Hipstamatic a mis à jour son application mobile avec un effet ferrotype.
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Images créées grâce à la deuxième version de TinType. (Via le blog de Ryan Dorshorst)
Les tendances, même celles en rapport avec l’art et la création, sont souvent cycliques. Ainsi, depuis les vagues d’innovations apportées par ce qu’on appelle souvent la “révolution numérique”, les concepteurs et conceptrices de smartphones orientent de plus en plus leurs produits vers l’image et bon nombre d’applications permettent à toujours plus de personne de s’essayer à la création photo.
Assez naturellement, cette ère du tout numérique a fini par désintéresser une partie des aficionados de la photo. De nombreux artistes se tournent vers des pratiques ou des résultats au goût vintage – certains utilisent le plus vieux Polaroid du monde quand d’autres prennent des instantanés à l’effet vieilli depuis un drone.
Des artistes reviennent même à des techniques particulièrement anciennes, tel que le ferrotype. Comme nous vous l’expliquions fin 2016, le ferrotype est une invention vieille de bientôt deux siècles :
“Il s’agit d’une fine plaque de métal couverte d’un vernis noir et d’une émulsion de collodion (de la nitrocellulose dissoute dans un mélange d’éther et d’alcool, soit liquide soit sec), qui produisait une image positive directement après avoir été exposée à la lumière. La photographie est capturée avec une chambre photographique.
Pour parfaire le processus, la photo est sensibilisée dans une solution de nitrate d’argent. La plaque est ensuite développée dans un bain chimique puis rincée à l’eau dès l’apparition de l’image. L’image est fixée, rincée, et parfois rehaussée de couleurs avec des pigments avant d’être vernie.”
Un mélange de perfection et de dégradation, créé de façon numérique
Ryan Dorshorst, le fondateur de l’entreprise dédiée à la photo Hipstamatic, se dit fasciné par “l’obsédante beauté” des techniques photo anciennes, à l’instar du ferrotype, du daguerréotype ou de l’ambrotype. C’est sans doute pourquoi, en 2012, ses équipes ont mis au point la première version de TinType, une application permettant de répliquer les effets de ces techniques si particulières.
Pour rappel, le ferrotype produit un résultat tout à fait unique, combinaison de la matière première, le métal, et du procédé très délicat : “Les ferrotypes ressemblent à des images ‘brûlées’ mais avec une netteté irréprochable qui perdure. Ils sont reconnaissables à leurs diverses altérations, comme la déformation du métal ou l’apparition de rouille entre la plaque et l’image. L’altération de l’image peut aussi faire apparaître des soulèvements et des écailles.” C’est ce mélange de perfection du grain et de détérioration de l’objet qui rend ce procédé particulièrement fascinant.
PetaPixel rapporte qu’Hipstamatic a récemment optimisé TinType, en s’adaptant au mode “Portrait” de certains smartphones, afin de donner davantage de profondeur de champ aux portraits. Tandis que la première version floutait les éléments du visage plus ou moins à l’aveugle (en floutant à peu près tout sauf les yeux et la bouche), la deuxième version s’appuie sur des données qui indiquent “à quelle distance se trouve chaque pixel de l’image par rapport à l’objectif”.
Cela donne un résultat authentique et singulier, tout en conservant un aspect très net au niveau des yeux et de la partie supérieure du visage tandis que le nez et l’arrière-plan semblent plus flous. L’effet ferrotype est ainsi davantage visible, et ce simplement depuis un clic sur nos mobiles.
À gauche : la première version de TinType (2012) qui floute tout sauf les yeux et la bouche du modèle, comme si on avait flouté tout ce qui se trouvait hors d’un hypothétique masque en forme de donut. À droite : la deuxième version de TinType depuis le mode Portrait (2018). (Via le blog de Ryan Dorshorst)
TinType est disponible sur l’App Store.