Pourquoi les œuvres de Tamara de Lempicka reflètent si bien la Vierge

Pourquoi les œuvres de Tamara de Lempicka reflètent si bien la Vierge

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© Tamara de Lempicka/Collection privée

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

Une détermination à toute épreuve, une technique irréprochable et des thèmes contemporains : bienvenue dans l’univers de Tamara de Lempicka dont les œuvres illustrent la Vierge.

Chaque mois, notre rubrique “Artstrology” vous fait (re)découvrir des œuvres et artistes à la lumière d’un signe astrologique. Ce mois-ci, c’est au tour de la Vierge de passer sous notre loupe, à la lumière de l’œuvre et la biographie de Tamara de Lempicka.

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Un signe de terre

Tout comme le Capricorne et le Taureau, la Vierge est un signe de terre, élément du concret, de la persévérance et du réalisme. Des caractéristiques qui collent parfaitement à la carrière et à la personnalité de Tamara de Lempicka, peintre star de l’entre-deux-guerres.

Née Tamara Rozalia Gurwik-Górska en Pologne au tournant du XXe siècle, la petite fille manie bien jeune le pinceau, comme la plupart des enfants de sa (haute) classe sociale. Dès l’enfance, elle parcourt l’Europe avec sa grand-mère qui lui fait notamment découvrir les peintres de la Renaissance italienne, les courbes soignées de leurs corps peints, les froissements de leurs tissus sculptés, la symétrie géométrique et charmante des visages qu’ils représentent.

Tamara de Lempicka devant son chevalet. (© Bettmann/Getty Images)

Les règles de composition des “grands maîtres” influencent sa technique, qu’elle perfectionne à l’Académie de la Grande Chaumière, foyer historique de la vie artistique parisienne. Là-bas, elle suit notamment les préceptes du peintre et théoricien de l’art André Lhote, dont elle “hérite le souci de la composition, de la répartition virtuose des lignes, des volumes et des couleurs sur la toile, l’obsession de créer un tableau d’emblée attirant pour l’œil”, note Connaissance des Arts.

L’énergie, le dynamisme et l’audace de ses toiles coudoient ainsi un travail acharné du trait, des compositions, des couleurs (avec une gamme chromatique restreinte mais intense). Inspirée par l’art classique autant que par les mouvements modernes, notamment cubistes, elle développe un style unique, affirmant son désir de ne “jamais copier”.

Entre modernisme et maniérisme, elle devient une des figures phares de l’Art déco et des mouvements artistiques des Années folles. À l’image de la Vierge méthodique, travailleuse, à la poursuite d’un objectif, Tamara de Lempicka parvient à développer un style efficace, dans l’air du temps, rapidement populaire.

Tamara de Lempicka, Portrait de Marjorie Ferry, 1932. (© Christie’s)

Un signe représenté par… les intestins, le système digestif et la rate

La Vierge est liée au ventre, et plus précisément aux organes digestifs qui permettent l’assimilation des aliments. Douée d’une grande intelligence humaine et artistique, on peut avancer que Tamara de Lempicka digérait le monde qui l’entourait pour créer ses œuvres.

Ses portraits, élégants, audacieux, tout en subtilité définissent particulièrement bien la période de l’entre-deux-guerres et l’espoir, le faste, les volontés d’insouciance et de liberté des Années folles. Les femmes qui habitent nombre de ses tableaux appuient ses velléités d’indépendance, des sujets alors en bien tranquille expansion.

Tamara de Lempicka, Tamara en Bugatti verte, 1929. (© Collection privée)

Réceptive à l’art sous toutes ses formes, elle était notamment intéressée par la photographie et l’industrie cinématographique, sensible à la gloire hollywoodienne. Cela se ressent autant à travers la façon dont elle représentait physiquement ses modèles que la façon dont elle les cadrait. Nombre de critiques ont noté que ses compositions en gros plan rappelaient des plans de caméra et appuyaient la force de son female gaze : ce sont des femmes vues par une femme qui sont montrées.

Tamara de Lempicka photographiée par Ora en 1931. (© Brandstaetter Images/Getty Images)

Mais le ventre, foyer des angoisses et du contrôle, est également lié aux manifestations du stress. Et c’est peut-être un trop-plein de contrôle qui suscita la perte d’intérêt que son travail connut à la deuxième moitié de sa vie. En effet, si Tamara de Lempicka a rapidement saisi ce qui allait faire d’elle une star de la peinture, elle n’est pas parvenue à renouveler son style, à l’image de l’essoufflement que peut connaître la créativité de la Vierge.

Le site dédié à l’artiste note que, dans les années 1960, les critiques finirent par se montrer plutôt “indifférents” à ses œuvres, œuvres qui ne parvenaient vraisemblablement pas à rattraper l’engouement créé par l’avènement de l’expressionnisme abstrait.

Un signe mutable

Malgré son contrôle, sa droiture, sa précision et ses côtés pas toujours très drôles, la Vierge fait bizarrement partie des quatre signes mutables. Avec les signes du Gémeaux, du Sagittaire et du Poissons, la Vierge partage la caractéristique de clore une saison et de savoir se montrer adaptable – voire instable, diront les mauvaises langues.

Cette mutabilité se retrouve dans les thèmes privilégiés par Tamara de Lempicka autant que dans sa vie personnelle. Véritable mondaine, elle courait les événements parisiens et a peint nombre de personnalités phares du XXe siècle. Cette aisance en société lui a valu le surnom de “baronne au pinceau”.

Tamara de Lempicka en 1932. (©Imagno/Getty Images)

La peintre a donné une place importante aux femmes dans ses œuvres, et mieux encore, aux relations entre femmes. Mariée à 18 ans avec un homme et divorcée à 30, elle-même ne cachait pas sa bisexualité et ses relations avec des femmes, la chanteuse Suzy Solidor ou l’écrivaine Colette, par exemple.

Un signe déterminé, tourné vers la réussite

Issue d’un milieu aisé et mariée jeune, Tamara de Lempicka n’a pas attendu que l’argent tombe du Ciel ou de ses proches une fois devenue adulte. Arrivée à Paris à la fin de la Première Guerre mondiale, elle décida bien vite qu’elle vivrait de sa peinture. Elle suit des cours et perfectionne ses portraits grâce au modèle qu’elle a sous la main, sa petite fille Kizette, Marie-Christine de son vrai prénom.

Tamara de Lempicka : “La baronne au pinceau”, le 21 mars 1941. (© Bettmann/Getty Images)

Rapidement, elle expose en galeries et dans des salons, elle est capable de réaliser une vingtaine de peintures en quelques mois, rappelle l’Art History School. En mêlant des compositions efficaces, un classicisme inspiré des plus grand·e·s, un vent d’avant-garde contemporain et des thèmes résolument ouverts vers l’avenir, Tamara de Lempicka s’est assuré un succès imparable et une reconnaissance sincère.

Sa gloire rapide, la gestion de sa carrière, le fleurissement de son style si unique, reconnaissable et reconnu ainsi que l’affirmation de thèmes lui étant chers lui ont valu une place d’honneur dans l’histoire de l’art moderne et font d’elles une figure inspirante pour les artistes d’aujourd’hui. Vous l’aurez compris, ce qu’on essaie de vous dire, c’est que Tamara de Lempicka était un peu la Beyoncé du XXe siècle.