ChatGPT a fait la curation d’une exposition entière, et voici le résultat

ChatGPT a fait la curation d’une exposition entière, et voici le résultat

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© Hill Street Studios/DigitalVision/Getty Images ; © iLexx/iStock/Getty Images Plus via Getty Images

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Par Lise Lanot

Publié le

Plutôt que de se laisser effrayer par l’apparente toute-puissance des intelligences artificielles, un musée lui a laissé le champ libre.

Tout a commencé, comme beaucoup de bonnes idées, avec une plaisanterie. Avant l’été, Marshall Price, conservateur du musée Nasher de l’Université de Duke, en Caroline du Nord, s’est retrouvé avec un trou dans son planning d’automne et un essaim de collègues décimé par de récents départs. Lors d’une réunion pré-estivale, il avait blagué avec ses collègues en imaginant qu’ils n’avaient qu’à demander à ChatGPT de prévoir leur prochaine exposition.

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Ses collègues, Julia McHugh et Julianne Miao, ont bien vite dépassé la simple badinerie et ont convaincu le conservateur d’aller au bout de la blague afin de “repousser les limites de la pratique curatoriale”, explique-t-il auprès de Artnet. L’exposition “Act as if you are a curator: an AI-generated exhibition” (“Prends-toi pour un·e curateur·rice : une expo générée par l’IA”) a suivi les thèmes suggérés par l’intelligence artificielle (Utopie, dystopie, inconscient, rêves”), et son titre, le poétique “Rêves de demain”.

Généreux, ChatGPT a proposé une liste de 14 000 objets détenus par le musée et datant de 2 000 avant notre ère à 2021. Artnet note cependant que pour une partie d’entre eux, lien avec le thème n’est pas évident, ce qui prouve bien l’impasse face à laquelle se heurtent ces initiatives. Plus que convaincre le musée de laisser les rênes à l’intelligence artificielle pour toujours, il semble que leur idée leur ait plutôt permis une réflexion sur leur façon de travailler : “Ça m’a fait réfléchir quant à la façon dont on utilise certains mots-clés et comment on décrit les œuvres. On doit vraiment prêter attention à nos biais et nos méthodes datés de classification”, étaye Julia McHugh.

Il semble qu’au-delà de son originalité apparente (sachant que le musée Nasher n’est pas le premier à tenter l’expérience – le Whitney avait, entre autres, lancé une initiative similaire en début d’année), ce genre de projets ne semble pas vraiment bouleverser le monde de l’art, ni révolutionner les pratiques curatoriales. C’est sans doute tant mieux : au contraire d’Angèle et de ses collègues, les curateur·rice·s n’ont pas trop de souci à se faire concernant la survie de leur travail.

L’exposition “Act as if you are a curator: an AI-generated exhibition” est visible au Nasher Museum of Art à la Duke University, en Caroline du Nord, aux États-Unis, jusqu’au 14 janvier 2024.