En 1924, Paris accueillait les Jeux olympiques d’été. Cent ans plus tard, la capitale a été désignée ville hôte des prochains jeux d’été de 2024 et la Villette, “Live Site” officiel. Ce lieu s’est donc naturellement imposé à Frédéric Ferrer, auteur, acteur, metteur en scène et géographe, pour célébrer l’anniversaire de cette date symbolique.
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À cette occasion, il a décidé de décortiquer l’olympisme et tout ce qu’il convoque dans de drôles de conférences-spectacles décalées, proposées sous forme de représentation unique dans une course de fond qui l’emmènera jusqu’aux JO de 2024.
Frédéric Ferrer a fait de ces OVNI scientifico-théâtrales sa spécialité. Il pense ses spectacles à partir de sources documentaires et d’enquêtes de terrain, de collaborations avec les chercheurs et les praticiens des territoires investis par les questions qu’il choisit de mettre en scène. Avec Olympicorama, sa dernière création, il a pris en 2019 le départ d’une course d’endurance qui durera six ans.
Flexion et extension
L’an dernier, nous assistions donc à une expérience scénique totalement nouvelle où il a été question de pied d’appel, de ciseaux, de rouleaux, de costal et de ventral, de Fosbury, d’impulsions et de flexions. C’était alors au tour du 100 mètres d’être mis à l’épreuve.
Sur scène, un dispositif de conférence des plus classiques, avec un ordinateur, un écran et un Powerpoint suranné de type Windows 98, qui deviendra rapidement le principal ressort comique du spectacle. Au centre, un Frédéric Ferrer qui emprunte tous les codes des conférenciers, de la gestuelle aux tics de langage, en passant par des digressions permanentes et hilarantes.
Le fond, lui, oscille entre l’absurde et la rigueur scientifique. Frédéric Ferrer nous livre un point de vie totalement inédit sur le sport qu’il a choisi d’aborder ce jour. Entre anecdotes, faits historiques et analyse scientifique, il nous apporte un éclairage totalement nouveau sur la discipline sportive du jour, sans tentative d’exhaustivité.
“Nous courrons ainsi d’Olympie à Paris, sauterons de 776 avant Jésus-Christ à 2024, impulserons de nouveaux liens entre les disciplines et les mots, les choses et les exploits, enjamberons allègrement les dieux, les stades et les haies qui ne manqueront pas de se dresser, lancerons des dés et des invitations à des grands témoins, et lutterons contre le temps et l’épuisement, grâce à un entraînement adapté, et une pratique régulière jusqu’en 2024.”
Avec Olympicorama, nul besoin d’être un féru de sport pour y trouver son compte. C’est rigoureusement scientifique et pourtant totalement accessible. Si on a une confiance totale en la véracité de ses propos et des thèses qu’il avance, son second degré nous laisse pourtant toujours dans une sorte de flou, partagé entre le rire et le doute.
Fleuret et mi-mouche : 4 ans, 24 disciplines
Olympicorama, ce sera donc six ans, sept saisons et 24 disciplines olympiques (soit 7,84 % des épreuves d’été) étudiées, explorées et disséquées. En saison 1, Frédéric Ferrer a autopsié le lancer de disques et le 400 mètres. En saison 2, il a mis en jeu le saut en hauteur, auquel nous avons assisté et le 100 mètres.
En saison 3, il questionnera le marathon, le tennis de table (un spectacle qui promet un beau moment de Kamoulox, entre raquette, celluloïd, sidespin, contretop et Mao Zedong) et le handball.
Ses conférences-spectacles seront toutes construites sur le même modèle : une première partie d’analyse et de vulgarisation et un deuxième temps consacré à un échange avec l’invité-surprise du jour, bien souvent un champion dans sa discipline.
Nous avons eu droit, pour notre part, au retour d’expérience de Mélanie Skotnik, plusieurs fois championne de France du saut en hauteur et recordwoman française avec 1,97 mètre. Retraitée depuis quatre ans, elle a néanmoins réenfilé son short en lycra pour une démonstration sur la petite scène de la Grande Halle de la Villette.
Si chaque conférence ne sera présentée qu’une seule fois, chacune peut se voir indépendamment, sans entrave à la compréhension du sujet.
Fleuret et sabre, keirin et poursuite en équipe, 4 de couple sans barreuse et le canoë-slalom bi-place, super mi-moyen et mi-mouche, voici un aperçu du programme à venir. Comment sélectionne-t-il les sports qu’il observe par le prisme de son absurde microscope. Le mystère reste entier.
Article écrit le 4 octobre 2019, mis à jour le 28 septembre 2020