On vous raconte Coolio avant la fame, entre humour décalé et electro funk

On vous raconte Coolio avant la fame, entre humour décalé et electro funk

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Par Aurélien Chapuis

Publié le , modifié le

Retour sur la carrière du rappeur Coolio avant son énorme succès mondial. On y apprend son implication très forte dans le rap de Los Angeles.

Le rappeur Coolio est mort à 59 ans. Le monde entier le connaît pour son tube immuable “Gangsta’s Paradise” qui doit beaucoup à la verve de Stevie Wonder et à la voix incroyable de L.V. Mais avant ça, Coolio était un artiste important de la scène californienne depuis le milieu des années 1980. “Gangsta’s Paradise” était l’accomplissement d’une carrière chaotique, entre electro funk et gangsta rap, toujours avec humour et décalage.

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Nu-Skool – “(I Wanna Know) What’s Make You Dance” (1988)

Coolio a passé les années 1980 avec son pote Spoon dans les clubs de Los Angeles. Il en sort plusieurs alias et maxis, écrits et produits à deux, notamment avec le nom Sound Master Crew en 1985. Après un premier maxi en 1987, c’est sous le nom Nu-Skool qu’ils réitèrent avec “(I Wanna Know) What’s Make You Dance”, un morceau electro funk rap comme toutes leurs autres productions.

C’est un genre très à la mode à Los Angeles à cette époque avec des artistes comme Egyptian Lover, Uncle Jamm’s Army, The Unknown DJ, Arabian Prince ou même Dr.Dre et son groupe World Class Wreckin Crew. Sur ce maxi, on distingue déjà la voix de crooner de Coolio mais dans un style beaucoup plus marqué et chanté que ce qu’il fera plus tard. Dans les remerciements du disque, on découvre beaucoup des artistes que Coolio va recroiser dans la fin des années 1980 à Los Angeles : DJ Pooh, King Tee, Roger Clayton, Sweet P… 

Ice Cube – Color Blind feat. Threat, KAM, WC, Coolio, J-Dee & King T

En 1991, Ice Cube est une superstar. Après avoir quitté N.W.A, il réussit une percée incroyable en s’associant avec Public Enemy et le Bomb Squad pour son premier album solo. Derrière, il a un rôle prépondérant dans le film d’une génération Boyz in the Hood. Dans son album qui sort en 1991, Death Certificate, tout le monde attend le nouveau son californien.

Vers la fin du disque, un posse cut “Color Blind” qui invite plein de rappeurs proches de Cube comme Threat, KAM ou King Tee. Au milieu de tout ça, un duo s’illustre : WC et… Coolio. Première grosse apparition du rappeur en mode gangsta et annonce de son nouveau groupe : The Maad Circle.

WC & The Maad Circle – Ain’t A Damn Thang Changed (1991)

Même année, un album important pour la scène californienne, celui de WC et son nouveau groupe Maad Circle. 1990 marque déjà la fin de son duo iconique avec DJ Aladdin, Low Profile, devenu très important malgré leur seul album. Mais le rappeur WC arrive à se retourner très vite en proposant un nouveau collectif composé de son petit frère DJ Crazy Toones, un autre gars Big Gee (on ne sait pas trop ce qu’il faisait honnêtement, peut-être juste des backs) et… Coolio, que WC a connecté pendant sa période electro funk rap.

Résultat, l’album Ain’t A Damn Thang Changed est superbe témoin de l’époque pré-Rodney King de Los Angeles. C’est brûlant, irrévérencieux et corrosif. Coolio y joue le rôle du Joker, moitié dur, moitié rigolo, une sorte de Flavor Flav californien. Coolio ne suivra pas l’aventure Maad Circle pour un deuxième album car il a réussi à décrocher un contrat solo chez Tommy Boy, énorme label de rap à l’époque.

Coolio – Fantastic Voyage (1994)

Sur son premier album solo nommé It Takes A Thief, Coolio s’en donne à cœur joie dans le côté Joker décomplexé du rap californien. En pleine vague G-Funk, Coolio est presque déjà un vétéran alors qu’il vient juste de mettre son nom pour la première fois sur une pochette d’album. Comme il le dira dans le morceau du même nom, Coolio évolue dans un “Ghetto Cartoon”. Il surfe alors sur tous les styles du moment avec un flow très détendu, invitant son pote WC mais aussi J-RO du groupe Alkaholiks sur le très bon “I Remember” qui sample Al Green et ressort son vieux pote Spoon à la production.

Ce premier album déjà bien pop et détendu offre un tube à Coolio, le léger “Fantastic Voyage” reprenant le titre de Lakeside. Avec ce point d’accroche, Coolio commence à être identifié du grand public et de l’industrie du divertissement qui cherche des rappeurs moins durs et clivants que Snoop Dogg, Wu-Tang, Notorious B.I.G. ou 2Pac. Il se retrouve alors sur des bandes-son de films, notamment avec ses potes 40 Thievz pour The Jerky Boys.

Panther – The Points (1995)

Sûrement la plus grosse apparition de Coolio avant le raz de marée “Gangsta’s Paradise”. Sur ce titre pour la BO du film sur les Black Panthers signé Mario Van Peebles, Coolio croise toutes les stars du moment : Notorious B.I.G., Redman, Bone Thugs, Big Mike des Geto Boys ou encore Busta Rhymes. Coolio est en deuxième position juste après Biggie, le tout produit par Easy Mo Bee. Sa présence dans un posse cut comme ça est vraiment le début d’une vraie consécration. Ainsi que le vrai appel d’un système pour lui : poser sur une bande originale de film. Comme on le sait, ça lui réussira pour son futur grand classique.

Pour résumer, la carrière de Coolio avant son énorme succès, c’est de l’electro funk, de l’humour déjanté, du gangsta rap à sa manière et un sens particulier de l’opportunisme.