Mardi, le président de la Conférence des évêques de France s’entretiendra avec Gérald Darmanin au sujet du secret de la confession, “qui a toujours été respecté par la République française”, a-t-il soutenu, alors que ses propos continuent de faire polémique.
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Eric de Moulins-Beaufort avait été “invité”, jeudi midi, par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et à la demande d’Emmanuel Macron, pour “s’expliquer” au lendemain de ses propos controversés sur le secret de la confession.
Les deux hommes se rencontreront mardi à 14 heures, a précisé l’archevêque de Reims dans un communiqué, selon lequel “le secret de la confession a toujours été respecté par la République française”.
Le rendez-vous permettra d’échanger “sur le sens du sacrement de la confession pour les catholiques et sur les fondements théologiques, spirituels et canoniques du secret de la confession”, a-t-il souligné.
Ce sera pour lui “l’occasion de rappeler qu’aujourd’hui, le secret de la confession, imposé aux prêtres par le droit canonique, n’est pas contraire au droit pénal français, comme le souligne la circulaire de la chancellerie du 11 août 2004 [sur le secret professionnel des responsables religieux, ndlr]”, affirme encore Eric de Moulins-Beaufort.
“Le secret de la confession s’impose à nous et s’imposera à nous et, en ce sens-là, il est plus fort que les lois de la République parce qu’il ouvre un espace de parole, libre, qui se fait devant Dieu”, avait-il dit mercredi matin sur franceinfo, au lendemain de la publication du rapport Sauvé sur la pédocriminalité au sein de l’Église catholique.
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“Rien de plus fort que les lois de la République”
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Près de 30 heures après, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a affirmé qu’il n’y avait “rien de plus fort que les lois de la République dans notre pays, […] c’est très clair”.
“Il y a un secret professionnel qui existe pour les avocats, pour les médecins, et il y a le secret de la confession, qui a été d’ailleurs en partie reconnu par notre droit depuis très longtemps”, a déclaré pour sa part en début de soirée le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin à Lyon, où il était en déplacement.
“Mais s’agissant des crimes qui touchent les enfants et afin d’éviter la récidive […], il m’apparaît normal”, a-t-il poursuivi devant la presse, de “pouvoir délier du secret les personnes qui signalent aux services de justice ou de police des enfants qui sont maltraités, violentés”.
Mardi, le rapport Sauvé a préconisé aux autorités de l’Église de relayer un message clair aux confesseurs et aux fidèles, sur l’obligation du confesseur de signaler aux autorités judiciaires et administratives les cas de violences sexuelles infligées à un mineur ou à une personne vulnérable.
Dans son communiqué jeudi, Eric de Moulins-Beaufort précise également :
“La confession est aussi un moment durant lequel une personne victime, par exemple un enfant, peut évoquer ce qu’elle a subi et être rassurée sur son innocence… parce que la certitude du secret lui permet de livrer ce qui lui est le plus difficile.
Ce temps peut être alors, sur les encouragements du prêtre qui reçoit cette confession, une première étape dans la libération de la parole, en dehors du sacrement”.
“C’est l’honneur de la République française que de respecter […] la dignité de la conscience de chacun”, ajoute-t-il.
“Le secret confessionnel n’est pas supérieur aux lois de la République”
Dès mercredi, les propos de l’archevêque ont suscité la polémique, notamment sur les réseaux sociaux, certains faisant valoir que le gouvernement était beaucoup plus prompt à dénoncer le “séparatisme islamiste”. Une loi “confortant les principes de la République”, destinée à lutter “contre les séparatismes”, a été votée l’été dernier.
“On ne peut pas dire aux autres religions, ‘vous devez respecter les lois de la République’ et dire que, là, il y aurait une exception”, a déclaré jeudi Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté sur Radio J.
En France pour le ministère de la Justice, le secret confessionnel est un secret professionnel et, en cas de violation, peut être puni d’un an de prison et 15 000 euros d’amende. “Le secret confessionnel n’est pas supérieur aux lois de la République”, souligne Sarah Massoud, secrétaire nationale du syndicat de la magistrature.
Ce secret professionnel n’est toutefois pas absolu : il ne s’applique pas aux confidences faites hors confession. Il ne s’applique pas non plus aux atteintes sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans et autres personnes vulnérables, selon l’article 434-3 du code pénal.
En déplacement en Slovénie mercredi, Emmanuel Macron a salué “l’esprit de responsabilité” de l’Église de France qui a “décidé de regarder en face” le scandale de la pédocriminalité en son sein. “Il y a un besoin de vérité et de réparation”, a-t-il dit.
En avril 2018, devant les évêques réunis dans le collège des Bernardins, à Paris, il avait évoqué son souhait de vouloir “réparer le lien entre l’Église et l’État” qui, s’était, selon lui, “abîmé”.
Konbini news avec AFP