Il n’existe, bien heureusement, pas de définition pour dire d’une œuvre que c’est un chef-d’œuvre. Les seules cases à cocher concernent plutôt les émotions ressenties par le public, comme l’agréable impression, parfois, de se retrouver en immersion dans un autre espace-temps.
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Pour vivre avec d’autant plus d’intensité une partie de l’histoire de la peinture occidentale, nous vous proposons de découvrir les lieux réels qui ont inspiré les décors de chefs-d’œuvre des siècles derniers.
Crier comme Edvard Munch
Edvard Munch, ‘Le Cri’, 1893/1917. (© Musée national de l’art, de l’architecture et du design de Norvège/Nasjonalgalleriet, Oslo)
Pour profiter d’un bon bol d’air frais et d’angoisse existentielle (et surtout, pousser un bon cri libérateur), rendez-vous à Oslo, plus précisément du côté d’Ekeberg, au sud de la ville. Bien que réalisé à Nice en 1893, Le Cri a été pensé sur les hauteurs d’Ekeberg, depuis une route nommée Valhallveien surplombant la capitale norvégienne.
Pour l’atteindre, précise l’office de tourisme norvégien, “il vous faudra suivre un des nombreux chemins en friche, sinueux et escarpé partant à l’est de la vieille ville d’Oslo”. Finalement, le protagoniste du Cri ne subit peut-être pas le poids du monde sur ses épaules. Connaissant la randonnée qu’il vient de terminer, il est potentiellement seulement à bout de souffle, exténué.
Georgia O’Keeffe et la lumière du Nouveau-Mexique
Georgia O’Keeffe, ‘Patio et nuages’, 1956. (© Milwaukee Art Museum/Georgia O’Keeffe Museum & Artists Rights Society)
Originaire du Wisconsin, Georgia O’Keeffe a fini sa vie dans le Nouveau-Mexique, fascinée par la lumière éclatante du désert. En 1945, la peintre achète une deuxième demeure à Abiquiú, à quelques kilomètres seulement du Ghost Ranch qu’elle possédait déjà. Le centre Pompidou précise que Patio et nuages présente une mystérieuse porte se détachant sur un grand pan d’un mur de la cour qui attira son attention.
“Tandis que j’escaladais et que j’accédais dans la ruine, je pénétrais dans un patio ouvrant sur une très jolie maison et un seau pour aller chercher l’eau. C’était un patio de bonne taille avec une porte sur le côté. Ce mur avec une porte avait quelque chose que je me devais d’avoir”, expliquait-elle alors.
L’intérêt mystique qu’exerça la porte sur Georgia O’Keeffe se révéla dans nombre de ses travaux. Un rectangle noir s’y détache sur des formes planes et rectilignes où le travail de lumière de la peintre permet tout un jeu de perspectives captivant.
Vivre la nuit avec Vincent van Gogh
Vincent van Gogh, ‘Terrasse du café le soir’, 1888. (© Musée Kröller-Müller)
En 1888, Vincent van Gogh s’installait au 30 rue de la Cavalerie, à Arles. Alors inconnu et sans le sou, le peintre néerlandais respire et s’inspire de la ville, ses pavés, ses lumières nocturnes et du scintillement du Rhône. Avant de se retrouver “de nouveau enfermé à l’hôpital” en mars 1889, Van Gogh profite de la vieille ville et du bourdonnement de la célèbre place du Forum où s’agglutinent cafés, restaurants et hôtels.
Sa Terrasse du café le soir montre des motifs fétiches du peintre, un ciel étoilé qui contraste avec le jaune vif de l’établissement, des pavés qui reflètent les lumières du soir et d’élégantes silhouettes plus ou moins en perdition. Aujourd’hui, sur la place du Forum, le café jaune joue bien sûr de cette référence et se nomme “Café Van Gogh”.
Les Yvelines familiales de Berthe Morisot
Berthe Morisot, ‘Cache-cache’, 1873. (© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/Patrice Schmidt)
Cofondatrice du mouvement impressionniste, Berthe Morisot ajouta un peu de poésie à un petit village des Yvelines, alors habité par seulement 400 personnes, dans son tableau Cache-cache. Si la peintre se rendait régulièrement à Maurecourt, c’était pour rendre visite à sa grande sœur Edma.
Il semble que le morceau de campagne apportait calme et sérénité à l’artiste native de Paris qui s’épanouissait à la capitale auprès de ses contemporains – Pierre-Auguste Renoir, Édouard Manet ou encore Edgar Degas.
Cadre bucolique avec Paul Cézanne
Paul Cézanne, ‘La Montagne Sainte-Victoire’, 1897. (© Courtauld Institute of Art, Londres)
La Sainte-Victoire en été, en hiver, vue depuis Gardanne ou Bellevue : la montagne a été peinte sous toutes ses coutures par Paul Cézanne qui a réalisé une soixantaine de tableaux la représentant. Visible depuis les routes longeant l’est d’Aix-en-Provence, il est évidemment possible de l’escalader et d’y randonner.
Portant bien son nom, la majestueuse montagne est dotée d’une aura supplémentaire depuis qu’elle est devenue la muse d’un des plus célèbres peintres du XIXe siècle. Difficile de passer à côté sans visualiser les œuvres de Paul Cézanne ou de ressentir son regard amoureux.