Ce samedi 27 mars au soir, comme un retour dans le temps pré-pandémique, s’est tenu un concert sans aucune distanciation sociale à Barcelone, en Espagne. Devant 5 000 personnes, le groupe de rock espagnol Love of Lesbian a joué à l’arène Palau Sant Jordi, dans le cadre d’une expérience Covid. Organisée par un groupe de festivals, des promoteurs musicaux et un hôpital local, cette expérience est l’une des rares à avoir eu lieu en Europe dans le milieu des musiques actuelles. Il s’agit d’ailleurs du plus gros concert d’Europe depuis le début de la crise sanitaire, organisé avec l’autorisation des autorités sanitaires espagnoles.
Ja ha acabat el concert dels Love of Lesbian al Palau Sant Jordi de Barcelona, amb 5.000 persones
— Catalunya Informació (@Catinformacio) March 27, 2021
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Et à cette occasion, rien n’a été laissé au hasard : tests, masques FFP2 pour tous et tout le temps, ainsi qu’une ventilation renforcée. Effectivement, le samedi matin, les pistes de danse de trois discothèques barcelonaises, fermées en raison de la pandémie, ont été transformées en hôpitaux de campagne où des blouses blanches faisaient un test antigénique à tous les participants.
Les résultats du test leur ont été annoncés dans les 10 à 15 minutes via une application sur leur téléphone. Comme un sésame, le résultat négatif engendrait alors automatiquement l’arrivée du billet (d’une valeur de 20 euros), également sur leur portable.
“Nous espérons que cela sera complètement sûr. Pendant 14 jours, nous regarderons qui des spectateurs aura attrapé le Covid et nous notifierons” les cas, a expliqué Josep Maria Llibre, médecin de l’hôpital Germans Trias i Pujol de Badalone, près de Barcelone. Parmi les 2 400 premières personnes à s’être fait tester, seulement trois se sont révélées positives et n’ont donc pas assisté à cette soirée.
Pour les chanceux testés négatifs, le spectacle fut empreint d’émotion et de nostalgie.“C’est incroyable, beaucoup d’émotion. Nous avions oublié cette sensation de foule, c’est comme si c’était mon premier concert“, a déclaré Jordi Sanz, dans la fosse du Palau Sant Jordi. “On avait tellement envie de faire quelque chose de différent, de faire un pas vers la normalité”, a abondé Marina Crespo, 25 ans, qui préférait toutefois “maintenir la distance” avec les autres spectateurs. Sautant, dansant, chantant à tue-tête et prenant même une bière au comptoir, l’euphorie du public s’est ressentie samedi soir, comme si la pandémie n’avait jamais existé.
Du côté des artistes aussi ce concert fut spécial. “Je suis très, très ému. Cela fait un an et demi que nous ne sommes pas montés sur scène”, a clamé Santi Balmes, le chanteur de Love of Lesbian, groupe phare de la scène indépendante espagnole, après un premier titre très justement intitulé “Nadie par las calles ” (“Personne dans les rues”). Ce concert “a été un choc énergétique”, s’est-il félicité. “Mais c’est logique car nous sommes dans une époque de retenue, avec le frein à main tiré. On a besoin de se défouler, de reprendre nos vies d’avant”, a-t-il estimé.
L’objectif de cette expérience clinique est “de découvrir comment nous pouvons vivre avec le Covid et organiser des concerts de façon totalement sûre”, a dit à l’AFP Ventura Barba, directeur exécutif du festival Sónar de Barcelone, l’un des organisateurs.
“Nous espérons que cela sera un point d’inflexion”, a-t-il ajouté. Cette expérimentation fait partie des multiples concerts-tests ayant eu lieu au cours des six derniers mois, examinant la possibilité d’organiser des événements musicaux en direct sans distanciation sociale si des tests rapides sont effectués.
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Konbini avec AFP.