The Looming Tower (2018)
À voir aussi sur Konbini
À l’aide d’une reconstitution saisissante du New York des années 1990, The Looming Tower nous emmène sur les origines du 11-Septembre. Cette fois, la série de Dan Futterman et Alex Gibney n’explore pas le passé d’Al-Quaïda ou des groupes extrémistes du Moyen-Orient, mais passe par le prisme du gouvernement américain et plus précisément ses services secrets. Ou comment la rivalité, les enjeux politico-économiques, et surtout les non-dits entre la CIA et le FBI ont joué un rôle essentiel dans la réussite des attaques commanditées par Oussama ben Laden.
The Looming Tower peut compter sur un duo au sommet de son art, notre frenchy Tahar Rahim et Jeff Daniels (The Newsroom), qui incarnent des agents fédéraux véritablement présents au moment des faits. La série explore avec un certain réalisme l’échec du contre-terrorisme à une époque où la paranoïa post-guerre froide était encore bien présente dans les esprits américains. Une œuvre coup-de-poing et politique, qui ose décrypter et regarder en face les erreurs et l’égocentrisme de l’Amérique dans sa gestion passée du terrorisme.
À voir sur Amazon Prime Video.
Homeland (2011-2020)
À la manière des aventures de Jack Bauer dans 24 heures chrono quelques années plus tôt, Homeland est une série qui n’aurait probablement pas vu le jour dans un monde (meilleur) sans 11-Septembre. Le thriller d’espionnage, adapté d’une série israélienne, concentre toutes les peurs et interrogations des Américains par rapport au terrorisme. Au travers des péripéties de Nicholas Brody puis Claire Danes, on retrouve les tentatives infructueuses voire violentes de l’administration Bush pour vaincre Al-Quaïda et, dans un certain sens, prendre sa revanche.
Homeland est littéralement hantée par les traumatismes du 11-Septembre : la première saison débute sur la traque d’un agent potentiellement radicalisé à l’Islam, l’organisation Al-Quaïda est directement citée comme les antagonistes de la série, les scènes d’attaques terroristes sont apocalyptiques et glaçantes, la culture de la peur et de la paranoïa créée par le gouvernement est omniprésente… Intelligente, moderne et cathartique, Homeland parviendra à s’imposer comme une cure contre la colère et le chagrin du 11-Septembre, tout en proposant une vision du Moyen-Orient progressiste qui dépoussière les clichés racistes traditionnels.
À voir sur Netflix.
Rescue Me (2004-2011)
Sans surprise, le genre des séries procedural, très populaire à la télévision américaine depuis des décennies, a été directement impacté par les attaques du 11-Septembre. L’une d’entre elles ne s’en cache même pas : Rescue Me, titrée Rescue Me : Les Héros du 11 septembre en France, qui suit une caserne de pompiers new-yorkaise au lendemain des attentats. Le personnage principal, Tommy Gavin, incarné par Denis Leary, participe à des discussions imaginaires avec les fantômes des victimes, ses proches la plupart du temps, inscrivant la série dans un cadre très méta et forcément cathartique.
Si Rescue Me suit à la lettre les codes traditionnels du procedural (un épisode, une affaire différente), une grande émotion s’en dégage. Entre deux interventions, alors que la pression a monté d’un cran après une telle attaque, le show s’immisce dans la vie personnelle des pompiers. Chacun gère à sa manière le traumatisme du 11-Septembre, où les conflits et les drames internes font parfaitement écho à la réalité. L’Amérique a voulu rendre hommage à ses héros en évitant de les glorifier outre-mesure, mais au contraire en respectant leurs craintes et leur fragilité.
Non diffusée en France pour le moment.
Person of Interest (2011-2016)
Avant de s’envoler dans un futur robotique mais loin d’être utopique avec Westworld, Jonathan Nolan s’était déjà essayé à l’exercice sériel avec Person of Interest. Une œuvre à la croisée du classicisme de Dick Wolf et de l’imaginaire fantastique de J. J. Abrams (d’ailleurs producteur exécutif de PoI), qui se veut une réponse rassurante au terrorisme. En vérité, le show décortique les atouts et faiblesses de la surveillance de masse dans un contexte paranoïaque : l’histoire suit un ex-agent de la CIA et un milliardaire de génie ayant inventé une machine capable de prédire… les attaques terroristes.
Avec son concept à la fois futuriste et réaliste dans un monde effrayé par une guerre invisible, Person of Interest parvient à capturer l’atmosphère d’une période trouble et incertaine pour les États-Unis. La série remet en questions le rôle et les véritables intentions du gouvernement par rapport à la lutte contre le terrorisme, puisque la machine du mystérieux Harold Finch finira par dévoiler une forme de corruption et d’abus politiques dans les hautes sphères. La patte emblématique du cinéma des frères Nolan était déjà présente dans Person of Interest : un divertissement solide couplé à une réflexion sociale et contemporaine qui interpelle.
À voir sur Salto.
Rubicon (2010)
Sûrement la moins connue de la liste, Rubicon est une série américaine diffusée en 2010 sur AMC (et OCS chez nous). Elle reprend le concept du thriller d’espionnage, en s’inspirant fortement du cinéma des années 1970, comme Les Trois Jours du Condor et À cause d’un assassinat. Si Rubicon introduit principalement un parallèle avec le scandale du Watergate et d’autres affaires du genre, son contexte social paranoïaque et de surveillance politique l’implante pleinement dans le monde d’après le 11-Septembre.
Les protagonistes de la série sont pour la plupart des analystes des services secrets américains, un métier qui découle directement des attaques terroristes de la décennie passée. Là encore, leur rôle est d’anticiper et de stopper de possibles attentats à venir, dans un monde qui mène désormais une guerre invisible. Si certaines œuvres de fiction explorent les origines, les traumatismes ou encore les répercussions du 11-Septembre sur les États-Unis, Rubicon est très clairement la réponse à l’offensive terroriste, le fameux fleuve mythique de l’époque romaine qu’il ne faut surtout pas franchir sous peine de ne pas pouvoir faire marche arrière.
Actuellement non diffusée en France.