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“C’est effroyable et c’est une erreur” : aux États-Unis, les partisans du droit à l’avortement se mobilisent

“C’est effroyable et c’est une erreur” : aux États-Unis, les partisans du droit à l’avortement se mobilisent

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© Nathan Howard / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

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Par Emma Couffin

Publié le

La Cour suprême des États-Unis a enterré vendredi un arrêt qui garantissait le droit des Américaines à avorter. Les militants pro-avortement réagissent.

Des élus américains des deux côtés de la profonde fracture qui divise le pays ont entamé dimanche ce qui s’annonce comme une bataille tendue et durable sur l’avortement, aussi bien au niveau des États qu’au Congrès, alors que la moitié du pays s’apprête à interdire l’IVG.

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Pour la troisième journée consécutive, des partisans du droit à l’avortement se mobilisaient pour protester contre la décision de la Cour suprême d’annuler ce que beaucoup considéraient comme un droit acquis. Une veillée aux chandelles était prévue dimanche soir devant la haute cour, tout près du Capitole.

Dans un pays fragmenté entre États qui ont déjà ou vont bientôt nier le droit à l’avortement, qui était garanti depuis 1973, et ceux qui vont le maintenir, voire le renforcer, les divergences d’opinions ont parfois tourné à l’échauffourée lors de manifestations ce week-end, provoquant des dizaines d’arrestations.

Le Missouri, premier État à interdire l’avortement

En quelques heures vendredi, au moins huit États ont rendu immédiatement tout avortement illégal, et sept autres ont prévu de faire de même dans les prochaines semaines. Le Missouri a été le premier à appuyer sur la gâchette avec une interdiction totale, sans exception pour viol ou inceste.

Le gouverneur républicain de l’Arkansas Asa Hutchinson a jugé sur NBC que son État, où une mesure similaire a été adoptée, et d’autres devraient maintenant s’atteler à des aides aux mères et aux nouveau-nés, en développant les services d’adoption.

Ce conservateur s’est félicité du retour aux États des décisions sur l’avortement, mais il s’est opposé à tout effort du parti républicain pour interdire l’IVG au niveau fédéral ou tenter de réduire l’accès à la contraception. “En Arkansas, le droit à la contraception est important, a-t-il dit. Il est reconnu. On n’y touchera pas.”

La gouverneure républicaine du Dakota du Sud Kristi Noem a, de son côté, qualifié l’abandon de “Roe v. Wade” de “merveilleuse nouvelle pour la défense de la vie”, mais elle a ajouté s’attendre à beaucoup de “débats et discussions” dans son État et ailleurs sur les législations à venir.

Elle s’est déclarée favorable à des lois interdisant “les avortements par télémédecine”, une allusion aux pilules abortives prescrites en téléconsultation, une pratique approuvée par l’agence américaine des médicaments, la FDA.

“Forcer des femmes à poursuivre leur grossesse contre leur gré va les tuer”

De leur côté, les partisans du droit à l’avortement se sont rapidement mobilisés. L’organisation de planning familial Planned Parenthood a lancé samedi une procédure judiciaire dans l’Utah pour tenter de bloquer la mise en œuvre automatique d’une loi qui interdirait quasiment toute IVG et criminaliserait les professionnels de santé qui la pratiqueraient.

Dans le Wisconsin, où une loi de 1849 interdisant l’IVG sauf pour les femmes dont la vie serait en jeu risque d’entrer en vigueur, le gouverneur démocrate Tony Evers a promis de gracier tout médecin qui serait poursuivi.

Dans l’État du Michigan, dont le Congrès est contrôlé par les républicains, la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer a promis de “se battre de toutes ses forces” pour protéger les droits des femmes. Elle a aussi saisi les tribunaux pour empêcher la mise en œuvre d’une loi interdisant l’avortement.

Sur CNN, la candidate démocrate au poste de gouverneur de Géorgie, Stacey Abrams, a noté que son État allait interdire dans les prochains jours tout avortement après six semaines de grossesse. “C’est effroyable et c’est une erreur, et si je suis gouverneure, je ferai tout mon possible pour revenir dessus.”

Dans les États où les lois seront les plus strictes, les femmes auront le choix entre garder le bébé, subir un avortement clandestin, se procurer des pilules abortives ou se rendre dans un État où l’IVG restera légale.

Pour l’élue progressiste Alexandria Ocasio-Cortez, les situations de cauchemar vont se multiplier. “Forcer des femmes à poursuivre leur grossesse contre leur gré va les tuer, ça va les tuer”, s’est-elle exclamée sur NBC. Elle a suggéré que l’administration Biden ouvre des cliniques de planning familial sur des terres fédérales dans les États interdisant l’avortement.

Selon un sondage publié dimanche par CBS, une majorité d’Américains désapprouve la décision de la Cour suprême : 59 % des personnes interrogées et 67 % des femmes s’y opposent. En outre, 52 % des sondés ont jugé qu’il s’agissait d’un recul pour les États-Unis, tandis que 31 % ont jugé que c’était une avancée.

Konbini news avec AFP