Dopesick, la mini-série qui rend malade

Dopesick, la mini-série qui rend malade

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Par Marine Pérot

Publié le

La nouvelle série de Danny Strong met en garde contre le danger des opioïdes.

Depuis sa commercialisation en 1996, l’OxyContin est un médicament qui a engendré une vague d’addictions et de morts par overdose sans précédent aux États-Unis. Cet analgésique appartenant à la famille des opioïdes est le sujet principal de Dopesick, nouvelle mini-série de Danny Strong (cocréateur d’Empire) diffusée sur Disney+. Adaptée du livre Dopesick: Dealers, Doctors, and the Drug Company that Addicted America de Beth Macy, cette série examine comment le fabricant Purdue Pharma a mis en vente ce traitement, et ses conséquences sur la population américaine.

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Le challenge qu’a dû relever Danny Strong en voulant raconter l’histoire du fléau causé par Purdue Pharma et l’OxyContin a été de trouver une manière d’humaniser une affaire juridique très complexe. Dopesick aborde ainsi son vaste sujet sur plusieurs niveaux et en usant d’une chronologie éclatée.

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On a d’abord Richard Sackler, dont la famille est à la tête de Purdue Pharma, qui en 1996 décide de lancer un traitement contre la douleur afin de guérir la nation des maux les plus variés. De son côté, Bridget Meyer, agent de la DEA, prend conscience dès le lancement de l’OxyContin que quelque chose cloche avec ce médicament. Puis, en 2002, une équipe d’assistants du procureur en Virginie se penche, elle aussi, sur le problème et enquête sur cet opioïde dont l’étiquette affirme que le risque addictif est de moins de 1 %. L’intrigue de Dopesick est riche et repose sur ces divers personnages pour nous faire comprendre l’ampleur du problème. Le sujet est dense mais finement traité par Strong et son équipe, même s’il peut être un peu difficile de suivre la chronologie des événements dans les premiers épisodes.

Les victimes au premier plan

Au-delà de son casting cinq étoiles, avec un Michael Keaton en grande forme et un Michael Stuhlbarg qui fait froid dans le dos, l’une des forces de Dopesick, c’est de mettre en avant les victimes de l’OxyContin. Si la série fonctionne et peut avoir un véritable impact sur le public, c’est parce qu’elle met en parallèle les manigances scandaleuses de Purdue Pharma, les enquêteur·trice·s qui demandent des comptes aux responsables, mais surtout ceux et celles dont les vies ont été ravagées par cette drogue. Du docteur qui se laisse séduire par les promesses d’un commercial de Purdue, car il veut pouvoir soulager ses patient·e·s, à une jeune fille qui devient complètement accro à l’oxy suite à une blessure au dos, Dopesick explore toutes les facettes qui ont fait de la consommation excessive d’OxyContin une épidémie meurtrière aux États-Unis.

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Dopesick explore de bout en bout une histoire qui pousse les spectateur·ice·s à réfléchir. On ne peut s’empêcher d’être outrés par l’avarice flagrante d’un groupe pharmaceutique qui, sous couvert de vouloir guérir le monde de la douleur, a ruiné la vie de milliers de personnes.

De son écriture à sa réalisation en passant par le travail impeccable de sa distribution, Dopesick se révèle une vraie réussite. On peut cependant lui reprocher de faire un peu trop de va-et-vient dans sa chronologie, rendant la narration parfois difficile à suivre. De plus, la série cherche parfois à aborder trop de sujets à la fois au sein d’une intrigue déjà très fournie, tout en laissant de côté des aspects importants de la crise des opioïdes comme son impact sur les minorités. Ceci étant, ne serait-ce que pour mieux comprendre le problème lié à l’abus de stupéfiants chez l’Oncle Sam, cette mini-série est à ne pas manquer.

Dopesick est disponible sur Disney+ tous les mercredis, à raison d’un épisode par semaine.