Bac de français : on te sauve si t’as pas lu la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges

Prenons-en de la graine

Bac de français : on te sauve si t’as pas lu la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges

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(© Konbini)

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Par Michel Sarnikov

Publié le

Un résumé et surtout des clés pour mieux comprendre l’œuvre d’Olympe de Gouges.

Tu as “oublié” de lire la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, et le bac de français, c’est demain ? Pas de panique, on te résume le livre, et au passage, on te donne quelques pistes de lecture qui feront, à n’en point douter, leur petit effet auprès des interrogateurs.

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Alors…

1789 : les guillotines guillotinent, les têtes roulent, l’arrière-arrière-arrière-grand-père de Damien Saez chante ses plus grands tubes… Bref, c’est la Révolution française. La monarchie s’effondre et un nouvel ordre voit le jour dans tout le pays, sous le signe de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Et cette déclaration, elle commence comme ça : “Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.” Voilà, c’est simple, efficace, et c’est super pour les hommes.

Mais les femmes, dans tout ça ? C’est ce que demande Olympe de Gouges : “Et les femmes, en fait ?” C’est bien joli, la Révolution, mais s’il n’y a que les gadjos qui en profitent, c’est ballot. Parce que pour les gadjis, à ce moment-là de l’histoire, ce n’est pas génial : elles ne peuvent ni voter, ni divorcer, ni étudier, ni posséder quoi que ce soit… À part des enfants et le ménage, elles n’ont le droit de rien faire.

Donc elles ont besoin d’une révolution à elles, et c’est pour ça qu’en 1791, Olympe de Gouges publie sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, construite sur le modèle de celle pour les hommes, pour remettre les pendules à l’heure, l’église au milieu du village, les points sur les I, les barres sur les T, etc., etc.

Ça parle de…

La femme, donc, avec un grand F, et de la nécessité de la mettre sur un pied d’égalité avec l’homme. Et c’est bien d’une nécessité dont il s’agit, puisque sans égalité entre les sexes, pas d’égalité tout court. Pas d’égalité tout court, pas de Révolution. Pas de Révolution… pas de Révolution.

Ça fait deux ans que la révolte a commencé et les femmes, elles ont obtenu quoi en plus, par rapport à avant ? Rien. Elles regardent juste de loin les hommes faire leur tambouille, faire tomber la monarchie, faire de nouvelles lois qui les arrangent, jouer avec des fusils à baïonnette super stylés, mais pour elles, rien ne change.

Pour Olympe de Gouges, ça coule de source : si la Révolution n’a d’intérêt que pour les hommes, ça n’a plus aucun sens. Ça donnerait un pays absurde où les hommes gagneraient 30 % de plus que les femmes en moyenne… imaginez l’absurdité !

Bref, dans le préambule, l’autrice (ou l’auteure, comme vous le sentez) s’adresse aux “mères”, aux “sœurs”, aux “filles”, au “sexe faible” en général et elle leur dit que maintenant, ça suffit, qu’il faut “slay, slaaaaay, SLAY”. Il faut que les queens se soulèvent, qu’elles exigent les mêmes droits que les hommes, et que la nation se mette un peu à mettre du respect sur leur nom.

Sur ce, elle enchaîne avec 17 articles qui reprennent le ton, la structure, le style de ceux de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, sauf qu’elle s’intéresse à la femme et à la citoyenne. Elle demande, pour une société plus égalitaire, que les femmes aient accès aux mêmes emplois que les hommes, à la même justice, aux mêmes libertés, au droit de vote et d’être élues, au droit à la propriété…

Quel culot. Dans le postambule, elle dit aux femmes de se battre pour l’égalité, pour leurs droits, pour leur honneur, pour leur futur… En gros, pour la chute du patriarcat.

Et c’est intéressant parce que…

C’est un texte avant-gardiste.
Faire chuter le patriarcat, presque personne n’y pensait, à l’époque. Personne ne pensait au féminisme, d’ailleurs, ou en tout cas, n’osait y penser. Peut-être avait-on d’autres chats à fouetter, sans doute faisait-on preuve d’une écrasante mauvaise foi, mais le fait est qu’à l’époque, presque personne n’a lu la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Il aura fallu attendre les années 1980 pour qu’on déterre le texte et qu’on le relise. Aujourd’hui, on sait que c’était l’un des premiers textes féministes de l’Histoire.

C’est un texte révolutionnaire.
C’est un texte qui revendique, qui exige, qui se bat. L’imitation du style de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen lui donne une puissance révolutionnaire tout indiquée. Son ton emphatique en devient presque parodique par moments : Olympe de Gouges se moque discrètement d’une certaine grandiloquence toute masculine.

C’est un texte égalitaire.
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est profondément ancrée dans la philosophie des Lumières : elle s’inscrit dans un profond désir de renouveau, d’un monde où la liberté, le savoir et l’égalité sont centraux. C’est un désir de révolution dans la Révolution.

Dans le brouillard de guerre de la Révolution française, où la violence et l’incertitude règnent en maîtresses, Olympe de Gouges s’est dressée contre l’injustice dont les femmes étaient victimes. Elle a eu le courage d’exiger sa part du gâteau, sa part d’égalité, de liberté et de fraternité. Bon, il se trouve qu’en 1791, tout le monde s’en est foutu, que les femmes ont dû passer leur tour et qu’il a fallu attendre 200 ans et des brouettes pour retrouver le texte.

Tant pis. Aujourd’hui, il s’agirait d’en prendre de la graine et d’écouter Olympe de Gouges avec un peu plus d’attention, même si on est en retard de quelques centaines d’années.