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Des roses blanches au discours féministe de Janelle Monáe : la soirée engagée des Grammy Awards

Des roses blanches au discours féministe de Janelle Monáe : la soirée engagée des Grammy Awards

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Par Naomi Clément

Publié le

Trois semaines après la cérémonie des Golden Globes, les artistes américains se sont à nouveau unis dans la lutte contre le harcèlement sexuel.

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Les cérémonies de récompense seraient-elles devenues le nouveau terrain d’expression politique des artistes américains ? C’est en tout cas ce que laissent entendre les derniers évènements en date. Trois semaines après la soirée mémorable des Golden Globes, pour laquelle de nombreux artistes s’étaient vêtus de noir en signe de solidarité avec les mouvements Time’s Up et #MeToo, plusieurs célébrités ont affiché leur soutien pour la lutte contre le harcèlement sexuel en arborant une rose blanche sur le tapis des Grammy Awards, qui se sont tenus à New York.
Comme nous l’expliquions la semaine dernière, l’idée d’arborer ces fleurs aux Grammy Awards a été lancée il y a quelques jours à peine par Meg Harkins et Karen Rait, deux cadres de Roc Nation, inquiètes de voir que le monde de la musique restait relativement silencieux face au scandale de l’affaire Weinstein. Interviewée par Billboard, Meg Harkins a expliqué avoir choisi la rose blanche pour sa couleur symbolique, le blanc étant la couleur de ralliement des suffragettes emmenées par Susan B. Anthony au début du XXe siècle. Comme le rappelle Refinery29, cette dernière est devenue une icône du féminisme américain grâce à ses combats pour le droit de vote des femmes. C’est également la couleur qu’avait choisi de porter Hillary Clinton le jour de l’investiture de Donald Trump.

Des performances anti-Trump et des discours féministes

En parallèle de ces roses blanches, aussi bien adoptées par Lady Gaga et Lana Del Rey que par Sam Smith ou Khalid, d’autres initiatives ont éclos. Plusieurs artistes ont en effet profité de leur passage sur scène pour tacler le président Trump. Parmi eux, le rappeur Logic, présent pour interpréter son morceau “1-800-273-8255” aux côtés de Khalid et Alessia Cara. “N’ayez pas peur d’utiliser votre voix, surtout lors d’évènements comme celui-ci, où vous en avez l’opportunité”, a-t-il déclaré avant de faire référence à la “beauté” des “pays de merde”. Des propos également utilisés par Bono, du groupe U2. Après avoir donné vie à son titre “Get Out of Your Own Way”, le chanteur, debout devant la Statue de la Liberté, a déclaré : “Que soient bénis les ‘pays de merde’, car ils nous ont donné le rêve américain.”
De son côté, Lorde, nommée dans la catégorie “meilleur album de l’année” pour Melodrama, a tenu à estampiller sur sa robe aux allures de rose rouge un extrait d’Inflammatory Essays, essai féministe de l’artiste américaine Jenny Holzer publié à la fin des années 1970. “Voici ma version de la rose blanche – L’APOCALYPSE ARRIVERA – extrait tiré de l’œuvre d’une des meilleures artistes de tous les temps, Jenny Holzer”, a écrit la chanteuse de 21 ans sur Instagram. Sans oublier Janelle Monáe, qui a marqué les esprits. Chargée d’annoncer l’entrée en scène de Kesha, venue jouer son morceau “Praying” (qui fait allusion au producteur Dr. Luke qu’elle accuse d’agression sexuelle), la chanteuse américaine a délivré un discours des plus inspirants :

“Ce soir, je suis fière d’être solidaire. Pas juste en tant qu’artiste, mais en tant que femme, aux côtés de mes sœurs qui sont dans la salle, et qui font l’industrie musicale. Artistes, auteures, assistantes, attachées de presse, PDG, productrices, ingénieures, et femmes de tous les secteurs du business. Nous sommes aussi des filles, des épouses, des mères, des sœurs et des êtres humains. Nous venons en paix, mais nous voulons parler business. Et pour ceux qui voudraient oser nous faire taire, nous vous offrons deux mots : ‘Time’s up’.
Nous disons ‘time’s up’ aux inégalités salariales, ‘time’s up’ aux discriminations, ‘time’s up’ à toute forme de harcèlement, ‘time’s up’ à l’abus de pouvoir. Parce que, vous voyez, ça n’arrive pas seulement à Hollywood, ça n’arrive pas seulement à Washington, ça se passe juste sous notre nez, dans notre industrie aussi. Et puisque nous avons le pouvoir de faire la culture, nous avons aussi le pouvoir de défaire la culture qui nous dessert. Alors travaillons ensemble, femmes et hommes, dans une industrie musicale unie, qui s’engage pour créer un environnement de travail sain, l’égalité salariale, et un accès pour toutes les femmes.”