On vous raconte l’histoire de “P.S.K.”, le premier morceau de gangsta rap de l’Histoire en 1985

50 ans du hip-hop

On vous raconte l’histoire de “P.S.K.”, le premier morceau de gangsta rap de l’Histoire en 1985

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Par Aurélien Chapuis

Publié le

Non, le gangsta rap n’est pas né en Californie, mais bien à Philadelphie.

C’est les 50 ans du hip-hop et on a décidé de vous raconter son évolution et ses moments charnières avec une année, une anecdote.

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Et cette fois-ci, il s’agit de 1985, avec l’histoire du premier morceau de gangsta rap de l’Histoire.

Au milieu des années 1980, un nouveau style de rap se développe, notamment en Californie : le gangsta rap. Très différent de l’ambiance festive ou engagée de l’époque, le gangsta rap met en avant le style de vie des dealers, des braqueurs, des arnaqueurs et des gangs.

6 heures du mat’, la police à ma porte

Souvent nommé comme un des premiers morceaux du genre, “6 in the Mornin'” d’Ice-T décrit le quotidien violent et sans concession d’un hors-la-loi qui se fait réveiller par une descente de police chez lui à 6 heures du mat’.

Sorti en 1986, ce morceau aura une fausse suite, avec quasiment le même flow et la même rythmique, quelques mois plus tard : “Boyz-n-the-Hood” d’Eazy-E, écrit par Ice Cube et orchestré par Dr. Dre. Les trois compères formeront NWA, le gangsta rap en personne. L’impact de “Boyz-n-the-Hood” est tel qu’il deviendra même le nom d’un film de John Singleton quelques années plus tard, un véritable classique.

Mais “6 in the Mornin'” et “Boyz-n-the-Hood” ne sont pas les premiers morceaux de gangsta rap. Pire encore, le gangsta rap n’est pas né à Los Angeles ou en Californie, mais à… Philadelphie, complètement de l’autre côté des États-Unis.

En effet, l’idée de “6 in the Mornin'” émerge dans le cerveau d’Ice-T une nuit de 1985 alors qu’il se trouve dans un club de Santa Monica. Les tubes d’electro-rap s’enchaînent, et soudain, Ice-T prend une déflagration : il entend un morceau, un écho strident, un rythme qu’il n’a jamais entendu, et un mec qui rappe dessus d’une façon étrange. Ice-T dira : “J’ai jamais pris de drogue, mais j’ai l’impression d’avoir pris de la poudre d’ange en musique. Du PCP, un hallucinogène très prisé à l’époque.”

Mais ce qui choque encore plus Ice-T que le son, ce sont les paroles de ce morceau. Le rappeur y parle en boucle de trois initiales, “P.S.K.”, sans en expliquer la signification. Après quelques recherches, Ice-T découvre le nom du rappeur de ce morceau : Schoolly D. Il découvre aussi que “P.S.K.” désigne les Park Side Killers, un gang de Philadelphie auquel Schoolly D est affilié. Lui aussi membre de gang, Ice-T est totalement subjugué par la façon dont Schoolly D parle ouvertement de cette vie dangereuse et illégale. Il prend ça comme le point de départ d’une nouvelle ère du rap et écrit “6 in the Mornin'” avec le même flow que “P.S.K.”.

La culture des gangs en musique

Schoolly est vraiment un artiste à part dans le rap. Il dessine ses propres pochettes de disques, les produits lui-même et les vend de main en main dans les rues de Philadelphie en 1985. Son titre “P.S.K.” devient vite une référence dans la rue, et quand Uncle Luke de 2 Live Crew découvre l’énorme potentiel du morceau, il le fait jouer dans son club à Miami. C’est là que Schoolly D prend vraiment conscience du succès du disque.

C’est ainsi que le gangsta rap s’est propagé, pour finir dans un club à Santa Monica où il influencera Ice-T, puis Ice Cube et NWA. Depuis, le gangsta rap est devenu le genre le plus populaire dans le rap mondial, avec ses stars comme 2Pac, The Notorious B.I.G., Kool G Rap ou 50 Cent. Le gangsta rap devient même le plus gros cliché du rap mondial, avec ses grosses voitures, ses chaînes en or, ses armes et sa violence verbale.

Mais ça, c’est une autre année, une autre anecdote, une autre histoire, un prochain épisode.