AccueilPop culture

Atteint d’aphasie, Bruce Willis met fin à sa carrière d’acteur

Atteint d’aphasie, Bruce Willis met fin à sa carrière d’acteur

Image :

Bruce Willis dans le premier Die Hard. (© Splendor Films)

avatar

Par Louis Lepron

Publié le

Clap de fin pour Bruce Willis.

L’acteur américain Bruce Willis, qui a incarné pendant des années le héros à la peau dure de la saga Die Hard, doit mettre fin à sa carrière en raison de problèmes de santé, notamment des troubles du langage, a annoncé mercredi sa famille.

À voir aussi sur Konbini

“Notre bien-aimé Bruce a connu certains problèmes de santé et a récemment été diagnostiqué comme souffrant d’aphasie, ce qui impacte ses capacités cognitives. Par conséquent, et après mûre réflexion, Bruce abandonne cette carrière qui a tant compté pour lui”, écrit sa famille sur Instagram. Bruce Willis vient de fêter ses 67 ans.

Le message est signé par l’épouse de l’acteur, Emma Heming Willis, ainsi que son ex-femme Demi Moore et ses filles Rumer, Scout, Tallulah, Mabel et Evelyn. En cause, l’aphasie.

Qu’est-ce que l’aphasie ?

D’après des spécialistes américains, l’aphasie survient souvent après une attaque cérébrale ou un traumatisme crânien et empêche le patient de communiquer normalement. “Cela peut affecter votre capacité à parler, écrire et à comprendre un langage, à la fois sous sa forme orale et écrite”, expliquent-ils.

L’aphasie est un trouble du langage causé par des lésions cérébrales. Elles résultent le plus souvent d’un événement soudain, comme un accident vasculaire cérébral (AVC), ou un traumatisme crânien. Mais “il existe d’autres possibilités, comme une maladie dégénérative”, par exemple Alzheimer, provoquant alors des dommages progressifs, a expliqué à l’AFP Brenda Rapp, de l’université Johns Hopkins.

“L’aphasie signifie simplement que quelqu’un a un problème de langage avec lequel il n’est pas né”, a résumé Hugo Botha, neurologue à la Mayo Clinic dans le Minnesota. Les capacités à parler, comprendre les autres, lire et écrire sont alors atteintes. Environ deux millions d’Américains souffrent d’aphasie, selon la National Aphasia Association, soit davantage que la maladie de Parkinson.

Les scientifiques distinguent plusieurs formes d’aphasie, dépendant de la partie du cerveau touchée. Dans l’aphasie expressive, “généralement les personnes comprennent assez bien mais ont du mal à trouver les mots”, explique Brooke Hatfield, de l’American Speech Language Hearing Assocation (ASHA). Une personne utilisera alors des phrases très courtes – comme “veut nourriture” – pour se faire comprendre.

Dans l’aphasie réceptive, “les mots viennent facilement, mais ce ne sont pas forcément les bons. Et il est compliqué pour ces personnes d’entendre ce qu’elles disent” et donc d’être conscientes de leurs erreurs, explique Mme Hatfield. Enfin, l’aphasie globale engendre de très grandes difficultés tant de parole que de compréhension.

Après un AVC, une partie des capacités à communiquer peuvent revenir rapidement durant les premiers mois. Mais souvent, des difficultés subsistent au-delà. Des thérapies de rééducation du langage peuvent permettre de récupérer davantage. Certaines apprennent comment contourner un mot manquant, par exemple.

L’entourage est par ailleurs encouragé à la patience, à utiliser des phrases simples, à minimiser le bruit ambiant, à stimuler la personne en l’incluant dans des conversations, et surtout à ne pas la stigmatiser. L’aphasie n’est pas un problème d’intelligence ou de déficience mentale, soulignent les experts. Les personnes aphasiques sont toujours en possession de leurs connaissances et idées. Il est ainsi contre-productif de s’adresser à elles comme à des enfants. La famille de Bruce Willis n’a pas donné de détails sur celle dont il souffre.

Crâne rasé et sourire narquois

Son étoile avait pâli dernièrement, mais Bruce Willis était l’un des acteurs de film d’action les plus en vogue dans les années 1990 et 2000. Selon le magazine spécialisé Variety, ses films ont généré plus de 5 milliards de dollars de recettes dans le monde entier. Début 2019, Bruce Willis était resté plusieurs semaines d’affilée au sommet du box-office nord-américain avec Glass, dernier volet de la trilogie de super-héros réalisée par M. Night Shyamalan où il tenait l’un des rôles principaux.

Bruce Willis s’était d’abord illustré dans les années 1980 avec un rôle récurrent dans la série Clair de lune aux côtés de Cybill Shepherd, mais c’est le film d’action Die Hard (Piège de cristal) en 1988 qui en a fait une star internationale dans le rôle de l’invincible John McClane.

Le crâne rasé et le sourire narquois étaient devenus la marque de fabrique de l’acteur, qui avait repris ce rôle pour deux suites dans les années 1990 (58 minutes pour vivre et Une journée en enfer), confirmant sa notoriété et devenant l’une des références du genre.

Très recherché à Hollywood, il enchaîne les grosses productions, qu’il s’agisse de films d’action classiques (Le Dernier Samaritain, Le Chacal) ou mâtinés de science-fiction comme L’Armée des douze singes, qui avait séduit la critique, ou Le Cinquième Élément de Luc Besson.

Il tournera aussi avec des réalisateurs aussi réputés que Brian De Palma, Robert Zemeckis mais surtout Quentin Tarantino, qui lui fait jouer un boxeur sur le retour dans Pulp Fiction en 1994, alors qu’il est au sommet de sa gloire. Bruce Willis fera aussi des prestations remarquées, pour leur tonalité plus sombre et dramatique, sous la direction de M. Night Shyamalan avec ses thrillers fantastiques Sixième sens et Incassable.

Il continue à beaucoup tourner, mais ne retrouve plus le même succès et sa notoriété s’érode petit à petit, malgré des incursions vers d’autres genres, tels la comédie (Mon voisin le tueur en 2000). Il signe pour deux nouveaux volets de la saga Die Hard (en 2007 et 2013), qui ne convainquent ni la critique ni le public.

Durant la précédente décennie, Bruce Willis n’avait pas hésité à se moquer de lui-même et des clichés qui lui collaient à la peau, comme dans Top Cops ou le deuxième volet d’Expendables.

Sa carrière avait malgré tout poursuivi son déclin, au point que les organisateurs des Razzies, ces anti-Oscars qui parodient les prix hollywoodiens en épinglant les pires films de l’année, lui avaient dédié une catégorie à lui tout seul. Ils entendaient ainsi se moquer des nombreux films à petit budget, généralement diffusés uniquement en streaming, où la star de Die Hard revêt des rôles aussi brefs que caricaturaux, comme shérif désabusé, ancien policier, général en retraite ou ex-agent de la CIA.

Konbini avec AFP