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Entretien : qui est Bibi Bourelly, la jeune Berlinoise qui a conquis les États-Unis ?

Entretien : qui est Bibi Bourelly, la jeune Berlinoise qui a conquis les États-Unis ?

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Par Naomi Clément

Publié le

Remarquée pour avoir écrit l’énervé “Bitch Better Have My Money”, Bibi Bourelly dévoile aujourd’hui son premier projet solo. Et elle n’a rien à envier à Riri.

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Son nom ne vous est peut-être pas encore très familier, pourtant, Bibi Bourelly a violemment secoué le petit monde de la musique l’année dernière. En 2014, à seulement 19 ans, cette jeune auteure-compositrice-interprète d’origine allemande a écrit “Bitch Better Have My Money” de Rihanna, un des morceaux qui a le plus marqué l’industrie US en 2015.

Un jour nous étions dans un studio de Los Angeles où j’avais l’habitude de travailler avec le producteur Deputy, et on s’est dit : ‘Pourquoi on écrirait pas un son pour Rihanna ?’, sans vraiment trop y croire…“, nous raconte-t-elle à l’autre bout du fil.

Malgré ce manque d’optimisme, le titre a bel et bien fini par parvenir aux oreilles de Riri, qui a décidé de l’interpréter. La suite, vous la connaissez : en un rien de temps, “BBHMM” est devenu l’hymne de nos soirées énervées, bientôt mis en lumière par un clip sanglant qui cumule aujourd’hui près de 90 millions de vues sur YouTube.

Rihanna, Lil Wayne, Usher…

Le succès instantané de “BBHMM” a ouvert d’autres portes à Bardriia ‘Bibi’ Bourelly (de son vrai nom), qui a par la suite imposé sa voix sur les morceaux “Without You” de Lil Wayne, “Talk To Me” de Nick Brewer, “Chains” d’Usher (aux côtés de Nas, rien que ça), écrit pour Selena Gomez et participé au huitième album de Rihanna, Anti, pour lequel elle a concocté, en trente petites minutes, les paroles du puissant “Higher”.

Mais loin de se vanter de ce tableau de chasse flamboyant, qui ferait tourner la tête à plus d’un nouveau venu, la jeune artiste semble quelque peu mitigée, désireuse de “réussir par [elle]-même” et visiblement encore affectée par la tempête médiatique qui s’est inévitablement abattue sur elle après sa collaboration avec la Barbadienne.

Cette immense vague d’attention m’a à la fois ravie et énervée, nous confie-t-elle, parce que ça me rend triste de constater que les gens s’intéressent à toi juste parce que tu es associée à un gros nom ou à un gros label [elle est signée chez Def Jam, ndlr], sans vraiment s’intéresser à l’âme de ta musique.”

Et de poursuivre, davantage virulente :

“Bien sûr, c’est incroyable d’avoir fait ‘Bitch Better Have My Money’, parce que c’est une putain d’opportunité, mais en fin de compte, Rihanna et Kanye West [qui a produit le titre, ndlr] sont juste des personnes !

C’était super flippant de voir mon nom tourner dans de nombreux médias, très intimidant même… C’était vraiment… too much. D’autant plus que j’ai été une fille qui a passé des années à ne pas être acceptée, à ne pas être écoutée, à ne pas être remarquée.”

“J’étais vraiment une merde à l’école”

Bibi Bourelly semble garder un souvenir légèrement amer de son adolescence, notamment de ses années passées à l’école. À travers “Ego”, le titre phare (un temps classé deuxième du Spotify Viral Charts américain) de son premier EP Free the Real, la chanteuse souligne sa volonté d’authenticité et de non-conformisme, qu’on lui a parfois reprochée durant sa scolarité :

“They want me to be this picture-perfect girl
In a little picture-perfect world
But I cuss when I talk, and I lean when I walk
And I’ve been through some shit and I’ve gained and I’ve lost
And all of the teachers used to keep me after the class
Behind the school bleachers suckin’ on cigarettes
I’m out of the norm since the day I was born
And I put this on life, I won’t ever conform”

Depuis “Riot”, son tout premier single sorti en avril 2015, jusqu’à cet EP réussi, Bibi Bourelly divulgue des textes basés sur son expérience personnelle, notamment sur des moments de vie passés à Berlin, sa ville natale, qu’elle a dû quitter relativement jeune. Je n’aimais vraiment pas les cours… genre vraiment pas. Du coup, comme j’étais vraiment une merde à l’école, j’ai dû partir à Maryland, dans l’État de Washington aux États-Unis, à l’âge 16 ans, pour finir mes études (parce que je ne pouvais pas les finir à Berlin). Avec le recul, je crois que j’ai appris différemment, loin des voix traditionnelles de la scolarité.

“Je veux juste délivrer la vérité”

Bibi Bourelly n’hésite pas à revendiquer cette éducation artistique, inculquée par une mère (aujourd’hui décédée) à la tête du département d’art de la “House of the World’s Cultures” de Berlin et un père guitariste, que l’on retrouve d’ailleurs sur la troisième piste de son EP, “Guitar”.

Mes parents m’ont fait écouter une multitude de choses, je n’ai jamais écouté un artiste ou un genre en particulier, souligne-t-elle, un brin de nostalgie dans la voix. Je crois que c’est de là que vient mon habileté à aimer énormément de genres musicaux, à ne pas choisir. J’écoutais juste de la musique, en fait. De la musique qui venait de plein d’artistes et de pays différents : de la soul, de la folk, de la pop...”

Cette grande marmite musicale, dans laquelle elle a été plongée “avant qu'[elle] ne puisse [s’]en souvenir“, a laissé son empreinte sur Free the Real, dont les cinq titres naviguent avec aisance entre soul, R’n’B, hip-hop et rock.

Loin de vouloir s’enfermer dans une case, Bibi Bourelly préfère ainsi qualifier sa musique de “brute, sincère et émouvante“. “J’ai nommé mon EP Free The Real parce que toute ma vie, j’ai dû me battre pour me montrer sous mon vrai jour, raconte-t-elle avec conviction. C’est parfois difficile de ne pas être influencée par les ego et les opinions personnelles des gens qui vous entourent.” Et de conclure :

“Je veux juste délivrer la vérité qui se cache à l’intérieur de moi-même, mais aussi à l’intérieur des autres. À mes yeux, être vrai et honnête est la seule façon d’avancer, de réussir.”

Jusqu’ici, son instinct a été plus que payant.

Bibi Bourelly sera de passage au festival des Eurockéennes, du 1er au 3 juillet prochain.