On était au show de Madonna à Paris (et c’était une teuf de zinzin)

L'Accor Arena a eu très chaud

On était au show de Madonna à Paris (et c’était une teuf de zinzin)

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© Kevin Mazur/WireImage for Live Nation

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Par Mélissa Chevreuil

Publié le

Un show sexy et engagé à la scénographie titanesque où tout n’est qu’histoire d’héritage et de fan service.

Madonna, pour moi, c’est un peu une histoire de famille, à l’instar d’une mère. Alors ne vous méprenez pas, j’en ai déjà une qui fait plus que largement le taf, mais justement. Ma vraie mère et Madonna n’ont qu’un an d’écart, et ma maternelle biologique est intimement convaincue qu’elle a croisé ma mère spirituelle lorsque cette dernière était danseuse à Lille aux côtés de Patrick Hernandez. Le pire ? C’est que ça matche côté dates. Depuis, elle lui voue un mélange de fascination, d’admiration, de jalousie (désolée Hacina mais avoue-le) ainsi que de curiosité. Mon reuf, lui, m’a tout appris de la papesse de la pop : il m’a prêté une bio que je lisais en cours (à chacun ses priorités) et m’a aussi fait regarder In Bed with Madonna, coulisses cultes de sa tournée “Blond Ambition Tour” où elle arborait avec fierté le désormais iconique bustier pensé par Jean Paul Gaultier. Bref, Madonna Louise Ciccone, c’est la mif et il était donc indispensable d’aller la voir lors de sa première date (sur quatre !) à l’Accor Arena, ce dimanche 12 novembre.

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J’ai besoin d’un massage cardiaque

Je ne ferai pas durer inutilement le suspense plus longtemps : mais quelle dinguerie ! Ce concert se classe en numéro 1 de tous ceux que j’ai pu voir au gré de ma petite vie sans aucune discussion ou débat possible. Alors certes, il n’est pas dénué de quelques écueils. Diva oblige (ou problème technique, c’est selon), la pop star est arrivée avec plus de 1 h 30 de retard. Mais l’attente en valait la peine, tant chaque seconde de ce show dantesque de presque 2 h 30 est tatouée dans ma cervelle à l’encre indélébile. Pour rappel, ce “Celebration Tour”, puisque c’est son nom, n’accompagne pas la sortie d’un disque en particulier. Il s’agit plutôt de célébrer les quatre décennies de l’artiste prolifique qui a ouvert la voie à toutes les artistes que vous poncez allègrement aujourd’hui (Britney Spears, Lady Gaga, Miley Cyrus et même Dua Lipa, qui a récemment fait un petit clin d’œil à “Hung Up” dans le clip de “Houdini”). Il serait même inexact de parler de concert, tant il s’agit plutôt d’un spectacle et d’un voyage dans le temps, le tout chapeauté par un figaro cinq étoiles, à savoir Bob the Drag Queen – une légende dans le domaine.

Le dernier jour du disco avec Mado (Kevin Mazur/WireImage for Live Nation)

La setlist est pensée pour régaler les fans de la première heure. Pêle-mêle et parfois de façon très revisitée, sont scandés “Holiday”, “Into the Groove”, “La Isla Bonita”, “Like a Prayer”, “Rain” ou encore “Bitch I’m Madonna”. Les spectateurs, venus de tous les continents, peineront à rester dans leur siège côté gradins où je me situe justement – à part peut-être quelques confrères aigris, à qui je n’en veux pas, même si j’avoue avoir du mal à comprendre. De mon côté, impossible de rester neutre malgré mon habituelle poker face et mon sempiternel balai dans le derrière. Je ne sais plus où donner de la tête tant la mise en scène est une zinzinerie : il y a des écrans de partout, tout le temps, on se croirait au Super Bowl. Madonna y est à la fois chanteuse mais aussi meneuse de revue, accompagnée d’une équipe de danseurs dont le talent mérite un massage cardiaque. Tantôt, le côté gauche de la scène se transforme en plaque tournante (littéralement), façon club avec la boule disco en guise de lustre. À droite, arrivent des rings de boxe, propices à une partie plus intimiste et (très) sexy. Et on n’en dévoilera pas plus, de peur de spoiler celles et ceux qui feront les prochaines dates, mais il est concrètement impossible de s’ennuyer.

Pluie d’hommages, engagement et signe de feu

Après tout, on ne s’ennuie jamais avec un signe de feu – vous me voyez venir avec cette transition bancale, Madonna est Lion et ça se sent. Le spectacle est un poil narcissique, mais dans le bon sens du terme. La chanteuse donnera la réplique à bien des reprises à des avatars de son passé, disant à sa version débutante arrivée à New York avec seulement quelques billets verts en poche qu’elle est “fière d’elle”, ou en se masturbant avec une autre version d’elle-même, preuve d’une estime de soi complète. Et gare à ceux qui penseraient que tout n’est que provoc gratuite et facile. Madonna reste Madonna, c’est-à-dire engagée, féministe, pensant à égratigner la police juste ce qu’il faut, à évoquer la situation au Congo, à apporter son soutien à la commu LGBTQIA+ (“don’t hide your pride” apparaissant régulièrement sur les écrans, et puis elle n’a jamais caché sa bisexualité, ouvrez les yeux please). Elle met la lumière sur de multiples inégalités et rend hommage à ses amis disparus. Comme quand elle reproduit façon pièce de théâtre un moment humiliant pour son ex-amant Jean-Michel Basquiat, qui a été refusé d’une boîte de nuit – et qui sonne toujours très 2023, hélas.

Pluie d’hommages au cours de la soirée (Photo by Kevin Mazur/WireImage for Live Nation)

D’autres hommages ne manqueront d’ailleurs pas de ponctuer toute la soirée, notamment à Michael Jackson, ami à qui elle n’a “jamais su dire au revoir”, en imaginant un mash-up fantasmagorique pour n’importe quel fan de pop, ou “Like a Virgin x Billie Jean”. Plutôt prolixe pour une star de son calibre, et en bonne maman Lion, elle pensera également à remercier ses enfants, également présents sur scène (et talentueux, purée), qui ont été son remède lors de son récent souci de santé qui lui a valu de décaler quelques dates. Quelques mauvaises langues pariaient d’ailleurs sur le fait qu’elle ne puisse honorer sa tournée, ou du moins cette première date parisienne, âge ou fragilité oblige. Malgré son timbre de voix vieillissant et parfois chevrotant, ses pas hésitants à certains moments, elle leur aura prouvé le contraire au cours de cette cérémonie digne d’une rave-party toute à sa gloire. Si, à 65 piges, je suis capable de faire le dixième de ce qu’elle sait faire, c’est-à-dire voler dans les airs en chantant, simuler du tribadisme ou dominer des mâles alpha devant 20 000 personnes puis danser près des flammes… alors je peux accepter mes futures rides en paix*. Oh, et vous l’aurez sûrement compris à travers mon nombrilisme, j’ai moi-même la Lune en Lion. L’héritière de Madonna, je vous dis.

*C’est faux, je suis accro à la skincare coréenne à base de collagène et d’acide hyaluronique, mais ça, c’est toute une histoire que je vous raconterai une autre fois. Ou pas.

“The Celebration Tour” à l’Accor Arena, les 12, 13, 19 et 20 novembre 2023.