On a classé (objectivement) tous les films de Michael Mann, du moins bon au meilleur

On a classé (objectivement) tous les films de Michael Mann, du moins bon au meilleur

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(© BAC Films / United International / Warner Bros.)

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Par Arthur Cios

Publié le

L’un des plus grands réalisateurs de l’Histoire est de retour avec Ferrari, alors on regarde dans le rétroviseur.

Vous allez lire beaucoup d’emphase dans ce classement. Logique : Michael Mann est un des cinéastes des plus importants de sa génération et les trois quarts de ses longs sont des pépites. Rendez-vous compte que sur 12, nous ne sommes sceptiques que sur deux. C’est vraiment peu.

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À l’occasion de la sortie de Ferrari sur Prime Video, on se penche sur son œuvre et vous ne serez pas déçus du voyage.

#12. La Forteresse noire (1983)

Le seul pas de côté du cinéaste. On lui pardonne, vu l’immense carrière, mais quand même : des nazis face à des zombis dans un château en Roumanie sur fond de Tangerine Dream, ça ne pouvait être que kitsch et ça l’est.

#11. Public Enemies (2009)

On commence à attaquer le dur puisque à partir de maintenant, on ne parle que de bons films, voire de très grands films. Si celui-ci est dernier, ce n’est pas pour sa mise en scène particulièrement maîtrisée ou le jeu d’acteur (Depp est excellent et Cotillard complètement convaincante) mais plus pour son scénario, plus léger qu’il n’y paraît (en tout cas, qui ne creuse clairement pas assez la psyché des persos, et semble assez peu profond).

C’est sans parler de l’image numérique, passionnante quand Michael Mann la découvrait, mais qui ici laisse un goût étrange en bouche — comment d’aussi belles images peuvent-elles coexister avec d’autres semblables à un vieux making of ?

#10. Hacker (2015)

Le vilain petit canard. Échec au box-office, mal aimé des fans et du public et qui a failli arrêter net la carrière de l’immense cinéaste. Il est injustement boudé parce qu’on parle quand même d’un thriller angoissé, en avance sur son temps, qui parle de l’Amérique post-11 septembre sur fond de traque et avec un Chris Hemsworth nous rappelant que quand il n’est pas un Dieu nordique, il peut incarner la tension. Et Tang Wei, bordel.

#9. Le Dernier des Mohicans (1992)

Michael Mann n’est pas beaucoup sorti du thriller contemporain donc quand il le fait, cela peut décontenancer. Surtout pour un film peut-être un peu moins cher à son cœur, moins personnel. Mais purée, quelle maestria. Certaines séquences sont parmi les plus belles de la filmo de Mann, Daniel Day-Lewis toujours aussi impliqué dans ses rôles, et cette BO, bon Dieu.

#8. Le Sixième Sens (1986)

Un proto Heat, trop peu connu et reconnu et en réalité bien plus intéressant que toutes les autres représentations à l’écran d’Hannibal Lecter — on parle de l’enquête et de tout le reste, pas d’Anthony Hopkins qui reste à jamais le meilleur. On a l’impression de voir naître sous nos yeux le thriller traque du vrai “serial killer”. Passionnant.

#7. Ferrari (2024)

C’est plus qu’un film sur Enzo, comme son nom pourrait l’indiquer, alors même que le personnage incarné par Adam Driver est l’archétype même du héros Mannien : un héros, seul face au monde, face à l’immensité d’un monde qu’il ne comprend plus forcément, avec une réelle méfiance des institutions et une attache au couple. Il s’agit peut-être de son plus classique, faussement de son plus timide, mais du pur Mann. Le voir revenir quasi 10 après l’échec de Hacker rassure sur le fait que papy Mann a certes 80 ans, mais encore toutes ses dents.

#6. Le Solitaire (1981)

Difficile de ne pas voir dans ce premier film et dans ce portrait d’un voleur parfaitement incarné par James Caan, une sorte d’ébauche à ce que sera le personnage de Robert de Niro dans Heat. Mais c’est bien plus que ça, c’est une vraie réflexion sur le braqueur et le film de braquage, où l’on s’intéresse plus à la préparation qu’au crime et où il décrit quasiment Frank comme un employé d’usine — permettant à Mann de critiquer amèrement l’American dream. Pour un premier long, il est fichtrement impressionnant.

#5. Ali (2001)

Du genre de biopic qui, par principe, nous fait lever les yeux au ciel d’avance. Sauf que Mann nous pond la preuve qu’un film à Oscars peut avoir de la gueule, de la vie et s’inscrire dans une filmographie plus globale. Du 100 % pur Mann (le cadrage, certaines séquences dont celle d’introduction, les gros plans sur Will Smith), bien plus fort que dans vos souvenirs, on vous le garantit.

#4. Miami vice : Deux Flics à Miami (2006)

Le chef-d’œuvre incompris. N’oubliant pas d’où part Mann (il a participé à la création de la série originelle), le cinéaste modernise totalement le visuel si particulier de Miami et, en même temps, nous pond un pur épisode de Miami vice — avec une trame plus profonde et plus sérieuse, prise au sérieux en tout cas. Dense, riche, peut-être le plus beau film numérique de l’Histoire ? Et le meilleur rôle de Colin Farrell ? Pfiou.

#3. Collateral (2004)

Ce n’est peut-être pas anodin que l’un des meilleurs rôles de Tom Cruise soit l’un des plus opposés parmi ceux pour lesquels on le connaît (le héros super patriotique à la Top Gun ou l’espion le plus sérieux du monde dans Mission impossible) — en l’occurrence, celui d’un méchant, un vrai. Le tout, sublimé par un high concept (ce que Mann n’a qu’assez peu exploité) parfait et poursuivant la recherche du cinéaste dans le numérique, qui capture parfaitement l’étrangeté de la nuit. Rarement considéré à sa juste valeur.

#2. Révélations (1999)

C’est fou qu’encore aujourd’hui, 25 ans après sa sortie, le grand public ne réalise que l’une des plus grandes œuvres de Michael Mann, et sans doute l’un des meilleurs thrillers paranoïaques (pour ne pas dire le meilleur). Russell Crowe est d’une justesse sans pareille, Al Pacino est encore au sommet de son art dans la deuxième partie de sa carrière, et un réalisateur qui tente, expérimente, s’aventure dans des territoires qui lui sont inconnus. Comment peut-on générer autant de tension avec aussi peu d’éléments ? Une leçon de cinéma, rarement considérée comme telle.

#1. Heat (1995)

Que dire ? Le polar, avec un grand P. Jamais un film n’a aussi bien creusé le filon du portrait du flic et du criminel, côte à côte. De la traque aussi symbolique que figurative. Un type de film devenu rare, comprendre intelligent, subtil, qui ne prend pas son spectateur pour un demeuré, et pourtant généreux. Et puis, la rencontre (ou pas, justement) entre De Niro et Pacino. Brillant, de bout en bout.