C’est ce qu’on appelle “l’effet Streisand”. Pour avoir tenté d’empêcher la diffusion d’un documentaire d’Arte, un prêtre allemand pourrait voir se produire l’exact effet inverse, des versions étant toujours disponibles sur Facebook et YouTube.
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Dans un documentaire édifiant diffusé début mars et réalisé par Marie-Pierre Raimbault et Éric Quintin, Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église, Arte dévoilait le fléau des abus sexuels subis par des sœurs pendant des dizaines d’années et demeurés impunis. Un document nécessaire et glaçant. Mais ce n’est pas l’avis de tout le monde.
Le plaignant est un prêtre dont l’identité est toujours inconnue. Il n’est ni nommé ni visible dans le film. Pourtant, l’homme d’Église a poursuivi la chaîne franco-allemande en justice au motif qu’il était reconnaissable. Son but était de faire interdire sa rediffusion, et un tribunal de Hambourg lui a donné raison.
La chaîne va faire appel
La justice a en effet ordonné la suppression du documentaire de toutes les plateformes de visionnage, y compris le replay d’Arte. La chaîne a fait savoir au journal Süddeutsche Zeitung qu’elle allait faire appel de cette décision. Pour l’heure, toute infraction à ce jugement est passible de deux ans d’emprisonnement et 250 000 euros d’amende.
Lors de sa diffusion en France, il avait réuni 1,5 million de téléspectateurs et, selon le quotidien germanique, en y ajoutant les visionnages en Allemagne, il a été vu plus de deux millions et demi de fois.
L’intégralité du documentaire n’est certes plus disponible en replay, mais un témoignage instructif et poignant est encore en ligne sur Konbini news : à l’occasion de la diffusion de Religieuses abusées, l’une des victimes avait accepté de se livrer lors d’une interview avec Hugo Clément.
Il s’agit de Michèle-France Pesneau, une ancienne religieuse qui affirme avoir été violée par deux prêtres pendant près de vingt ans et qui témoignait face caméra de l’enfer qu’elle a vécu, expliquant : “Ça a détruit en grande partie ma confiance en moi. Ça m’a menée plusieurs fois au bord du suicide.”