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On vous a demandé quelle œuvre d’art décrivait le mieux votre (chaotique) année 2022

On vous a demandé quelle œuvre d’art décrivait le mieux votre (chaotique) année 2022

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© Artemisia Gentileschi/Galerie des Offices

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Le Cri, Depression, les tableaux aspergés, le noir de Soulages… Comme l’an dernier, la joie n’était pas à tous les étages en 2022.

Ce fut une année chaotique, très chaotique, pour les personnes qui ont répondu à la question que nous avons posée en début d’année : “Quelle œuvre d’art représente le mieux votre année 2022 ?” Voilà deux années passées en un clin d’œil, marquées par la pandémie, la guerre en Ukraine, la crise énergétique, la réforme des retraites, le changement de prénom du petit dernier de Kylie Jenner, la fonte de nouveaux glaciers, les injustices sociales, le racisme, la transphobie, et vous n’êtes toujours pas plus heureux·ses. Faisons le point ensemble.

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Évidemment, Le Cri d’Edvard Munch, rempli d’angoisse et de folie existentielle, a été l’œuvre la plus citée, comme chaque année. On pourrait même dire qu’à ce stade, cette œuvre est le cri de notre génération d’emos post-Internet. L’un d’entre vous a mentionné La Vénus de Milo d’Alexandros d’Antioche parce qu’il a été “obligé de vendre [ses] deux bras pour payer les hausses énergétiques”. Avec humour, on a aussi reçu pour réponse un “bronze coulé par mes soins”. Merci.

Edvard Munch, Le Cri, 1893. (© Nasjonalgalleriet, Oslo)

Toujours sur une note très positive, d’autres ont partagé en masse n’importe quel tableau noir de Pierre Soulages, décédé en octobre 2022. Sans surprise, Guernica de Pablo Picasso fait partie des œuvres les plus évoquées dans les commentaires, aux côtés du Cri. L’heure est à la dénonciation politique.

Plus léger, un internaute nous a envoyé la Fontaine de Marcel Duchamp, cet urinoir provocateur qui fut la risée du monde de l’art contemporain. Vous êtes sassy. Dans le genre candide, une lectrice nous a partagé Les Nymphéas de Claude Monet, parce qu’elle est “devenue jardinière” en 2022. Avec plaisir pour recevoir un bouquet de tournesols.

© Just Stop Oil/Damien Gayle/Twitter

En parlant de tournesols, l’année fut marquée par l’engagement écologique des aspergeur·se·s de tableaux, ou par l’incompréhension la plus totale face à cette tragédie qu’est l’inévitable réchauffement climatique qui nous accable tous·tes. Pour certain·e·s, 2022 fut un grand vide, une année sans événement, pâle, à l’image du “Monochrome de Whiteman”. Pour d’autres, qui ont cité les peintures abstraites de Mark Rothko, ce fut “une année de flou artistique”. On espère que 2023 vous apportera une vision plus nette de votre avenir dans ce monde qui court à sa perte.

La Persistance de la mémoire de Salvador Dalí a été évoquée pour “cette sensation que le temps coule inexorablement”… C’est bien vrai, mais carpe diem, YOLO, memento mori, tu connais. Les peintures d’Edward Hopper ont aussi été citées et reflètent probablement votre sempiternelle solitude de cas contact en télétravail dans votre chambre de coloc.

Gustav Klimt, Mother and Child, 1906-1908. (© Albertina Museum)

Le Tree de Paul McCarthy, en forme de plug anal, sous-entend que 2022 vous l’a mis dans le c*l, tandis qu’Anal Kiss de Wim Delvoye révèle littéralement un trou de balle à 2022. Les Raboteurs de parquet de Gustave Caillebotte se passe de mots, selon l’internaute qui nous l’a soumis : “Rester juste solidaires face à autrui.” Mystérieux, mais on aime bien.

On a aussi eu le droit à une œuvre engagée, probablement d’une personne qui a connu un éveil écologique en 2022 : l’installation en forme de banquise “d’Olafur Eliasson dans le cadre de la COP21”. On peut également féliciter les nouveaux parents qui ont répondu par un tableau de Gustav Klimt, Mother and Child, une femme serrant un bébé contre sa poitrine.

Artemisia Gentileschi, Judith décapitant Holopherne, 1614-1620. (© Galerie des Offices)

Pour nombre d’entre vous, ça n’allait pas, mais alors pas du tout, en 2022. Côté apocalypse et violence, tenez-vous prêt·e·s, on a eu le droit à un florilège angoissant : Le Radeau de La Méduse de Théodore Géricault ; Douleur de Françoise Dugourd-Caput ; la Tenture de l’Apocalypse d’Hennequin de Bruges et Nicolas Bataille ; Le Désespéré de Gustave Courbet ; Judith décapitant Holopherne d’Artemisia Gentileschi ; et Depression de Katerina Apostolakou. D’autres ont même voulu inventer une peinture du Titanic “qui se prend l’iceberg en pleine face ?!!” pour annoncer le “début d’un désastre”. Désolées, à notre connaissance, cette peinture n’existe pas, mais il faudrait l’inventer.

Frida Kahlo a eu le droit à une place privilégiée dans vos réponses, avec Diego y yo, un triste autoportrait sur lequel son ex-mari Diego Rivera apparaît sur son front, et La Colonne brisée. On pense que votre année a été marquée par une rupture et une maladie grave.

On va finir sur une bonne note, sur une pointe d’espoir. On remercie la personne qui a partagé Impression, soleil levant de Claude Monet. Une belle personne. On aura besoin de cet optimisme pour 2023.

Claude Monet, Impression, soleil levant, 1872-1872. (© Musée Marmottan Monet)