Le Time Magazine veut bannir le mot “féministe”

Le Time Magazine veut bannir le mot “féministe”

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Par Anaïs Chatellier

Publié le

Dans un sondage lancé par le Time Magazine, le mot “féministe” fait partie de la liste des mots à bannir pour 2015.
Pour la quatrième année consécutive le Time magazine lance un sondage pour savoir quel mot les utilisateurs aimeraient voir banni en 2015. Les années précédentes, “OMG”, “YOLO” et “twerk” ont été respectivement les grands vainqueurs des mots que les internautes ne supportent plus d’entendre.
Cette année, le questionnaire a particulièrement fait polémique. Et pour cause : le terme “féministe” se retrouve parmi les propositions de termes à bannir au même titre que “obvi” (abréviation de obvious), “bossy” ou encore “kale” (salade bio devenue tendance).
La journaliste Katy Steinmetz  justifie la place du terme féminisme :

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Vous n’avez rien contre le féminisme en tant que tel, mais depuis quand est-ce devenu un sujet sur lequel chaque célébrité doit se prononcer et donner son avis, comme si elles étaient des politiques en train de lancer un parti ?

Emma Watson, Beyoncé, Joseph Gordon-Levitt…

En effet, la liste des stars se prononçant sur leur vision du féminisme est longue. Et pour appuyer ses propos, la journaliste renvoie vers trois articles différents.
Elle propose l’exemple de Joseph Gordon-Levitt qui affirme qu’en tant homme on peut être féministe et réalisait en septembre dernier une vidéo pour répondre au Tumblr “Woman against feminism”, sur lequel de jeunes femmes postent des photos d’elles pancartes en main expliquant pourquoi elles sont contre le féminisme.
Avant de donner les exemples de Salma Hayek et Shailene Woodley qui elles, ne se considèrent pas comme féministes. À ce sujet, l’actrice principale de Divergente répondait au Time à la question “Vous considérez-vous comme féministe ?” :

Non parce que j’aime les hommes et que je pense que l’idée “d’élever des femmes au pouvoir et d’en éloigner les hommes ne fonctionnera jamais” car il faut un équilibre. Je crois plus en la solidarité entre filles que dans le féminisme. Je ne sais pas comment les femmes peuvent attendre des hommes du respect alors qu’elles ne se respectent pas entre elles. Il y a tant de jalousie, de comparaison et d’envie.

Si les propos de la jeune actrice avaient révolté plus d’une féministe, le discours d’Emma Watson prononcé en septembre dernier lors du lancement de la campagne HeforShe nous rappelle que certaines célébrités ont compris quelque chose au féminisme :

Pour information, voici la définition du féminisme : “Croire qu’hommes et femmes devraient être égaux en droits et avoir les mêmes chances. C’est une théorie d’égalité des sexes sur les plans politique, économique et social.

Il faut arrêter le mythe autour de l’égalité des genres. Ce n’est pas encore une réalité. Aujourd’hui, les femmes représentent la moitié de la masse salariale aux États-Unis et pourtant elles ne gagnent que 77% du salaire des hommes. Mais à moins que les femmes et les hommes conviennent ensemble que cette situation est inacceptable, les choses ne changeront pas.

On pourrait citer encore Miley Cirus, Ellen Page ou encore Taylor Swift, chacune avec ses idées. Alors, véritable conviction ou opération marketing de la part des célébrités ? Difficile de savoir si tous ces discours sont honnêtes ou hypocrites, si les stars ont réellement rédigé leurs discours, si elles appliquent vraiment leurs conseils ou si elles surfent sur la vague du “féminisme pop”…
Ce qui est sûr, c’est que le sondage relance le débat de savoir si oui ou non le “féminisme” est devenu un terme obsolète. Sa définition a toujours été ambiguë depuis sa naissance.
Mais si on prend celle du Centre National de Ressources textuelles et lexicales : “Mouvement social qui a pour objet l’émancipation de la femme, l’extension de ses droits en vue d’égaliser son statut avec celui de l’homme, en particulier dans le domaine juridique, politique, économique; doctrine, idéologie correspondante“, vouloir supprimer le terme semble incongru et mal venu. Car après tout, qui ne veut pas d’une égalité homme-femme ?