On vous fait découvrir le rappeur Gen et sa plume amoureuse (mais pas seulement)

On vous fait découvrir le rappeur Gen et sa plume amoureuse (mais pas seulement)

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Par Simon Dangien

Publié le

On a pu discuter avec Gen et on vous dresse son portrait. On parle d’amour, de sa Gennifer, de son parcours et de son admiration pour Isha. Let’s go, "ouhou".

Son troisième projet composé de six titres est sorti ce vendredi 26 mai. “Conçu comme un album”, Gen ne bannit pas non plus le mot “EP” mais préfère parler d’“un album d’amour pas comme les autres” pour définir Gennifer. Plus que ça, le projet est un mélange complexe d’émotions et de ressentis, une musicalité raffinée aux nombreuses références. Gennifer s’apparente à une nouvelle page pour le rappeur qui sort de la musique depuis trois ans maintenant et qui fait partie de ces nouveaux visages du rap d’aujourd’hui et de demain.

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Un duo : Gen et Gennifer

C’est assez tard, sur la fin de la construction de l’EP (ou de l’album, comme vous voulez), que Gen et son équipe se rendent compte que ce qu’ils viennent de pondre est en fait un album d’amour : “En fait, c’est un album de vie et moi, le grand événement de ma vie, c’est que je suis tombé amoureux, donc le fait que ce soit un album d’amour, c’était pas vraiment un choix.” Attention, Gennifer ne parle pas exclusivement d’amour et surtout pas de manière frontale, on est face à plusieurs amours qui créent la majuscule A : “Parler de meuf en faisant du rap, il faut trouver le bon axe, car rapidement tu tombes dans des trucs pas très intéressants.” Gen a trouvé son axe à lui : être le plus sincère possible. À l’image de SA référence sur le plan lyrical, le Belge Isha, en qui Gen retrouve cette sincérité recherchée.

Les six morceaux qui composent Gennifer comportent des aspérités bienvenues, des recoins cachés, voire invisibles, au premier abord. On se sent parfois voyeurs, plongés dans une intimité réelle, touchante et quasi totale. Gen admet : “C’est deep et assez intime ce que je raconte, parfois je rappe des trucs que j’ai pas dit à ma meuf et ça crée des conversations. Mais je sais qu’elle ne m’en voudra jamais pour ce que j’écris dans ma musique.”

Dimension San Juliet

Ce n’est pourtant pas la première fois que Gen s’expose au monde en évoquant son amour, c’était déjà le cas dans son deuxième projet Dog Day et le morceau “No Rnb”, pour ne citer que lui : Je pointe du doigt, je dis que c’est à moi, comme si mon amour faisait la loi”. Mais avec Gennifer, le rappeur de 22 ans a passé un cap, sa relation évolue, grandit, avec la compréhension de certains aspects. Logiquement, cela se ressent dans sa proposition artistique. Un autre élément entre en ligne de compte, cette fois-ci sur le plan musical, avec l’arrivée d’un nouveau membre dans l’équipe : “On a rencontré un compositeur d’electro qui s’appelle San Juliet et qui est très présent sur ce projet-là. Directement, il s’est agrégé au processus de direction musicale et artistique.” Une rencontre qui amène de nouvelles sonorités à la palette de Gen, les possibilités grandissent et font prendre de l’envergure à sa musique. On retrouve aux côtés de San Juliet les proches du rappeur, Seak, Urde, Med Banger et Lenoir.

Le clip de “Gulliver” est sorti quelque temps avant le projet :

Musique radiation

Son pseudo est issu du manga Gen d’Hiroshima de Keiji Nakazawa qui raconte l’histoire de Gen, jeune survivant du bombardement atomique survenu à Hiroshima en 1945.

Gen est né à Château-Thierry, une petite ville près de Reims. C’est à 16 ans qu’il l’a quittée pour la capitale parisienne. Déjà à ce moment-là, il rappe avec son pote d’enfance Puma, bercé par ses premières expériences d’auditeur : Oxmo Puccino, Booba, 1995, “comme tout le monde à l’époque”. Entrant à la fac à Paris, il est contacté par Mehdi (actuellement son producteur) avec qui Gen a partagé plusieurs moments d’enfance dans le passé : “Il avait commencé à monter un studio de musique et, petit à petit, Mehdi a commencé à me produire.” Mehdi, c’est aussi le créateur du label indépendant Les Bains Soif dans lequel Gen évolue depuis qu’il sort de la musique. “Globalement, on bosse qu’entre potes. Je pense que ça fait un peu partie de toute la démarche perso, on bosse avec des gens qu’on aime.” Dans l’entretien, il cite Urde, rappeur et ami qu’il a découvert il y a cinq ans : “Je pense que depuis ce moment, c’est l’une des plus grosses claques de rap que je me suis prises. Il est aussi à la prod du morceau ‘Céline Sallette’ sur le nouveau projet.”

Depuis ses débuts, Gen avance en équipe avec une singularité qui brise les barrières et fait lever le sourcil. Des clips à l’ambiance singulière, juste milieu entre film et réalité : “On veut que ça sonne vrai, authentique.” Avant Gennifer, il a sorti dans l’ordre l’EP Tango fantôme en 2021 et Dog Day en 2022, ainsi que plusieurs singles comme “Blanc des yeux” ou “Mon froid militaire”. Des projets différents qui montrent l’évolution de Gen et qui rassemblent tous la même énergie poétique dont il semble faire preuve à chaque fois de manière assez instinctive.

“Ouhou”, le texte

“Dans mes notes, y a des bêtes de phrases, y a des listes de courses”, écrit Gen dans “Pluto” (un de nos sons préférés de Gennifer avec le morceau éponyme). Ses textes, il les conçoit au quotidien, note des événements, des images et ambiances, et “quand j’ai épuisé tout mon stock de notes, je regarde ce qu’il se passe autour de moi, généralement quand j’écris, je suis dans mon salon, ma copine est à côté, donc j’écris sur ce que je vis et aussi ce qu’il y a par la fenêtre”. “En vrai, moi j’ai pas une vie de ouf, ce que je fais, c’est être avec ma meuf et aller au studio. Ah, j’allais oublier mon taf de merde aussi, je suis serveur dans un restaurant.”

Le rappeur originaire de Château-Thierry indique donner “100 % d’importance à ses textes”, laissant à ses producteurs comme Mehdi et San Juliet 100 % d’importance à la musique. “Ça finit par donner un résultat équilibré. Je suis très sélectif sur ce que j’écris, j’essaie de faire des textes qui comptent pour moi, qui font écho à quelque chose.” Gen est aussi très inspiré par les très nombreux films qu’il dévore, par les musiques, chanteurs et rappeurs qu’il écoute. Musicalement, Gen insiste sur le fait que lui et son entourage ne se ferment aucune porte : “On peut évoluer vers tout, ça va dépendre de ce que l’on découvre, de ce dont on a envie.” Ça tombe bien, les portes semblent grandes ouvertes !

À la fin de l’entretien, Gen l’annonce, Gennifer est la deuxième pièce d’une future trilogie qui mènera ensuite vers un changement de format, mais avant ça, contentons-nous de profiter de ce 6 titres qui devrait nous tenir en haleine pendant encore pas mal de temps, remplissant notre cœur et notre cerveau d’amour(s), mais pas que.