Quand des insectes envahissent des photographies : les séries fourmillantes de Talia Greene

Quand des insectes envahissent des photographies : les séries fourmillantes de Talia Greene

Si certains peignent leurs négatifs ou réalisent des collages, l’artiste Talia Greene préfère mélanger photographies et insectes !

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Nous vous parlions récemment du photographe qui allait vous réconcilier avec la moisissure, cette fois-ci c’est le travail d’une artiste qui nous a tapé dans l’œil et il concerne les insectes. En effet, l’Américaine Talia Greene, originaire d’Oakland (Californie), s’intéresse de près à la relation ambivalente qu’entretiennent les humains avec le milieu naturel. Par exemple : comment se fait-il que beaucoup aient peur des insectes, alors que ceux-ci sont pour la plupart inoffensifs et surtout indispensables à notre survie ?

Pour explorer au mieux ce rapport, l’artiste réalise des œuvres multimédias, dont certaines mixent photo et insectes. Si chacun de ses travaux porte un message différent, ils ont tous ces bestioles pour point commun. À travers sa série Honey Bee, Talia Greene cherche à contrer la connotation menaçante que peuvent avoir les abeilles, en les photographiant de très près, à la manière de portraits intimes. D’un seul coup, ces insectes semblent vulnérables, le spectateur éprouve donc de l’empathie et peut avoir envie de prendre soin de ces espèces si essentielles à la survie de l’environnement.

Des insectes pour porter un propos

Pour sa série Coiffed, Talia Greene pose des insectes sur de vieilles photos : l’artiste construit des barbes et des coiffures extravagantes aux modèles, pour aborder la question de notre rapport au corps. Avec cette exagération ludique, l’artiste nous parle de notre besoin de contrôler notre enveloppe corporelle et notre apparence. Les insectes s’emparent des coupes de cheveux, évoluent, forment des essaims de plus en plus abondants. Ces images ont pour vocation de nous rappeler que même lorsque l’on essaie de soumettre la nature à notre volonté, ces êtres vivants nous imposent leur ordre propre.

Enfin, dans Colony, l’artiste a transformé des portraits de colons du XIXe siècle en collant des mouches directement sur les images. Les insectes dissimulent le corps d’une belle jeune femme ou enterrent un homme sous sa propre barbe. Ici, les insectes jouent le rôle d’envahisseurs pour dénoncer la colonisation.

Pour Talia Greene, les insectes sont donc une sorte de matière, un moyen d’exprimer un propos, de mettre en lumière un discours. Si, dans un premier temps, on peut se demander s’il n’est pas étrange d’utiliser des êtres vivants comme matière première d’une œuvre, nous pouvons nous rappeler qu’après tout, Nick Veasey nous expliquait récemment que les humains peuvent léguer leur corps à l’art, alors pourquoi pas les insectes ?

Vous pouvez retrouvez le travail de Talia Greene sur son site personnel.