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J’ai écouté pour la première fois l’album Si Dieu veut… de la Fonky Family

J’ai écouté pour la première fois l’album Si Dieu veut… de la Fonky Family

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Par Benjamin Mangot

Publié le

J’ai découvert un classique du rap français sorti… un an et demi avant ma naissance. Voici ce que j’en pense.

J’ai 23 ans, et environ trois quarts des musiques de mes playlists sont des titres de rap. Si je n’ai découvert le rap game que dans les années 2010 avec des artistes comme Lacrim, Booba, Soprano ou Damso, je suis conscient que si la scène rap a pu se diversifier et prendre une telle ampleur, c’est grâce à ses piliers, parmi lesquels NTM, IAM ou encore la Fonky Family.

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Hormis quelques titres en vrac, je ne m’étais jamais plongé entièrement dans un des albums “classiques” de ces légendes du rap français… jusqu’à maintenant. Pour fêter les 25 ans de l’album Si Dieu veut… de la Fonky Family, j’ai écouté ce monument et je vous livre mon impression.

À Marseille, c’est le collectif qui compte

Ce qui marque très rapidement, c’est qu’il s’agit d’un album conçu collectivement, par un groupe, par une famille. Il y a une connexion puissante entre les différents éléments de la FF, un collectif solide avec des personnalités fortes. Le premier atout, c’est la composition musicale réalisée par le légendaire producteur Pone. C’est un maître dans l’art du sample, je place sans hésitation ses instrus (complétées par les scratchs de DJ Djel) comme les piliers de cet album. Ensuite, il y a ceux qui posent les textes : Don Choa, Menzo, Sat et le Rat Luciano. Je les décrirais comme des rappeurs techniques à la rime percutante. Ils ont un style propre à chacun et ça fait la force du collectif. Il y a aussi ces passe-passe incroyables (comme on n’en fait plus), à l’image du deuxième couplet de “La furie et la foi” de Menzo et Sat.

L’attachement à la ville de Marseille est aussi un élément important de l’album. Si Dieu veut… c’est l’affirmation d’un rap marseillais, d’une culture hip-hop qui n’a rien à envier à celle de la capitale ou des États-Unis – même si elle en tire quelques inspirations. C’est quelque chose qui se ressent dans les textes, notamment par l’utilisation fréquente d’expressions et de mots d’argot propres à la cité phocéenne, mais aussi par les nombreuses références à la ville et à ses quartiers.

Quel héritage ?

En écoutant cet album, j’ai trouvé pas mal de différences avec le rap post-années 2010. Dans ses paroles, j’ai ressenti que la Fonky Family se place comme porte-parole d’une génération et d’une certaine “France d’en bas”. Cela passe par un rap engagé. Le groupe n’hésite pas à taper sur le gouvernement et se dresse contre l’extrême droite : “Le front nazi accroît son score, des colleurs d’affiches se sentent forts et laissent un pauvre jeune mort”. Des messages politiques qui sont complétés par des messages d’espoir : “La solidarité, j’crois qu’il y a plus que ça pour nous sauver”. Aujourd’hui, je trouve que le rap engagé s’est largement estompé, laissant une place plus importante à l’ego trip et, souvent, à l’effacement du message pour en laisser une encore plus grande à la musicalité.

On trouve tout de même des points communs avec le rap actuel, avec de nombreuses références au cinéma, comme lorsque le Rat Luciano nous dit qu’il “manie le mic, l’ami, comme Many manie le flingue dans les rues de Miami”, en référence à Scarface, ou qu’il affirme que s’il “doit finir à genoux, autant refaire Montana Tony”.

Pourquoi je ne relancerais probablement pas l’album en entier

Même si j’ai apprécié découvrir cet album, je ne pense pas (pour l’instant) me relancer dans une écoute entière. Cependant, quelques titres ont rejoint mes playlists. D’abord, l’album est long (1 h 11 d’écoute) et les titres aussi. Sans compter les versets/interludes, la durée moyenne d’un son est d’environ cinq minutes, soit une éternité par rapport à aujourd’hui où les morceaux durent rarement plus de quatre minutes. Mon oreille n’est pas vraiment habituée à cette longueur et j’avoue avoir ressenti une certaine redondance (voire une lassitude) à certains moments de l’album.

L’une des autres raisons est que l’album a 25 ans, les paroles ont pris de l’âge et certaines ont très mal vieilli. Ce qui est raconté, c’est la fin des années 1990. Certaines références ne me parlent pas et font que Si Dieu veut… est un album qui s’inscrit dans son époque. Il est sans doute intemporel pour ceux qui l’ont vécu mais difficile à appréhender pour ceux qui sont arrivés après. De plus, certaines paroles, qui n’ont pas forcément dérangé en 1998, sont aujourd’hui assez choquantes, complètement en dehors du temps et très agressives envers certaines communautés. Ça freine la réécoute actuelle.

Mon top 3 :

3. “Cherche pas à comprendre” (le sample est ouf)

2. “Tu nous connais” (maintenant oui)

1. “La furie et la foi” (pur banger)