Longue vie aux mecs avec des sacs à main : Jacob Elordi, visage d’une masculinité aux poches vides

RIP la sacoche Lacoste

Longue vie aux mecs avec des sacs à main : Jacob Elordi, visage d’une masculinité aux poches vides

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© Twitter/@beguilded2017; Tiktok/alixpvris

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Par Flavio Sillitti

Publié le

L’acteur australien prouve que les sacs à main de luxe continuent d’attirer une clientèle masculine, écrasant les normes de genre avec style.

Nouvelle sensation du cinéma indépendant et le crush d’absolument tout le monde lors de la dernière Mostra de Venise, le nom de Jacob Elordi est sur toutes les lèvres. Mais ce qui fait encore plus parler de lui, ce sont ses sacs à main. Si on le connaît pour ses rôles dans Euphoria, The Kissing Booth et bientôt Priscilla (dans la peau d’Elvis Presley), l’acteur australien s’est également fait connaître pour son goût pointu pour les sacs de luxe.

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Chanel, Louis Vuitton, Celine, Fendi, Bottega Veneta : une collection à en faire saliver tout bon fashionista et surtout trembler pas mal de normes de genre, rappelant que l’exclusivité féminine pour des accessoires tels que le sac à main est largement dépassée. Mais le nouveau “it boy” du grand écran n’est pas le premier à s’affranchir des normes de genre à travers sa petite bourse de luxe. Retour sur une mode enfin prête à exploser.

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Une mode pas si nouvelle

En 2019, le média clairvoyant Highsnobiety sortait un article titré “Men want to wear purses, they just don’t know it yet” (Les hommes veulent porter des sacs à main, mais ils ne le savent pas encore). C’est qu’à cette époque-là, les normes de genre avaient encore la peau dure, ou moins molle qu’aujourd’hui en tout cas. On riait encore des hommes aux accessoires dits “féminins”, tournant forcément au ridicule ce qui s’associait à une marque de féminisation, et donc de faiblesse. Le personnage de Joey dans Friends en payait d’ailleurs les frais en 1999 dans un épisode intitulé “Celui qui avait un sac”, qui semble avoir influencé les vingt années suivantes.

Quatre ans plus tard, on voit enfin le bout du tunnel, et les sacs à main pour hommes ont fait leur place sur les défilés, les tapis rouges et même dans la rue. L’accessoire est ainsi passé d’un modèle discret en bandoulière chez Gucci ou Supreme à un modèle plus compact et raffiné, à l’image de la maroquinerie féminine, dans des modèles de luxe signés Pharrell Williams chez Louis Vuitton ou encore Daniel Lee chez Bottega Veneta. Un récent rapport sur les habitudes de consommation partagé à Vogue Business par l’agence de données Circana révèle que les ventes du sac masculin ont augmenté de 7 % en 2022, dont 15 % correspondent à des modèles de luxe. C’est la catégorie de produits qui connaît la plus forte croissance depuis la pandémie.

Un laissez-passer pour les hommes cishet ?

Sauf qu’il y a un “mais” : pourquoi tous les hommes qui portaient déjà des sacs à main avant Jacob Elordi (et ils sont nombreux) n’ont pas réussi à faire la une des magazines et bouger les lignes ? Pire : pourquoi les hommes queers, reconnus comme les premiers à avoir normalisé le port d’accessoires dits “féminins”, se font agresser pour les mêmes sacs à main qui poussent à applaudir Jacob Elordi, Offset ou Travis Scott quand ils les portent sous le bras ?

En octobre 2021 déjà, une histoire similaire avait fait parler : Harry Styles devenait le premier homme à faire la couverture du Vogue américain, et le tout en robe ! Un move qui avait été salué par beaucoup, mais qui avait tout de même suscité la critique. Celle de l’acteur Billy Porter notamment, qui expliquait : “Pour moi, c’est de la politique. […] J’ai dû me battre toute ma vie pour pouvoir porter une robe aux Oscars. Tout ce qu’il a à faire, c’est d’être blanc et hétérosexuel.”

Sans vouloir politiser le boom du sac à main masculin ou minimiser la joie indicible qui nous envahit à la vue d’une photo de Jacob Elordi et son sac Chanel, il est légitime de se demander s’il faut toujours attendre des éphèbes assez grands, forts et musclés que Jacob Elordi (le stéréotype du mec, du vrai, en somme) pour affirmer que les normes de genre évoluent plutôt que de reconnaître que certaines minorités les révolutionnent déjà depuis toujours, dans l’invisibilité et la difficulté.