Le Mulan de Niki Caro, dont la sortie est prévue pour le 25 mars prochain, devrait prendre quelques libertés scénaristiques et s’éloigner du dessin animé original de 1998. La découverte de la bande-annonce et des grands absents de ce remake avait d’ailleurs suscité de nombreuses critiques de la part de fans du dessin animé et des puristes de Disney.
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Si l’enfant des années 1990 qui sommeille en nous est inévitablement déçu·e, on ne peut s’empêcher de se réjouir de cette nouvelle. Car après une pléiade de suites et de remakes, Disney fait enfin preuve d’ambition en décidant de pas réaliser une pâle copie du film original (coucou Le Roi Lion).
Le respect de la tradition chinoise
Si, dans la bande-annonce, on peut apercevoir quelques personnages inédits, notamment une sorcière cheffe des Huns – qui ne seront d’ailleurs pas des Huns mais des Rourans –, c’est surtout la suppression de plusieurs personnages iconiques du dessin animé que l’on retient. Pour son remake, Niki Caro a décidé de se passer de la présence de Mushu, le petit acolyte dragonesque de Mulan, qui apportait pourtant tout son sel au dessin animé.
Mais un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Mulan s’inspire de la légende de Hua Mulan et, pour ce remake, Disney a préféré être fidèle à la tradition chinoise afin de présenter une histoire crédible à toute son audience, qu’elle soit internationale ou issue d’une Chine traditionnelle. Et par le prisme de la culture chinoise, le petit dragon était assez peu respectueux de la tradition.
“Le dragon est symbole de respect, de force et de pouvoir. Le présenter comme l’acolyte un peu idiot de Mulan risquait donc de froisser l’audience chinoise traditionnelle”, a expliqué le producteur Jason Reed à Collider.
Pas de Mushu donc, ni de Cri-Kee porte-bonheur. Mais Mulan devrait cependant être accompagnée d’un autre compagnon mythologique qui s’inscrit dans le respect de l’imaginaire chinois.
C’est également pour coller à cette réalité culturelle que Mulan ne coupera pas ses cheveux avant de partir en guerre. Si elle se fera bel et bien passer pour un homme, elle sera un homme à la chevelure abondante car, traditionnellement, les guerriers chinois avaient les cheveux longs.
Un univers plus réaliste privé de ses chansons cultes
À la différence du Roi Lion par exemple, le remake de Mulan en prises de vue réelles met en scène des humains, dans un “festival d’arts martiaux au féminin” qui devrait en faire un film “extrêmement musclé”, selon la réalisatrice. Tout ne pouvait donc être transposé de l’animé au film sans entraver la crédibilité du récit que souhaite livrer Niki Caro.
La réalisatrice a choisi de mettre l’accent sur le côté guerrier de Mulan et a décidé d’exclure les chansons, pourtant cultes, du dessin animé. Exit “Comme un homme” ou “Honneur à tous”, donc. Mais ces chansons ayant un véritable intérêt scénaristique, elles seront sans doute transposées différemment dans l’univers du remake ou seront peut-être présentes dans leur version instrumentale.
“Il y a de nombreuses chansons cultes dans le film d’origine qui livrent toutes leur version de l’histoire et qui nous ont été utiles pour construire le scénario. Mais c’est plus facile dans l’animation d’arriver à maintenir une certaine tension et de rester ancrée dans une réalité tout en s’autorisant des personnages qui vont soudainement se mettre à chanter. Nous avons pris la décision de mettre en scène un univers qui – bien qu’imaginaire – soit également terre à terre et réaliste”, explique Jason Reed.
Li Shang à l’ère post-#MeToo
L’autre grande absence très remarquée est celle du capitaine Li Shang, qui n’apparaît pas dans la bande-annonce de la version 2020 de Mulan. Prince d’un genre nouveau, il était très apprécié des fans du film et a également été érigé en icône bisexuelle. Le lien très ambigu qu’il noue avec Ping, l’alter ego masculin de Mulan, en fait un personnage précieux, notamment pour la communauté LGBTQ+.
Mais en étant plus gradé, Li Shang était également le supérieur hiérarchique de Mulan et les scénaristes ont préféré revoir cette relation à l’aune du mouvement #MeToo et de la remise en question des relations de pouvoir. “Je pense que dans le contexte actuel du mouvement #MeToo, avoir un commandant qui est également le love interest de Mulan nous mettait mal à l’aise, ça nous a semblé inapproprié”, argumente Jason Reed.
Les scénaristes ont donc choisi de créer deux personnages pour remplacer le capitaine Li Shang. Donnie Yen incarnera le commandant Tung, qui sera une sorte de mentor pour Mulan et lui enseignera le combat. Yoson An sera quant à lui Chen Honghui, qui va se lier avec l’héroïne tout en étant son égal dans l’armée. Mais les aventures amoureuses de Mulan n’étant visiblement pas la priorité de ce film, on ne sait pas quels sentiments développeront Hua Jun/Mulan et Chen Honghui, car ce dernier est absent de la bande-annonce.
La famille de Mulan va également changer de configuration. Mulan, qui était fille unique dans le dessin animé, aura une sœur dans le remake et sera privée de sa grand-mère, absente du film de Niki Caro.
Cet ambitieux remake se veut donc être une version beaucoup plus réaliste de La Ballade de Mulan, le poème chinois du Ve siècle qui a inspiré le dessin animé de 1998.