaines de milliers de tirages photo pris par lui dans les années 1950-1960, qu’il développait dans un petit espace transformé en chambre noire à son domicile”.

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À la découverte de ces images qui racontaient son père, sa famille mais aussi la société dans laquelle il avait grandi, l’artiste de 63 ans a pris conscience, au moment où elle scannait ces documents, de leur valeur. Ces photos étaient un langage en soi et ouvraient un dialogue entre elle et son père depuis l’au-delà. Ce “dialogue visuel” lui permit d’accompagner son deuil.

© Dalia Johananoff Kenneth

C’est ainsi que Dalia Johananoff Kenneth a eu l’idée de constituer l’ouvrage photographique Mistaken Memories: A Love Letter to My Father à partir de ces mémoires et de ces images, qu’il s’agisse des siennes ou de celles de son père. Elle monte de toutes pièces des conversations imaginaires, crée des correspondances photographiques et colorimétriques. Les époques se confondent, ses propres souvenirs de jeunesse se fondent dans ceux de son père, et les lieux se mêlent.

“Papa était joueur, ne parlait pas beaucoup. Je lui ai montré une fois une photo que j’avais prise. Sa réponse : ‘Pourquoi as-tu coupé la tête, sans laisser de vide ?’ Je pensais qu’il était conservateur et que nous n’étions pas sur la même longueur d’onde. Des années plus tard, je suis étonnée de voir à quel point il était libre et faisait des expérimentations autour de cette règle. J’ai des conversations avec lui que nous n’aurions jamais pu avoir quand il était encore là. J’apprécie notre passion commune pour la photographie de montagne”, écrit-elle dans son livre.

Ravivant leur relation, la voix de son père et l’image de sa mère, ces collages fonctionnent comme les fragments réunis d’une mémoire et d’une chronologie défaillantes, de souvenirs confus, comme cette “lettre d’amour” qu’elle n’a jamais adressée à son père, avant qu’il ne soit plus là.

© Moshe Johananoff

© Moshe Johananoff

Couverture de “Mistaken Memories: A Love Letter to My Father”, de Dalia Johananoff Kenneth, aux éditions Kehrer Verlag.