Le photographe anglais Nick Veasey réalise des photos aux rayons X. Un procédé passionnant mais particulièrement dangereux pour l’artiste.
À voir aussi sur Konbini
Passionné de photographie depuis son adolescence, Nick Veasey a réussi à vivre de sa passion en devenant photographe professionnel à l’âge de 30 ans. Durant plus de dix ans, le photographe anglais a travaillé dans le secteur de la publicité, réalisant des images commerciales relativement conventionnelles.
Toutefois, alors qu’il réalisait une commande pour la télévision – il devait radiographier une cannette de soda –, le photographe a découvert la technique de captation par rayons X. Fasciné par le dispositif, il s’est amusé à immortaliser ses chaussures. Cette expérience s’est transformée en véritable déclic artistique, puisque Nick Veasey a ensuite décidé de consacrer le reste de sa carrière à la photographie par rayons X.
Des radiations mortelles
Depuis cette première approche, Nick Veasey s’est véritablement équipé : lui et son équipe travaillent au sein d’un ancien poste d’espionnage, acheté à l’armée et à présent reconverti en studio. Ce lieu datant de la Guerre froide est situé au milieu d’un champ dans la région du Kent, au sud de l’Angleterre. Si l’artiste a décidé de s’isoler, c’est tout simplement parce que les rayons X qu’il utilise propagent des radiations potentiellement mortelles : “C’est une question de santé, on est rarement content d’avoir une machine à rayons X près de chez soi”, explique l’artiste.
En effet, pour réaliser ces images, l’appareil d’imagerie de Nick Veasey peut aller jusqu’à 200 000 volts et émettre des rayons X sur une durée de 20 minutes. Face à de tels risques, le photographe a décidé de prendre de nombreuses précautions, en installant toutes les protections nécessaires – les murs du studio ont par exemple été recouverts de blocs de 10 centimètres d’épaisseur et le sol est fait d’un béton haute densité.
Ce danger dû à l’exposition aux radiations oblige le photographe à mettre en images uniquement des sujets inanimés. L’artiste photographie donc régulièrement des objets, mais utilise aussi des squelettes ou encore des corps de personnes décédées. Une pratique étonnante mais visiblement courante, comme l’explique l’artiste : “Les gens font don de leur corps à la science ou à l’art. Et quand c’est le cas, je suis sur la liste d’attente.”
À la frontière entre l’art et la science
Avec ce matériel d’imagerie radiographique, Nick Veasey réalise des images à la frontière entre l’art et la science. Ses images révèlent des objets du quotidien dans les moindres détails, transformant des éléments ordinaires en images fascinantes. Il tente de montrer ce qui est d’habitude invisible et caché et nous plonge au cœur des choses.
Les spectateurs découvrent une nouvelle perception du réel et les éléments de leur quotidien sous une nouvelle forme. En exposant l’intérieur de matières solides et opaques, l’artiste transforme la réalité et la masse devient soudainement poésie. Bien que son procédé soit extrêmement contrôlé, il travaille en faisant de nombreux essais :
“J’expérimente, encore et encore. J’essaie des expositions, des distances et des films différents, comme n’importe quel photographe. Un photographe classique utiliserait différents objectifs, différents supports ou différents réglages de sensibilité ISO. J’expérimente, comme tout le monde. J’essaie d’obtenir la meilleure photo possible.”
D’ailleurs, plus que le résultat final, l’artiste explique que c’est surtout le cheminement pour réussir ses images qui l’intéresse. Ne reculant devant rien, il a déjà réalisé des photographies au rayon X de nombreux sujets différents, allant de la petite fleur au bus rempli de passagers en passant par un Boeing 777 à taille réelle. Voilà quelqu’un qui, définitivement, n’a pas peur de sortir de sa zone de confort.
Vous pouvez retrouver le travail de Nick Veasey sur son site personnel, l’artiste est représenté par la galerie M.A.D Gallery de Genève.