Naomi Campbell raconte le racisme vécu lors d’une séance photo pour Vogue

Naomi Campbell raconte le racisme vécu lors d’une séance photo pour Vogue

Image :

© Wikipedia Commons

photo de profil

Par Lise Lanot

Publié le

Naomi Campbell a confié avoir pleuré en découvrant son visage en couverture du "Vogue" italien.

En 1988, la toute jeune Naomi Campbell posait pour sa première couverture du Vogue italien. Honorée d’être choisie pour cette grande publication, la mannequin a récemment révélé que l’excitation s’était vite transformée en déception lorsqu’elle a vu la teinte de sa peau sur la photo.

À voir aussi sur Konbini

Dans un entretien accordé à la BBC, elle raconte que lors de son arrivée, le maquilleur s’est exclamé, surpris, ne pas avoir été prévenu que la mannequin était noire. Sans fond de teint approprié à la carnation de Naomi Campbell, il a entrepris d’en mélanger plusieurs, jusqu’à lui donner cet air grisâtre.

Naomi Campbell en couverture de <em>“Vogue Italie”</em>, à 18 ans, vers 1988.

La super-modèle confie avoir pleuré en voyant son visage imprimé sur le magazine, un événement révélateur d’un système raciste, longtemps tu dans le monde de la mode. Cela signifie qu’on fait ressentir aux modèles qui ne sont pas blanches que leur couleur n’est pas “la norme”. Aucun effort n’est fait pour travailler en fonction de leurs caractéristiques physiques, si ce n’est de les contourner, comme si ces derniers n’existaient pas.

Ouvrir la parole et les représentations

Naomi Campbell raconte que cet incident est loin d’être isolé et qu’elle a souffert de racisme depuis l’enfance et pendant toute sa carrière :

“J’ai vécu le racisme à l’école, je l’ai géré. J’ai été élevée de façon à être fière de la couleur de ma peau. Là où je me suis rendu compte qu’il fallait que je me batte, c’est au début de ma carrière, quand de nombreuses personnes voulaient m’habiller en servante ou me caser dans des stéréotypes, me faire porter des dreadlocks. Tout le monde n’était pas comme ça, mais souvent j’ai dû me faire entendre et dire : ‘Non, je ne m’habillerai pas comme ça, je ne suis pas un cliché à accessoiriser.’.

Selon elle, c’est simplement parce qu’elle s’exprimait et osait souligner ces injustices qu’elle a souvent été qualifiée comme étant “difficile” : “Je ne me suis jamais sentie dérangée par le fait qu’on m’étiquette parce que je l’ouvrais. Pendant que mes collègues blanches étaient représentées de façon glamour, l’air sublime, dans les magazines ; pourquoi je devais être stéréotypée ? Je ne pouvais pas rester silencieuse.”

Naomi Campbell rappelle à quel point le racisme est ancré dans le milieu de la mode. Ces problématiques dépassent la sphère de la haute couture : la façon dont on choisit de montrer ou d’exclure certaines personnes façonne la société et opacifie les champs des possibles pour certain·e·s. Le fait que Naomi Campbell se soit fait entendre sur les plateaux photo de l’époque était important et il est d’autant plus nécessaire que les paroles se libèrent aujourd’hui, afin que les choses changent.

À lire également -> Comment la photographie de mode a accompagné l’activisme afro-américain