Slack, Teams, Workplace : des boîtes commencent déjà à espionner les employés avec l’IA

Slack, Teams, Workplace : des boîtes commencent déjà à espionner les employés avec l’IA

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Par Pierre Bazin

Publié le

Un nouveau logiciel a été testé à grande échelle outre-Atlantique.

On s’attendait évidemment à ce que l’intelligence artificielle (IA) s’insère rapidement dans le monde professionnel mais pas forcément directement dans notre vie privée. C’est en tout cas ce que révèle Business Insider en ce qui concerne des grosses entreprises américaines.

Starbucks, Chevron, T-Mobile, Delta ou encore Walmart, ces boîtes ont toutes en commun d’avoir eu recours à Aware,  récente start-up qui produit des logiciels utilisant l’IA pour analyser les messages envoyés sur des plateformes de communication professionnelles telles que Slack, Microsoft Teams et Workplace by Meta. Son objectif ? “Analyser” le comportement des employés pour anticiper des “risques”.

Selon CNBC, ce sont jusqu’à 20 milliards de messages produits par plus de 3 millions d’employés qui auraient été analysés par le logiciel d’Aware. Évidemment, les experts tirent la sonnette d’alarme quant aux problèmes évidents de confidentialité qu’une telle fonctionnalité suppose. Interrogées par les médias américains, les entreprises concernées n’ont pas fait de commentaire à l’exception de Delta qui a déclaré utiliser Aware “pour la surveillance régulière des tendances et sentiments” parmi les employés, ainsi que dans une optique d’archivage légal.

Selon Jeff Schumann, le PDG et cofondateur d’Aware qui s’est entretenu avec CNBC, ces mesures permettent aux employeurs d’évaluer les réactions “globales” de leurs employés quant aux décisions et politiques menées par la direction. Il explique également que le logiciel est formé (toujours par IA) à détecter les divers incidents qui pourraient survenir dans des messages professionnels tels que le harcèlement, la diffusion illégale de pornographie ou tout autre comportement toxique.

Bien que les données recueillies sur les “sentiments” des travailleurs ne comprennent pas leurs noms, dans certains cas extrêmes, la confidentialité peut être ainsi levée pour prendre des mesures disciplinaires.

Des experts en vie privée remettent largement en question l’utilisation de tels outils par les entreprises, dénonçant notamment une certaine “immaturité” dans la technologie de l’IA. “Aucune entreprise n’est en mesure de donner des garanties générales quant à la confidentialité et à la sécurité de ce type de systèmes“, a déclaré à CNBC Amba Kak, directeur exécutif de l’AI Now Institute de l’Université de New York.

À noter qu’en France, votre employeur peut être légalement autorisé à regarder vos messages publiés sur messagerie professionnelle comme nous en avions parlé dans cet article.

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