Max Boublil fuit ses responsabilités parentales

Max Boublil fuit ses responsabilités parentales

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Par Antonin Gratien

Publié le

(En one man show, sur Prime Video)

Mais où est-il, le Max Boublil des hits potaches ? Des Ce soir tu vas prendre, Danny Boyle et autres ChatRoulette ? Si proche et si loin à la fois. Après une incursion réussie vers le grand écran (Les Gamins…) et six ans d’absence au théâtre, voici l’humoriste de retour sur les planches en 2021 avec Nouveau Spectacle. On l’y retrouve trublion (toujours), facétieux (encore) et… fraîchement quarantenaire.

Avec tout le carrousel de soucis qui va avec. En premier lieu la parentalité, ce mal que le comédien range aux côtés de “l’hémorragie et du cancer”, question drame de l’existence. Alors – pas folle, la guêpe – Max profite de son come-back pour prendre un grand bol d’air frais. Respirer, quoi. Et cracher, au passage, un peu de son venin sur le douloureux virage vers “l’âge adulte”.

La gueule de bois, x 40

Max Boublil essaierait-il de donner le change ? C’est en T-shirt, jean et baskets qu’il débarque sur scène. Dansant, gesticulant, faisant le show sur fond de pop music. À la cool, sourire banane aux lèvres. Mais que cette franche débauche d’énergie ne vous trompe pas : le chanteur vedette de la jeune génération des années 2010 aux millions de vues sur Youtube a le cœur lourd. Ce grand ado (un peu plus et on soupçonnerait un syndrome de Peter Pan…) a soufflé sa quarantième bougie. Et ça fait mal.

Primo, “à quarante ans t’as toujours la gueule d’un mec qui s’est levé à 6 heures du matin”. Ensuite, il y a ce “passage de gap” un peu technique. Les cuites qu’on ne peut plus assumer, les endroits où on devrait arrêter de mettre les pieds – genre les boîtes de nuit, sauf à risquer d’y “danser comme un gros ringard”.

Et puis, à quarante ans passés, il y a aussi le répertoire du téléphone qui change, avec “plus de numéros de médecins que de plans cul”. À tel point qu’on finit par devenir un petit Doctissimo sur patte. Pas convaincu ? Max Boublil entend fournir la preuve de ses dires en défiant le public de le coller sur le traitement d’une maladie. Angine, gastro, etc.

Mais cette liste de petits bouleversements n’est que peu de chose comparé au grand séisme du quadragénaire : la parentalité. Aïe, aïe, aïe. Les 15 ans de vie commune avec sa femme (“ma lumière, mon phare dans la nuit”) ont donné deux heureux évènements – ou terribles accidents, on ne sait plus trop –, les naissances d’Alice et Tess.

La première “douce et gentille”, la seconde “méchante, mauvaise”. Toutes deux sont inscrites en “école privée catho” pour éviter qu’elles finissent en faisant “du diabolo sur les quais de Seine”. Surtout, toutes deux causent une cascade d’ennuis. Alors forcément, lorsque Max Boublil s’évade de l’enfer du domicile familial pour jouer sur scène, il se lâche. Sortez les mouchoirs, le bureau des plaintes est ouvert.

Qu’a fait Max pour mériter ça ?

En long, en large, l’humoriste peste contre les nuits sans sommeil (“huit ans que j’ai pas eu un réveil normal“), enrage contre le petit amoureux de l’aînée – ce “con”. Et confie même partir en crise de jalousie lorsqu’il est bien forcé de reconnaître que ses filles ont plus de potes invités à leur goûter d’anniversaire que lui à leur âge.

Un brin immature, comme réaction ? À coup sûr. Mais Max Boublil a prévenu en début de spectacle : il sera “lâche”, “bête” et “méchant”. Qu’on ne s’étonne donc pas d’entendre l’humoriste, lorsqu’il ne se confie pas sur sa vie privée – son mariage, ses vacances, “l’épidémie” de divorces autour de lui… –, écumer de rage contre les “extrémistes vegan” (ceux qui ne veulent pas tuer les moustiques), ironiser sur la frustration sexuelle, bâcher sans pincettes la montée des extrêmes en France.

Après un peu plus d’une heure de one man show mobilisant toutes les ficelles du stand-up (vannes avec le public…) où le comédien mêle confession intime et commentaire d’actualité, on réalise une chose : la quarantaine ne lui va pas si mal. Il n’y a qu’à voir le sourire inoxydable qu’il arbore, la joie tout en excès qu’il dégage – et qu’on croyait réservée aux lycéens. Passage de cap réussi, donc. Rendez-vous dans une poignée d’années pour faire le point sur la crise de la cinquantaine ?